Dans l'atelier [PV Archibald]

(Archi est pas invisible en immatériel, rappelle toi, on voit sa silhouette.)

Archi, les yeux toujours fixés sur le plafond blanc, entendit la paire de ciseaux tomber au sol. Ce qui signifiait qu'Arthur était désarmé. Il soupira, et tenta de rematérialiser son corps.

Il eut un peu de mal et son image clignota comme une télé mal réglée. Il fit un effort qui lui coûta ses dernières réserves d'énergie. Comme si chasser le vilain démon en lui avait consumé toute l'énergie qu'il avait mis en réserve pour s'occuper d'Arthur... S'occuper d'Arthur... ça paraisssait si loin cette histoire de mannequinat, il ne voudrait sans doute plus jamais lui adresser la parole après ça... Comment lui dire, que lui dire, comment expliquer ces débordements? Il n'y avait rien qui pouvait le justifier.
Il posa ses deux mains sur le sol. Enfin, il les laissa tomber en espérant que ses bras le soutiennent. Il jeta un oeil à Arthur qui tremblait de tout ses membres, visiblement aussi effrayé par lui même que par son démon de maître.
Il respira de manière saccadée un moment, comme s'il venait de courir un 100m.

"Arthur?" côassa-t-il entre deux souffles de yack neurasthénique des grandes plaines.

(oui je me souviens, c'est juste que dans l'état où il est, Arthur distingue mal Archibald ^^)

L'homme tentait de maîtriser ses tremblements. Il n'avait plus été dans un tel état depuis qu'il avait tué son père. Certes, cette fois-ci, il n'était pas allé jusqu'au bout mais l'état d'esprit dans lequel il s'était retrouvé était trop proche de celui dans lequel il avait été cette fameuse nuit pour ne pas l'atteindre. Bien qu'il se soit toujours dit qu'il n'avait pas eu le choix en tuant Zord et qu'il n'avait fait que venger sa mère, il avait été trop pétri des bonnes morales de sa mère pour ne pas en être affecté. Si jusqu'à aujourd'hui il s'était plutôt bien arrangé avec sa conscience, le geste qu'il avait eu envers Archibald l'avait réveillée.

Il vit à peine le démon reprendre complètement consistance et sursauta en l'entendant l'appeler. Il le dévisagea de ses grands yeux dorés, comme s'il le voyait pour la première fois. Néanmoins, il finit par reprendre peu à peu ses esprits et avec ceux-ci, il prit pleinement conscience de la situation et de ce qui venait de se passer. S'il pouvait se reprocher ce qu'il avait eu l'intention de faire, il n'en oubliait pas moins ce qu'Archibald avait tenté également de faire. S'accrochant à sa colère pour se sortir de son état de mal-être profond, il reprit peu à peu ses forces.

Il n'était pas encore en mesure de se lever pour quitter la pièce et préféra rester assis le temps de les recouvrer complètement.

"Je le savais." fit-il sur un ton amer et plein de reproches.

"Vous êtes comme tous les autres démons. Pervers et déments... Vous vous dites mieux qu'eux mais vous êtes à mettre dans le même sac." siffla-t-il.

Archi soupira en entendant Arthur râler une énième fois sur le même sujet. Bon ceci dit sur ce coup là c'était le démon qui était en tort et l'humain qui était dans le vrai. Mais comment lui prouver qu'il n'avait jamais voulu cela et que c'était la première fois qu'une telle chose se produisait? Il ne le croirait sûrement pas.

"Je ne te permet pas." dit-il d'un ton dur.

"J'ai travaillé toute ma vie à refouler mes côtés démoniaques, à n'être que justesse et gentillesse. Crois le ou non, c'est la première fois qu'une chose pareille arrive, je peux te le jurer." gronda-t-il.

Il se reposa un court instant, le temps de reprendre son souffle. Faire une phrase aussi longue dans l'état où il était l'avait épuisé, et il fixa le sol un moment, le souffle court. Puis il reprit, en relevant la tête vers Arthur:

"Jusqu'à présent ça... ça ne m'était jamais arrivé." balbutia-t-il plus pour lui que pour Arthur.

"J'ignore pourquoi... Comment... Je ne comprends plus rien." soupira-t-il en se hissant près d'une table pour s'y adosser, les fesses toujours par terre.

