Dans l'atelier [PV Archibald]

Cela faisait presque trois semaines maintenant qu'Arthur était chez Archibald. L'homme montrait toujours une certaine méfiance à l'égard de son maître mais au fil du temps, il avait bien été obligé de reconnaître que, décidément, le démon n'était pas aussi mauvais qu'il le croyait. Même, Arthur avait fini par prendre quelques petites habitudes. Par exemple, étant un lève-tôt, il préparait le café d'Archibald que ce dernier pouvait trouver lorsqu'il se levait. Cela n'était pas vraiment un geste affectif de la part de l'humain (même si, a contrario, il prouvait quand même qu'il ne détestait pas son maître) car s'il le faisait c'était aussi pour en boire, lui qui était devenu un vrai fan de la petite boisson énergisante.

Généralement, il était avant Archibald dans la réserve en train de faire un peu de nettoyage et de rangement. Maintenant, d'ailleurs, les différentes catégories de modèles n'avaient presque plus aucun secret pour lui. Il lui arrivait de faire quelques erreurs mais elles se comptaient à présent sur les doigts d'une main. Par contre, depuis qu'il était là, il ne s'était rendu qu'assez rarement dans l'atelier de son maître et de façon très brève à chaque fois. En effet, il s'agissait quand même d'un lieu sacré car écrin du génie créateur d'Archibald et Arthur n'y rentrait que sur la pointe des pieds pour y déposer de nouveaux rouleaux de tissu ou apporter du café à son maître.

Cet après-midi là, Archibald avait prévenu Arthur qu'il aurait sûrement besoin de lui à l'atelier. L'homme avait accepté, sans trop se poser de question, et à l'heure dite, il monta les escaliers qui y menaient, avec toujours le même silence respectueux. Il toqua à la porte et entra quand on lui répondit.

"Archibald ? Je suis là." fit-il.

Une autre caractéristique : Arthur appelait son maître par son prénom et ce depuis où un client assez mal élevé était entré dans le magasin...

Archi avait appelé Arthur pour... Une mission spéciale. Une mission où on allait lui demander de faire le top-model. Chose qui allait sûrement le mettre hors de lui, mais bon. Il fallait y mettre les formes. Et puis le premier t-shirt serait pour lui, les premiers vêtements cousus sur mesure, alors il allait pas râler non plus.
Il lui réservait un vêtement cousu dans une étoffe précieuse, belle et rare, une de celles qui l'avaient impressionné lors de leur première entrevue et de la visite de l'atelier.

Arthur arriva, et appela Archi par son prénom... Chose qui faisait rougir le démon à coup sûr.
Avoir un coup de chaud pareil c'était pas une bonne chose pour recevoir un soumis hyper viril et caractériel, aussi cacha-t-il ses rougeurs grâce à ses fabuleux pouvoirs de super héros et fit il mine d'être absorbé par le patron qu'il finissait de dessiner, et prit il un ai affairé.

"ah, hrm, te voilà donc... J'ai... Deux ou trois petites choses à te demander." dit-il en envoyant valser son crayon d'un air réjoui.

Arthur avait fini par oublier qu'Archibald avait parlé qu'il pourrait être amené à servir de modèle. En effet, il avait tant de choses à faire à la boutique et dans la réserve que cela lui était complètement sorti de la tête. De plus, comme le démon n'y avait plus fait allusion, l'homme n'avait plus eu de quoi s'inquiéter. Comme toujours quand il entrait dans l'atelier, il se sentait comme apaisé. Mais combien de temps cela durerait dès lors qu'il saurait pourquoi il avait été amené ici ?

Il s'avança un peu plus quand Archibald releva le nez de son patron et s'adressa à lui.

"Oui bien sûr. Le tissu que vous avez commandé la semaine dernière est en bas ainsi que certains modèles que vous avez confectionné pour la nouvelle collection. Vous voulez que je les monte ?" demanda-t-il, habitué qu'il était à ce genre de requête.

"Ah et aussi, avant que je n'oublie, le cafetier du bout de la rue a apporté un sachet d'un tout nouveau café. Il a demandé à ce que vous lui donniez votre avis dessus." ajouta-t-il.

En son for intérieur, il espérait qu'Archibald allait lui dire d'aller en préparer de suite. Il avait en fait hâte de le goûter lui-même.

Le cerveau d'Archi buggua sur l'information principale, et même la seule qu'il avait retenu sur le coup. Du café? De chez... Le cafetier? Ou le torréfacteur? Il poussa un petit soupir agacé. Il ne fallait pas plaisanter avec le café, c'était sacré. Ce petit devrait apprendre les bases de la consommation, c'était un passage obligé.
Mais pour le moment.... Il ne devait pas s'occuper de la question "café" pour le moment. Il y avait plus important.

"Oui c'est parfait, nous ferons le café plus tard, comme une... Récompense pour ton travail accompli." dit il en le gratifiant d'un grand sourire qui se voulait rassurant.

Il se faisait l'effet d'un maquereau qui mettait une prostituée sur le trottoir pour la première fois. Enfin, ça n'avait rien de comparable, il était bien loin de tout ça mais... Le tout vu par les yeux d'Arthur, c'était une autre histoire.
Il se leva et alla vers les rouleaux du tissu qu'Arthur affectionnait tant.

"Tu te rappelles de ce dont je t'avais parlé au début, à ta première visite..?" demanda-t-il prudemment.

Arthur eut un petit sourire, à défaut d'en avoir un aussi étincelant que ceux que pouvait avoir Archibald, quand celui-ci lui répondit qu'ils boiraient du café après avoir terminé de travailler. Son maître s'approcha des rouleaux de tissu que Arthur se rappelait avoir admiré la première fois qu'il était entré dans l'atelier. Il rejoignit Archibald près de ceux-ci et fronça les sourcils pour tenter de se souvenir de quoi voulait parler le créateur.

Il était très loin de songer à son potentiel rôle de mannequin et pensait qu'il voulait parler de ce qu'il lui avait dit au sujet de ces tissus.

"Euh je crois oui..." fit-il en attendant de rassembler ses souvenirs.

"Vous m'avez dit qu'il s'agissait d'un tissu très rare et qu'il fallait plusieurs années pour obtenir un rouleau... ah oui et que son étoffe était très douce." répondit-il en pointant un rouleau.

"Et ce tissu-là tient particulièrement chaud malgré sa finesse." ajouta-t-il.

Il reporta alors son attention sur Archibald, pour voir s'il avait bien retenu sa leçon.

Archi fit une petite grimace embarrassée. Bon, au moins son soumis l'écoutait, mais... En l'occurence il n'avait pas retenu la bonne partie de l'information. Mais au moins il portait une certaine attention à ses propos.

"En effet, c'est ce que j'ai dit." dit-il avec un grand sourire.

"Entre autres." fit il en toussotant pour s'éclaircir la gorge. [hj: AU SECOURS LA GRIPPE A TOUS AUX ABRIS BOUUUUUH Hrm.]

Il tira un morceau de tissu d'environ un mètre, et regarda Arthur toujours souriant, en se décidant à lui faire deviner ce vers quoi il voulait aller... Encore qu'Arthur avait le crâne un peu épais, pour ce qui était de tout ce qui sortait de l'ordinaire. Il se rappela le coup de la collection de pois, et retint un sourire plus large encore que celui qu'il affichait déjà.

"Et sur qui je comptais la mettre, cette étoffe, tu t'en souviens?" demanda-t-il à brûle pourpoint.

Arthur était satisfait d'avoir bien répondu à la question d'Archibald. Cependant, il tiqua quand son maître toussota et il se mit à froncer les sourcils en commençant vaguement à se douter que quelque chose n'allait pas lui plaire. Méfiant, il observa Archibald tirer sur un rouleau de tissu et le tendre vers lui tout en lui demandant s'il se rappelait sur qui il souhaitait mettre cette étoffe.