Arthur ne broncha pas même s'il aurait eu deux ou trois remarques à faire. Il laissa le temps à Archibald de s'exprimer. Il allait enfin réagir quand le visible trouble qui s'empara du démon le surprit. Il avait l'air sincère dans son embarras, même si Arthur avait du mal à lui faire confiance après ce qui venait de se passer.

"Vraiment ?" fit-il d'un ton plus brusque qu'il ne l'aurait voulu.

Il fronça dangereusement les sourcils. Malgré l'apparente faiblesse d'Archibald, il n'avait nullement l'intention d'avoir pitié de lui. Pas après ce qui s'était passé et alors même qu'il n'avait eu droit à aucune excuse de la part du démon.

"Ca ne vous est jamais arrivé ?... Ca veut dire quoi ça ? Qu'est-ce qui est différent aujourd'hui ?" demanda-t-il toujours sur le même ton.

Il était tellement en colère contre Archibald qu'il était incapable de comprendre ce qui, pourtant, semblait évident...

Archi leva les yeux au ciel. Avait-il l'air d'un troll des cavernes qui massacrait tout ce qui lui passait à portée de main? Bon sang, ces crétins d'humains ne savaient pas ce que c'était de lutter contre sa race, contre son essence même, et le travail que cela demandait. Mais inutile d'en parler à cette tête de bois, il n'y comprendrait pas un mot.
Par contre, ce qui était différent... Autant... Broder un peu avant d'attaquer le vif du sujet, ou Arthur tenterait encore de lui sectionner la carotide.

"Tu n'as pas idée de ce contre quoi j'ai du lutter pour être quelqu'un de bien, pour être un démon hors norme." siffla-t-il.

Même dans les explications sommaires, la modestie n'était pas vraiment de mise avec Archi mais bon.

"Ce qui change c'est que..." vite, vite une idée une idééééée! *tilt* "Je n'ai jamais eu de soumis. J'estimais que c'était bon pour les parvenus, pour les gens qui assumaient leur statut de maître." dit il précipitamment, content d'avoir trouvé l'idée qui évite de lui dire... Le fond des choses.

Pourvu qu'Arthur ne remarque pas que tout avait basculé alors qu'il s'était présenté en caleçon...

Arthur avait du mal à comprendre ce par quoi Archibald était passé. Si lui-même redoutait certains aspects de sa personnalité, il ne se considérait pas comme un être mauvais en son for intérieur. De plus, il avait encore plus de mal à faire confiance à Archibald en sachant que sa véritable nature, sa nature profonde, était celle d'un démon dans toute sa splendeur. Pourtant, il avait lutté contre sa nature, rejetant les codes de son espèce alors qu'il aurait été plus simple pour lui de les accepter et de vivre avec.

Partagé, Arthur ne réagit pas à ses propos mais attendit qu'il réponde clairement à sa question. La réponse qui lui donna lui sembla bancale.

"Mais si c'est le fait d'acquérir un soumis qui vous a mis dans un tel état, pourquoi est-ce que ça vous est arrivé seulement aujourd'hui et maintenant ?..." remarqua-t-il, non sans raison.

Et puis, comme si son cerveau s'était enfin mis à complètement fonctionner, ses yeux s'arrondirent de stupeur et bizarrement ses forces revinrent d'un coup. Se redressant de toute sa taille, il pointait son index vers Archibald d'un air choqué.

"C-c-c-'est..." bégaya-t-il.

Mais dire tout haut ce qu'il pensait comportait trop de risques pour lui. Pour quoi allait-il passer s'il se mettait à imaginer que le fait d'être à moitié nu devant lui pouvait provoquer de telle réaction chez Archibald ? Ne démontrerait-il pas à quel point il avait également un esprit retors ? Allez savoir ce qu'un démon aurait pu croire si Arthur avait émis cette hypothèse ! Il préféra donc garder sa terrifiante hypothèse pour lui.

"C'est... compréhensible." s'entendit-il dire en masquant le tout sous une petite toux.

"Je vais me rhabiller." conclut-il à voix basse en se dirigeant vers ses affaires, se demandant s'il n'était pas en train de devenir fou.

Archi sentit la petite lueur d'alerte rouge qui scintillait dans son esprit prendre la forme d'un énorme gyrophare et tourner en émettant une lumière perçante et limite aveuglante. Ce petit crétin venait de faire le lien qu'Archi s'efforçait de cacher depuis quelques semaines déjà, et partait se rhabiller. Merci, ok, il passait donc pour un parfait pervers, qu'il... Etait un peu sur le coup mais quand même, dans la bouche d'Arthur, ça paraissait être l'ignominie la plus parfaite.