Pendant l'espace d'un court instant, le cerveau d'Arthur s'éteignit, comme s'il refusait d'admettre la réalité et ce qu'il venait de comprendre. Puis, il se mit en marche avec violence et l'homme rougit fortement.

"Il n'en est pas question !" rugit-il en reculant.

"Je refuse de jouer au mannequin ! Je vous l'ai déjà dit !" s'emporta-t-il.

Mais derrière sa colère se cachait aussi (et surtout ?) de l'appréhension et une vraie crainte d'être complètement ridicule.

"Je ne suis pas ce genre d'homme." grogna-t-il.

"Pourquoi d'ailleurs auriez-vous besoin de moi ? Je suis sûr qu'il y en a plein dehors qui rêverait d'être à ma place pour ce genre de travail !" ajouta-t-il.

"En fait, vous savez mieux que moi qu'il y en a plein qui le voudrait plus que tout !" corrigea-t-il.

"Prenez ce gars qui est venu la semaine dernière ! Il aurait tout fait pour que vous le preniez en apprentissage, je suis persuadé qu'il serait mort de joie à l'idée de vous servir de mannequin !"

Il faisait référence à la venue un jour d'un jeune ange qui souhaitait se lancer également dans la mode et qui avait pratiquement supplié à genoux Archibald pour qu'il le prenne. Arthur avait assisté à la scène, véritablement stupéfait par le culte qu'en semblait faire l'individu. Mais Archibald, pour une raison qu'il ignorait, avait refusé.

Archi regarda Arthur faire tourner les roues de ses méninges, et entendit clairement le grain de sable se coincer et enrayer le mécanisme. Il écouta toutes les récriminations, la volonté d'Arthur de ne pas se plier aux désirs d'Archi (encore que niveau désir on était encore loin du point culminant, et il aurait fuit s'il avait su), ses râleries, son coup de gueule... Et cette histoire de cet ange qu'il avait renvoyé...

Archi avait un argument tout prêt pour convaincre Arthur. L'ennui c'est qu'il le desservirait probablement plus qu'il ne convaincrait le soumis. En fait il avait beau avoir réfléchi pour pouvoir le convaincre, il n'avait pas trouvé grand chose de bien efficace, connaissant son caractériel de soumis.

Il chassa les dernières râleries d'Arthur d'un geste de la main, comme pour virer une mouche.

"Parce que lui je ne le connais pas. En plus il n'était pas taillé comme il aurait fallu. Toi tu as les mensurations qu'il faut." dit-il en contrôlant son teint.

"Et puis ça n'est pas une question hein."

Il allait commenter son propos par un "allez, en caleçon, pronto!" mais il jugea plus utlise de laisser éventuellement le soumis en placer une avant ça.

Arthur avait toujours les joues en feu et elles ne perdirent rien de leur couleur suite aux propos d'Archibald. Savoir qu'il avait les mensurations qu'il fallait était loin de le rassurer mais le mettait davantage mal à l'aise et qui disait mal à l'aise chez Arthur disait colère, histoire de cacher son immense embarras. Se voir complimenté n'était pas vraiment dans ses habitues mais en plus l'être par un homme... c'était encore plus troublant.

Ses yeux dorés lancèrent des éclairs à la dernière réflexion d'Archibald.

"C'est un ordre, c'est ça ?" conclut-il en serrant les dents.

Il n'avait vraiment pas envie de se soumettre à l'exercice mais maintenant qu'il connaissait davantage Archibald et ses pouvoirs, il savait qu'il ne pourrait pas faire grand-chose pour s'y soustraire... à moins d'utiliser une solution radicale... Toutefois, il n'était pas prêt de s'y résoudre. Il se voyait mal faire du mal à Archibald. Après tout, son maître s'était montré gentil avec lui et malgré son originalité, Arthur ne le détestait pas.

"Parfait. Mais je vous préviens que je ne vous le pardonnerai pas." fit-il en croisant les bras sur son torse.

Archi soupira et s'efforça de ne pas sourire.