Que faire? Opter pour la panique? Le ton indigné que son soumis puisse le prendre pour un... Hein? Le ton colérique? La télékinésie pour le stopper? Hrm, non, après la démonstration précédente, les deux dernières solutions auraient aggravé les choses plus qu'ils ne les auraient détendues. Il opta pour un ton en continuité avec ce qui se passait jusqu'à maintenant, le mi-indigné, mi-fatigué, las qu'il puisse être toujours aussi buté.
C'était un bon plan.

"Je t'en prie." dit-il donc d'une voix lasse.

"A quoi tu joues là?"

Ouais, bon compromis avec le faux effet de surprise et la question. Bien joué Archi, comme toujours! \o/

Arthur était toujours troublé par ce qu'il croyait avoir deviné. Arrivé près de ses affaires, il saisissait son pantalon quand Archibald lui demanda à quoi il jouait. Il fut pris de court par la question et le regarda sans comprendre, tenant son pantalon à l'envers.

"Mais je joue à rien." répondit-il en bafouillant légèrement.

Il enfila son pantalon sans s'apercevoir qu'il se trompait de sens. De quoi est-ce qu'Archibald parlait de toute manière ?

"De quoi vous parlez ?" demanda-t-il, réalisant qu'il avait répondu sans réfléchir.

Il essaya de boutonner son pantalon mais ne rencontra que le tissu. Baissant les yeux, il s'aperçut de son erreur et piqua légèrement un fard en rabaissant son pantalon pour le mettre dans le bon sens.

Archi se retint de faire une réflexion quand Arthur enfila son pantalon à l'envers. Il eut un petit sourire malgré lui, malgré la situation. Il sentit ses forces lui revenir un peu. L'avantage d'être un démon, c'était qu'on reprenait des forces bien plus rapidement après un gros choc. Ou après une bagarre. Ou après s'être pris la tête dans les toilettes, s'être retrouvé pendu par les pieds pendant toute une nuit, ou après avoir essuyé plusieurs tentatives de noyade... Bref, autant de souvenirs qui ne laissaient pas une marque très positive dans le cerveau du démon.
Bref, autant reprendre la conversation, en faisant mine de savoir de quoi il parlait.

"Toi, de quoi tu parles, c'est quoi ces accusations infondées?!" dit-il d'un ton qui se voulait sévère.

Il se releva, et tituba un peu. Les mains posées sur la table, il déverrouilla la porte par kinésie, et envoya le petit paquet de café faire une balade dans l'étage inférieur. Il referma la porte et garda les yeux fermés un moment, le temps de guider le petit paquet vers sa destinée torréfiée.

"Il semblerait que nous en ayons besoin plus tôt que prévu." gromella-t-il en tentant de faire marcher la cafetière à distance.

Cette fois-ci, Arthur s'assura bien qu'il mettait le pantalon dans le bon sens avant de l'enfiler. Il le boutonna et attrapa sa chemise qu'il passa. Mais alors qu'il boutonnait Paris avec Metz (hihi^^), il fut interloqué par la question d'Archibald. Pour le coup, il lui adressa le regard digne d'un jeune bovin. Lui ? Des accusations ? Il fit remonter ses souvenirs jusqu'aux dernières paroles qu'il avait prononcées mais ne les retrouva pas.

"Je n'ai porté aucune accusation !" se récria-t-il en terminant de boutonner sa chemise.

Mais en arrivant au bout, il perdit patience :"Mais c'est quoi le problème avec ces habits !!? Z'ont décidé de me pourrir la vie ou quoi ?!"

Puis, à bout de nerf, il fronça les sourcils et pointa Archibald de l'index.

"Vous essayez de m'embrouiller l'esprit, je le vois bien ! Si vous croyez que c'est comme ça que vous allez retourner la situation pour finir par dire que tout a commencé par ma faute, je vous préviens, ça ne marchera pas !"

Oui, Arthur débloquait légèrement mais il ne savait plus où il en était.

Archi poussa un autre soupir. Il rouvrit les yeux, et quelque part en bas, la cafetière se mit à fonctionner. Une bonne chose de faite. Maintenant réparer ses âneries c'était une autre histoire. Pourquoi n'était-il pas né plumeau? C'eut été tellement plus simple! Encore que... Des tordus y en avait de tous les bords, chez les maîtres.

"Tu as insinué des choses désagréables." dit Archi plein de dignité.