"Je t'en prie, je ne te demande pas un effort surhumain, au contraire tu ne vas même pas bouger."

Le plus gros était passé mais il restait un petit... Détail à clarifier.
Et en fait... C'était peut-être le plus gros. Son soumis le prenait sûrement pour un euh... Un homme un peu efféminé.
Mais s'il lui demandait de se foutre à poil ça irait peut-être, et même sûrement, carrément moins bien.
Mais il n'allait pas non plus prendre ses mensurations par dessus ses vêtements, c'eut été ridicule.
Aussi se leva-t-il, et il fit mine d'aller chercher dans son fatras un mètre de couture, et lui lança d'un ton désinvolte:

"Bon, je ne vais pas prendre tes mensuration par dessus tes vêtements, n'est ce pas?"

Arthur marmonna dans son coin quand Archibald remarqua qu'il ne lui demandait pas un effort surhumain. Les bras toujours croisés sur son torse et l'air toujours renfrogné, il ne regardait par son maître quand celui-ci partit chercher un mètre mais quand il sous-entendit qu'Arthur dusse se mettre nu, l'humain décroisa les bras et serra les poings d'un air choqué :"Quoiiiii ?!!!"

"Non mais c'est quoi ce cirque ?! Vous voulez que je me mette à poil dans votre atelier ?!" s'écria-t-il, hors de lui.

Cette fois-ci, c'en était vraiment trop pour l'homme viril qu'il était (ou qu'il se croyait être...).

"C'est bon, je vais pas me mettre à poil pour vos beaux yeux. Je me barre, vous êtes un grand malade." gronda-t-il en tournant les talons et en se dirigeant d'un pas décidé vers la porte de l'atelier.

Ce n'était vraiment pas imaginable pour Arthur. S'imaginer en caleçon, sans bouger pendant que l'autre zigoto prendrait ses mensurations en posant ses mains sur lui... Non, c'était impensable.

Archi poussa un soupir d'agacement. Il n'aimait pas vraiment les soumis rebelles. Qu'ils soient de mauvaise humeur passe encore, c'était leur droit, mais qu'ils se rebellent...

"Pas 'à poil', grossier personnage." dit-il froidement.

Il bloqua Arthur et la porte grâce à cette magnifique télékinésie qui lui avait déjà tant servi. A quoi bon être un démon si certains avantages en natures n'aidaient pas considérablement? Il le força également à se retourner.

Il n'avait même pas besoin du consentement d'Arthur, puisque la télékinésie pouvait le bloquer, et même le déshabiller. Mais il préférait être avec lui tranquillement et normalement, sans que môssieur l'homme viril ne monte sur ses grands chevaux.

"En caleçon ça suffira. Et tu sais que je peux t'y forcer, mais j'aimerais qu'on puisse collaborer sans avoir besoin d'agir comme la plupart de mes semblables que tu détestes." dit-il d'un ton qui se voulait conciliant.

Les poings sur les hanches, il fixa Arthur sans sourire.

Dans son emportement, Arthur avait l'espace d'un instant vaguement oublié qu'il ne pouvait pas échapper à Archibald à moins que ce dernier n'y consente. Aussi quand la porte se ferma et qu'il fut contraint de se retourner, il fut surpris. Mais cela ne dura que le temps pour lui de se rappeler les pouvoirs du démon et de lui en vouloir un peu plus d'être supérieur à lui grâce à ses pouvoirs.

Bien loin de se montrer reconnaissant envers Archibald qui, pourtant, manifestait la volonté de collaborer avec lui et non de l'obliger à se soumettre, il n'en éprouva que plus de ressentiment. Si le démon avait voulu lui rappeler combien il était faible face à lui, il ne s'y serait pas pris autrement. Conscient, néanmoins, qu'il ne pouvait rien faire de plus qu'obéir, Arthur baissa les yeux.

"Très bien." répondit-il d'une voix où grondait encore la colère.

"Je me déshabille ici même ou bien ai-je droit à un peu d'intimité ?" demanda-t-il sur un ton amer.

Archi fit léviter deux rouleaux presques vides, qu'il fit tenir à la verticale, près d'Arthur. Puis une chute de tissu, un grand voile, s'envola comme un de ces clichés de fantômes, et se posa délicatement sur les deux poteaux, cachant une partie de l'atelier à la vue d'Archi. Il ne voulait pas trop brusquer ce petit enquiquineur qui n'aimait rien tant que râler après son maître.

"Fais comme chez toi." dit-il avec un sourire plus chaleureux.

Que faire pour faire cesser la colère d'Arthur? Déjà qu'Archi avait attendu un moment avant de le mettre au pied du mur pour ce qui était du mannequinat. Il ne lui demandait pas non plus de poser pour des photos affreusement gênantes ou autres trucs passablement dégoutants non?

"Et détends toi, je te demande pas de te prostituer non plus." grogna-t-il.

Arthur avait recouvré la liberté de ses mouvements quand les deux rouleaux et le voile vinrent se poser près de lui pour former une petite cabine de fortune. L'humain soupira d'agacement avant de commencer par ôter le haut. Sa colère diminuait un peu pour laisser place à de la gêne. Il essayait de relancer sa colère, plus facile à accepter que l'embarras, mais étrangement à chaque tissu de plus enlevé, elle l'abandonnait pour le laisser seul en face de son malaise.

"Je sais." grommela-t-il à la réflexion d'Archibald, mais pas assez fort pour que le démon l'entende.

Il avait conscience qu'il exagérait (un peu) et qu'Archibald aurait pu se montrer bien moins patient avec lui mais c'était plus fort qu'Arthur. Dès que quelque chose le troublait, il ne savait pas réagir autrement qu'en se mettant en colère.

Maintenant en caleçon, il plia consciencieusement ses affaires sur un tabouret, histoire de se donner encore cinq minutes avant de se montrer à Archibald. Autant il n'avait pas eu de mal à tomber la chemise lorsqu'il travaillait, autant là il ne savait plus où se mettre. Les cicatrices sur son corps devenaient également un objet de complexe alors que d'ordinaire il s'en fichait pas mal.

Puis, réalisant qu'en se montrant si prude et peureux il se faisait pitié, il prit une profonde inspiration et sortit de derrière son abri de fortune. Fronçant les sourcils pour se donner une contenance, il s'avança d'un pas décidé vers Archibald et se planta devant lui à un mètre à peine de lui.

"Si on pouvait faire vite, ça m'irait très bien." marmonna-t-il sans détacher son regard de celui d'Archibald.

Il était évidemment hors de question que son maître se doute de la gêne qu'il éprouvait. Mieux valait qu'il le croie toujours en colère.

Archi entendit Arthur grommeler mais ne lui demanda pas de répéter. De toute façon vu sa colère c'était sûrement un juron, ou quelque chose de pas forcément sympathique.
Il soupira en sortant ses crayonnés et son matériel. Ce soumis était vraiment pénible, mais il se ferait petit à petit à son rôle dans la boutique et il finirait par trouver ça normal. Du moins c'était ce qu'Archi espérait.
Même si visiblement il pouvait toujours courir.

"Ça prendra le temps que ça prendra." gronda-t-il.

Il n'allait pas se faire prier non? Il se retourna et vit son soumis plus près de lui qu'il ne l'aurait pensé. Il sursauta et recula un peu. Il considéra Arthur avec des yeux ronds comme des soucoupes. Le soumis était balafré de partout, mais ça ne le rendait que plus... Bref. Mais pourquoi diable Archi avait-il attendu si longtemps pour soumettre Arthur à ses obligations de mannequin? Surtout vu le peu de résistance rencontrée pour le dévêtir! Et vu le spectacle offert!
Dingue ce qu'il faisait chaud, d'un coup, il aurait bien voulu ouvrir une fenêtre mais il jugea au dernier moment que cela ne ferait qu'accentuer l'effet de trouble aux yeux d'Arthur, et il se ravisa. S'efforçant de reprendre un teint normal (alors qu'il avait viré au rouge brique), il prit son mètre et ne put cacher son sourire alors qu'il s'approchait d'Arthur...