Ses forces commençaient à lui revenir et il se mit debout sans avoir besoin de se tenir à quoi que ce soit. Il aurait voulu tenter une incursion en terre Arthurienne, marcher vers lui pour lui prouver qu'il n'était plus dangereux etc... Mais mieux valait doser avec sagesse tout prochain rapport de proximité.

"Et en plus tu manifestes une certaine volonté de ne plus travailler." dit il du ton de celui qui était raisonnable.

Les poings sur les hanches, il se voulait impressionnant.

Arthur ouvrit des yeux grands comme des soucoupes. Avait-il insinué quelque chose ? Mais non ! Bien au contraire, il s'était abstenu de tout commentaire et avait préféré jouer à plus abruti qu'il n'était réellement pour éviter de se retrouver dans une situation embarrassante. Mais voilà qu'Archibald l'y plongeait en plein dedans ! Cela signifiait-il qu'il avait compris ce qu'Arthur était sur le point de supposer ? Et si c'était le cas, quelle conclusion l'homme était censé en avoir ?

"Je, mais, je n'ai rien insinué du tout !" se défendit-il en attrapant ses chaussettes et en les enfilant en manquant de se casser la figure.

La seconde accusation d'Archibald le prit de court et l'offusqua au plus haut point.

"Je vous demande pardon !? Moi, manifester la volonté de ne plus travailler ?! C'est grotesque ! Et si vous faites référence à ma réticence de me mettre à poil pour vous servir de modèle, vous m'excuserez mais il semblerait pourtant que votre réaction m'ait donné raison de redouter cet exercice !" s'emporta-il en finissant de remettre ses chaussures.

"Vous qui vous dites soi-disant meilleur que les autres et plein de justice, vous faites preuve d'une mauvaise foi comme j'en ai rarement vu ! Si vous voulez bien m'excuser, je crois que je préfère encore racler les pourritures qui traînent dans le fond de la cour plutôt que de rester en votre présence." conclut-il, rouge de colère en se dirigeant vers la porte.

Il eut un mouvement d'hésitation, se demandant si elle était toujours verrouillée mais tenta néanmoins et fut soulagé de voir que ce n'était pas le cas. Il franchit donc la porte et s'apprêta à descendre les escaliers.

Archi aurait bien voulu prendre les chaussure qu'Arthur venait de remettre pour lui envoyer en pleine quiche ou pour l'étrangler avec ses lacets. Ça lui aurait procuré un certain soulagement de voir la tête de ce crâne de piaf devenir toute bleue avec les yeux qui lui sortait à moitié des orbites. Il eut un sourire féroce à cette idée, et n'écouta même pas ce que ce petit crétin était en train de baver. Il n'avait pas repris ses idées de démons qu'il avait tant eu de mal à chasser quelques instants plus tôt, mais il nourrissait une certaine rancoeur envers le petit.

"Reviens ici et fais ce que je te dis." dit-il d'une voix sourde.

"Si tu continues à faire et à dire n'importe quoi, je te ramènerai au local à humain. Je n'ai pas besoin d'un soumis qui n'obéit pas. Et connaissant Jack, il te trouvera un vrai démon, un vrai tordu, et tu auras de vraies raisons de te plaindre, sauf qu'avec un autre démon, tu te plaindras une fois, deux fois, et à la troisième tu retrouveras ta tête éclatée contre un mur comme un paquet de colle." dit-il toujours aussi froidement.

Il avait horreur de devoir agir ainsi, de prononcer ce genre de paroles, et son dégoût envers sa propre attitude se lisait sur son visage. Mais que faire d'autre? Visiblement Arthur ne comprenait que l'autorité pure et dure. La diplomatie, ça entrait par une oreille, et ça sortait par l'autre, sans passer par la case départ, sans toucher 20 000 Meryls.

"En plus j'ai fait du café. Allez viens." dit-il d'une voix plus douce en prenant son mètre.

Arthur s'arrêta sur le pas de la porte aussi sûrement que si Archibald avait utilisé son pouvoir sur lui. Le ton de sa voix était si impérieux que même s'il avait envie de partir, il était obligé de s'arrêter pour l'écouter. Il ne bougea pourtant pas de l'endroit où il se trouvait et ne jeta pas un coup d'oeil vers son maître. Il sentit ses oreilles chauffer et son coeur se remit à battre plus vite contre sa poitrine. Serrant les poings et la mâchoire, il savait que, malheureusement, Archibald avait raison.