Arthur mit le coup de la surprise sur le fait qu'il s'était probablement arrêté plus près d'Archibald que celui-ci ne s'y serait attendu. Néanmoins, il arqua un sourcil en lui découvrant un teint aussi rouge. Etait-ce une réaction normale pour un styliste qui était censé avoir vu bon nombre de modèles défiler dans son atelier ?

Pourtant, la couleur des joues du démon redevint normale à une vitesse incroyable, au point de faire douter Arthur sur ce qu'il avait vu quelques instants auparavant. Le fait qu'Archibald soit polymorphe ne lui était pas encore apparu clairement dans son esprit... et il était loin de se douter que ce genre de pouvoir existait et était en possession du créateur.

Le sourire qu'il fit en s'approchant avec le mètre fit stresser Arthur encore plus. Il n'aurait su décrire la nature de celui-ci et il se raidit de tout son être. Serrant les poings à s'en faire pâlir les jointures, il défiait Archibald du regard de la moindre remarque ou de la moindre incartade. Geste sûrement futile mais qu'Arthur se sentait obligé de faire. Attendant anxieusement qu'il commence, il ne prononça pas un mot.

Archi marqua un léger temps d'arrêt. Sa vue se brouilla pendant l'espace d'une seconde.
Il se sentit partir, glisser sur la pente dangereuse des plaisirs interdits. Pendant un instant, il sentit tout ce qu'il y avait de démoniaque en lui remonter violemment, brutalement à la surface, et ses yeux se teintèrent d'un rouge vif sans même qu'il ne s'en rende compte.

L'espace de quelques secondes, il se mit à voir sous ses yeux grand ouverts ce qu'il pourrait faire à Arthur, par la force, en le bloquant, en l'entravant, en profitant misérablement de ce petit vermisseau aussi privé de ses défenses misérables qu'un oisillon tombé loin du nid. Ses pupilles se contractèrent en une mince fente, et ses narines se dilatèrent, comme pour flairer un début de peur et de soumission chez son soumis.

Il s'approcha dangeureusement, comme un fauve en chasse, les mains crispées en serre d'aigles (ha ha. Comme son admiratrice à Poudlard XD).
Fixant Arthur de son regard rouge aux pupilles contractées, il sentit ses lèvres s'étirer en un sourire malsain, totalement hors de contrôle.

Arthur commença à comprendre que quelque chose n'allait pas quand Archibald ne dit plus rien et s'approcha de lui lentement mais sûrement. Ses yeux virèrent au rouge et cette fois-ci, Arthur réalisa que sauf événement imminent, quelque chose de terrible allait se passer. Il avait eu raison de se méfier du démon, il était comme tous les autres au final, et s'il s'était montré sympathique avec lui ce n'était que pour atteindre son objectif, qui, au demeurant, restait encore inconnu aux yeux de l'homme.

Attrapant une paire de ciseaux qui traînait sur un coin de table, il recula de plusieurs pas et ses yeux dorés ne laissèrent pas voir la peur qui étreignait déjà ses entrailles mais un farouche instinct de survie.

"Archibald, n'approchez pas." fit-il d'une voix menaçante.

Archi ricana. Une paire de ciseaux? Ouuuh, méfiance, horreur, malheur! Que faire face à un misérable cloporte armée d'une paire de ciseaux? Bien sûr il était le mieux placé pour savoir que ses ciseaux étaient redoutablement tranchants, mais au pire, il rendrait toute partie de son anatomie visée par les ciseaux immatérielle, et le gamin...

Oh et puis zut, pas envie de s'amuser avec un mioche armé d'un ridicule ustensil.

Il arracha les ciseaux aux mains d'Arthur, par kinésie, sans le toucher, comme on aurait arraché une patte à une mouche un peu trop téméraire. Les ciseaux volèrent dans un coin de l'atelier, et se fichèrent dans le mur comme une flèche tirée par un arc, avec un "dzoing" sonore.