Il n'en ressentit qu'une haine plus grande pour le démon. L'injustice dont il faisait preuve l'insupportait au plus haut point mais que pouvait-il faire ? Physiquement, Archibald pouvait avoir le dessus sur lui. Socialement, il lui était supérieur. Et ce que pouvait penser un être humain ne comptait pas. Fermant les yeux, il eut envie de hurler mais il ravala sa fureur. Il ne pouvait pas faire amande honorable aussi vite, c'eut paru suspect aux yeux d'Archibald. Mais il devait aussi montrer qu'il avait compris.

Rouvrant les yeux, il se tourna finalement vers Archibald et le regarda à moitié.

"D'accord." répondit-il d'une voix blanche.

Il retourna dans l'atelier et referma doucement la porte. Il évita de croiser le regard de son maître, à la fois de crainte qu'il s'aperçoive à quel point il lui en voulait, mais également car il lui était proprement insupportable de regarder celui qui avait toute emprise sur lui et lui rappelait sa situation de simple soumis. Sans chichi, il ôta ses vêtements et à nouveau ses chaussures et approcha d'Archibald.

"Je dois me tenir d'une certaine manière ?" demanda-t-il.

(en fait j'avais associé le 'allez viens' au café et non au mètre :p)

Archi resta interdit un court instant, et le mètre lui échappa des mains. Non seulement Arthur coopérait, mais il... Faisait mine de comprendre, et il obtempérait après une démonstration démoniaque à un ordre auquel il voulait s'opposer avant qu'Archi ne pète un plomb. Ce crâne épais était décidément bien difficile à percer.
Il regarda Arthur, mais sans... Sans les émois de la fois précédente. Pas aussi forts, dirons nous.

Il tendit la main sans même y penser, et le mètre bondit du sol pour atterrir dans sa paume un peu plus violemment qu'il l'aurait voulu (non j'viens pas de regarder 3 épisodes de Bleach :X)

"Ma foi tiens toi... Aussi droit que possible." dit-il en déroulant le mètre.

Son calepin et son crayon arrivèrent avec plus de douceur que le mètre, et se posèrent à côté. Spontanément, à peine posé, le calepin s'ouvrit, et à côté d'un croquis d'un t-shirt au col en V, lacé, et aux manches ouvragées, le crayon se tint droit prêt à écrire.
Archi passa derrière son soumis, tendit son mètre entre les deux épaules en posant délicatement ses mains sur la peau d'Arthur, et aussitôt le crayon inscrivit les mesures.

"Pratique la kinésie, sans elle je devrais m'interrompre à chaque fois pour écrire et nous perdrions un peu trop de temps." grommela-t-il.

Arthur obéit et redressa le buste afin d'être aussi droit qu'un "i". Regardant droit devant lui, il ne desserra pas les lèvres tandis qu'Archibald déroulait le mètre et passait derrière lui pour le mesurer. Il entendait le grattement du stylo sur le papier et comprit, avant même que son maître ne le dise, qu'il écrivait par télékinésie. Il trouva qu'Archibald récupérait très vite ses pouvoirs mais il se souvint, non sans rancoeur, que c'était le cas de tous les démons. Il avait déjà eu l'occasion d'en faire l'amère expérience.

Il ne fit aucune remarque sur la réflexion d'Archibald, se contentant de fixer constamment un point bien en face de lui. Pourtant, rester ainsi immobile lui coûtait énormément. Il se trouvait faible et commençait à regretter de ne pas avoir tenu tête à Archibald plus longtemps, même si au final, il savait qu'il n'avait pas le choix. Pour autant, valait-il mieux vivre ainsi ? En soumis ? N'aurait-il pas mieux valu qu'il retourne au local à humains, dans cette prison qui au moins ne faisait pas semblant de ne pas en être une ?

Au cours de ces trois semaines, il avait commencé à baisser légèrement sa garde, allant même jusqu'à trouver un certain intérêt à s'occuper de la boutique. Il avait presque cru qu'Archibald était différent des autres démons et commençait à reconnaître certaines de ses qualités. Mais après l'épisode d'aujourd'hui, il se rendit compte qu'il avait bien été naïf de reconsidérer son opinion sur les démons.

Son manque de courage et sa résignation lui donnaient la nausée. Lui qui se voulait libre, qui se pensait comme un être humain libre, avait failli à cause de la peur. Il se détestait plus qu'il ne détestait Archibald en cet instant précis.

Archi sentait la crispation d'Arthur. A poser ses mains sur lui il sentait ses muscles noués, crispés. Et c'était sa faute, mais il s'était rattrapé non? Bon, fallait pas non plus qu'il s'attende à ce que l'humain lui fasse un câlin.

"Essaie de te détendre, je sais que ce n'est pas facile vu les circonstances mais..."

Il s'interrompit et passa d'un doigt léger sur un muscle qui faisait un tel noeud qu'il formait une bosse sous la peau du soumis. Il fronça les sourcils. Son petit dérapage avait il à ce point effrayé son soumis? Heureusement qu'il connaissait pas la famille Hallward, celui là. Il aurait vite pris les ciseaux d'Archi pour se taillader les veines, s'il avait pu faire connaissance à ce point.

"On s'en sort bien non? Après tout, ce n'est jamais que la première fois que ça m'arrive et jusqu'ici tu n'as pas eu à te plaindre de mes traitements non? Je sais que ça n'est ni banal ni agréable - tends le bras droit s'il te plaît - mais dans le fond on s'en tire avec une grosse frayeur, toi comme moi." dit-il en mesurant le bras qu'Arthur avait tendu.

Il avait la sournoise et persistante impression de ne pas s'en sortir. Mais comment intégrer Arthur dans un monde démoniaque, lui qui n'était qu'un humain buté et toujours sur le qui-vive..? Il ferait peut-être mieux de le renvoyer effectivement au local à humain, songea-t-il en fronçant les sourcils. Oui, finalement, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire.

Se détendre ? Archibald en avait de bien bonne lui. Quand il sentit le doigt du démon passer sur son muscle, il eut comme un frisson et se demanda si ce geste était professionnel ou non. Il se garda pourtant de faire une quelconque réflexion et il observa le démon qui se plaçait à son côté pour mesurer son bras. Il le leva comme il le lui demandait. Il n'interrompit pas Archibald dans ses réflexions mais y prêta une grande attention.

Arthur était légèrement décontenancé par ses propos. Une grosse frayeur ? Voulait-il parler de son dérapage de démon ou bien du sien, avec la paire de ciseaux brandie au-dessus de lui ? Soudainement, il se rendit compte qu'Archibald ne lui en avait pas tenu plus rigueur que cela alors qu'il avait clairement annoncé ses intentions. S'il s'était aventuré ne serait-ce qu'à prendre d'une manière suspecte une paire de ciseaux à bout rond avec son ancien maître, il aurait eu droit à une sévère correction.

Ce constat le frappa de plein fouet et avec une telle force qu'il en fut proprement déstabilisé. Prenant peu à peu conscience de la chose, il regarda Archibald d'une manière différente.

"Vous ne m'en voulez pas ?" demanda-t-il d'un air innocent.

Archibald re-tendit le bras d'Arthur et en mesure la circonférence, avant de le replacer le long du corps (si bien sculpté, fufu) de son soumis en période probatoire.

"T'en vouloir? De? T'être défendu?" dit-il avec un sourire triste.

"Bien sûr que non voyons, je n'étais pas dans mon état normal et je représentais une menace. Je sais qui tu es, maintenant, et j'avoue que j'aurais été déçu si tu n'avais pas réagi. Non, je ne t'en veux pas pour ça." dit-il avec ce même sourire triste.

Il s'agenouilla (oh oh oh) près d'Arthur et se prépara à prendre les mesure des jambes, de la taille, et... Ça pour Arthur, ça allait être la partie la moins agréable. Pour Archi... Ça commençait à devenir intéressant. Ceci dit, après les réflexions d'Arthur, la petite incartade et les différents points de vue exprimés, mieux valait demander au petit si ça le dérangeait ou non. Ou plutôt le prévenir, c'était qui le maître ici? è_é

"Là par contre... Il va falloir que je te touche à des endroits qui ne vont pas forcément te plaire... Je vais faire en sorte que ça ne soit que mon mètre qui te touche, d'accord?" dit-il avec un grand sourire d'excuse, en levant la tête vers Arthur qui était à présent au dessus de lui.

Arthur fut abasourdi par la réponse d'Archibald. Le sourire triste qu'il lui adressa finit de le convaincre et soudainement, il eut honte. Rougissant à vue d'oeil, il eut du mal à soutenir le regard dénué de tout reproche et au contraire plein de compréhension de son maître. Finalement, il semblait lui-même souffrir de sa nature démoniaque. A bien y réfléchir, c'était ce qu'il lui avait répété à longueur de temps mais ce n'était que maintenant qu'Arthur le croyait réellement.

Le fait qu'il lui avoue qu'il aurait été déçu s'il n'avait pas réagi de cette manière finit de le rendre mal à l'aise. Baissant les yeux, il était trop troublé pour parler. Il était plongé dans ses réflexions et se remémorait toutes les paroles d'Archibald à ce sujet mais il les voyait sous un angle complètement différent. Alors qu'il posait un regard neuf sur son maître, ce dernier releva les yeux et lui expliqua ce qui allait suivre.

Sa réaction normale aurait été de crier ses grands dieux qu'il ne voulait pas qu'on s'approche de son intimité. Mais il retint son premier réflexe et décida de faire un effort. Oui, il se sentait un peu coupable envers Archibald et si lui ne le punissait pas pour avoir tenté de le tuer, il pouvait quand même lui permettre de prendre ses mesures. Cela lui coûta énormément mais il redressa la tête et fixa un point droit devant lui.

"D'accord." dit-il d'une voix anxieuse.

Puis, avant qu'Archibald ne commence, il ne put s'empêcher de lever le doigt :"Que le mètre, on est d'accord ?"

Son air n'avait rien de menaçant, quand bien même il avait tenté d'y mettre le ton. Il était rouge comme une pivoine et espérait que cela aille vite.

Le sourire d'Archi se fit plus large encore, si c'est possible. Alors qu'il s'apprêtait à poser le mètre sur les hanches d'Arthur avec, avouons-le, une certaine gourmandise, son soumis l'interrompit en devenant rouge pivoine.
Il aurait bien fait un petit rire prédateur, mais il s'abstint. Il se contenta d'un petit rire qui se voulait faussement machiavélique, et répondit avec douceur:

"Bien sûr. Si je pouvais je les prendrais par kinésie mais c'est moins précis et je n'arrive pas forcément à mettre le mètre exactement à l'endroit où il faut prendre la mesure. Ce sont des mesures standard, tu sais, il faut forcément les prendre à tel endroit et pas ailleurs. Sans quoi on se retrouve avec des vêtements trop larges qui rendent mal ou trop serrés qu'on peine à enfiler. C'est tout un monde." dit-il machinalement.

Il passa alors le mètre ruban autour des hanches d'Arthur. La page du carnet se tourna, et à côté d'un croquis de pantalon de coupe classique avec quelques poches fantaisies le crayon commença à prendre des notes.
Avec un sifflement admiratif, Archi prit la longueur de la jambe d'Arthur, et expliqua avant que ce dernier ne puisse avoir des idées mal placées...

"Tu as vraiment des mensurations idéales. En me basant sur les tiennes, je peux habiller n'importe quel citoyen lambda, en nuançant de manière régulière pour les autres tailles. Par contre maintenant... Écarte les pattes, j'en ai pour une demie-seconde, promis." dit-il sans pouvoir cacher son sourire amusé.

[Comment Arthur va-t-il réagir à la mesure de l'entrejambe et du tour de cuisse? \o/]

[quelle perversité XD]

Arthur grommela quelque chose d'inaudible quand il entendit le rire de Archibald qui aurait pu s'apparenter à un :"C'pasdrôled'tout"

L'homme arqua néanmoins un sourcil face aux explications du démon. Il aurait eu envie de dire qu'il trouvait sa maîtrise du pouvoir de télékinésie plutôt précise, à en juger par ce qu'il voyait se noter dans le carnet, mais il se ravisa en pensant, non à juste titre, que le détenteur devait plus savoir de quoi il parlait que l'observateur.

Malgré tous ses efforts pour ne pas paraître plus gêné qu'il ne l'était en réalité, le fait qu'Archibald passe le mètre autour de ses hanches le troubla. Finalement, pensa-t-il, il aurait mieux fallu qu'il continue d'être en colère contre son maître, au moins le temps qu'il prenne les mesures... Au moins il aurait pu se concentrer sur autre chose que sur les mains du démon qui, dans sa paranoïa, lui semblaient aller partout.

"Quoi ?!" s'écria-t-il, à fleur de peau, quand il entendit le sifflement d'Archibald.

Il se sentit encore plus embarrassé par les compliments du démon.

"Faudra remercier ma mère pour ça." grommela-t-il.

Voilà une bonne idée ! Il pouvait penser à sa mère, cela le rendrait morose mais au moins il penserait à autre chose. Pourtant, son absence spirituel ne fut que de courte durée quand il lui demanda d'écarter les jambes. Il déglutit avec peine mais obéit, la gorge serrée.

[Bwahahahahahhaha]

Archi eut un petit rire en entendant Arthur parler de sa mère. Drôle de façon de se dédouaner de ses mensurations. En règle générale on parlait de ses deux géniteurs quand on parlait de ce qu'on avait eu grâce à la nature, mais Arthur n'avait mentionné que sa mère. Apparemment c'était un sujet sensible, il fallait le noter dans un petit coin de son cerveau un peu fatigué par la concentration et le euh, léger différent de tout à l'heure.
Puis Arthur écarta les jambes et Archi fit son possible pour limiter le temps d'arrêt qu'il avait eu à ce geste. Allez Archi on vire ces idées de la tête et on commence à bosser... Allez... ALLEZ!
Il se mit une baffe mentale et se remit à travailler.
Il posa son mètre autour de la cuisse d'Arthur, et en prit le tour en prenant... Son temps. Mais Arthur était trop tendu, et ça faussait la mesure.

"Détends toi un peu, sinon ça va tout fausser." dit-il en relevant la tête.

Puis il Prit la mesure de l'entrejambe, du pied jusqu'à... Jusqu'en haut, de manière professionnelle sans hésiter, sans broncher, en priant silencieusement pour qu'Arthur ne dise rien et qu'éventuellement, si les forces naturelles qui régissaient ce bas monde se montraient miséricordieuses, qu'il ait une légère réaction physique... Allez quoi, juste une.

Arthur était raide comme un piquet pendant qu'Archibald prenait ses mesures. Il avait redouté l'exercice et maintenant il savait pourquoi. Il avala sa salive pendant que le démon mesurait son tour de cuisse. Il ferma les yeux inconsciemment, rappelant à lui l'image salvatrice de sa bien-aimée maman. Cependant, quand Archibald lui dit de se détendre, il fut à nouveau tiré de ses pensées et s'écria malgré lui et avec une mauvaise foi sans nom :"Mais je suis détendu !!!"

Il grommela encore et tenta de faire le vide dans son esprit. Il s'obligea à se répéter que cela n'était rien et au il prit une profonde inspiration. Il se visualisa dans son lit, sous la couette bien douillette qui garnissait celui-ci. Aussitôt, il se détendit. Il adorait cette couette, la première aussi douce et confortable qu'il ait eu de sa vie. Il s'y vautrait allègrement comme dans les bras d'une femme... les mains d'une femme ? Qui remontaient vers...

Il ouvrit les yeux et le rouge monta illico à ses joues. Mort de honte, il en eut le souffle coupé. Il attrapa la première chose venue, à savoir le bout d'un rouleau de tissu qui se déroula à la vitesse de l'éclair par terre. A ça, pour avoir été détendu...

"Je suis désolé." bredouilla-t-il en remettant le tissu.

Heureusement, sa réaction physique avait été assez... bénigne et par chance, il s'en était aperçu à temps pour y couper court le plus vite possible. Mais reste qu'il en avait eu tout de même une... pendant qu'Archibald le touchait... et même s'il avait pensé à tout autre chose, qu'allait s'imaginer le démon ?

Archi grommela "t'es aussi détendu qu'un fil téléphonique en pleine tempête."
Il aurait bien fait un parallèle un peu plus déshabillé mais Arthur était suffisamment tendu comme ça. Pas la peine de le brusquer d'avantage.
Il n'eut pas le temps de finir l'entrejambe qu'Arthur eut une réaction plus ou moins attendue et Archi manqua de se faire assommer par un rouleau de tissu qu'Arthur avait pris pour cacher son trouble.
Que penser? La miséricorde était-elle de mise? Fallait-il le charrier un peu?

"Hé bien? Qu'est ce qui t'arrive?" demanda-t-il d'un air incrédule.

"Pose moi ce rouleau et reviens ici, c'est pas le moment de jouer, tu m'as pourri deux mesures il va falloir que je recommence." soupira-t-il d'un air contrit.

En fait, une des deux mesures était exacte mais après tout Arthur n'avait pas besoin de le savoir, si? Il ratura les inscriptions suffisamment pour qu'il ne puisse pas relire si jamais il tombait sur le carnet. Il garda les sourcils froncés en signe d'agacement pour ne pas montrer sa jubilation. Ses mains légères comme un coup de vent allaient-elles faire de nouvelles merveilles?