Il lui avait peut-être fait mal au doigts mais il s'en foutait royalement. Les mains sur les hanches, le regard rougeoyant, il regarda son soumis dénudé qui paraissait plus fragile que jamais.
Puis il s'avança d'un pas décidé. Fini de jouer.

Arthur fut tétanisé devant le ricanement d'Archibald. Cette fois-ci, il avait réellement en face de lui le démon. Lorsque Archibald lui ôta la paire de ciseaux des mains et les fit voler à travers la pièce, Arthur ne prêta pas attention à la douleur qui saisit sa main mais tenta de réfléchir à toute vitesse à ce qu'il pourrait faire. Le problème était qu'Archibald pouvait le contrôler et l'arrêter comme si de rien n'était.

Il lui fallait donc agir vite, très vite. Arthur ne réfléchit plus et envoya son poing à la figure d'Archibald à une vitesse impressionnante. Il l'atteignit de plein fouet [je me permets juste pour ce coup ^^] mais Arthur ne chercha pas à savoir quel effet il aurait sur Archibald et fit volte face pour courir jusqu'à la porte de l'atelier. Il ne savait que trop bien qu'il ne pouvait pas faire face à un démon et le mieux qu'il lui restait à faire était de fuir le plus vite et le plus loin possible d'ici.

Alors qu'Archi se préparait à fondre sur sa proie, il ressentit un ralentissement dans ses mouvements. Comme si sa bonne conscience l'avait fait marcher au ralenti. Le soumis profita de l'ouverture pour lui balancer un coup de poing qui lui fit voir 36 chandelles. Il tomba à la renverse sur le plancher et se cogna la tête.

Les bras en croix, allongé sur le sol, il reprit ses esprits.

Ses yeux reprirent leur teinte verte habituelle, ses pupilles se dilatèrent. Il tenta de se relever, mais le choc à la tête l'avait partiellement assomé et il voyait de gros points noirs devant ses yeux. Sans même y penser, il avait maintenu le blocage sur la porte, mais il commençait à vaciller à mesure qu'Archi sentait ses sens se brouiller à cause du choc du poing et du rebond sur le sol.

"A... Arthur?" appela-t-il d'une voix tremblottante, aux antipodes de sa voix cassante avec laquelle il avait ricané de tout son mépris envers le pauvre humain.

Il tenta de se relever, d'une main mal assurée.

Le coeur d'Arthur battait follement contre sa poitrine lorsqu'il atteignit la porte de l'atelier. Oubliant son accoutrement, il n'avait plus qu'une idée en tête : fuir de cet endroit. Cependant, quand il y parvint, il eut beau tiré de toutes ses forces sur la poignée, la porte resta bloquée. Toujours aux abois, il fit volte-face et chercha une autre issue, mais en vain, il n'y en avait pas d'autre, hormis les fenêtres qui étaient toutefois à une hauteur trop grande pour qu'il se permette de sauter.

C'est alors qu'Archibald l'appela d'une voix mal assurée et tenta de se relever. Arthur avait du mal à réfléchir normalement. Tout ce qu'il revoyait c'était les scènes de son enfance et de son adolescence, les maltraitances subies et les humiliations vécues. Il ne revivrait ça pour rien au monde. Il s'était défait du joug d'un démon une fois, il pouvait le refaire.

Il n'avait plus peur à présent mais était décidé. Attrapant la paire de ciseaux plantée dans le mur non loin de là, il se dirigea d'un pas décidé vers Archibald et se pencha vers lui. Le saisissant par le col, il ancra ses yeux dorés dénués de sentiment sur ceux à nouveau verts du démon.

"Je dois te tuer." déclara-t-il d'une voix lugubre.

Archi avait fermé les yeux et se massait le crâne quand il entendit qu'Arthur s'était rapproché... Et le menaçait? Non mais il était pas bien lui non?!
Le soumis le saisit par le col et, armée de l'effrayante paire de ciseaux bien aiguisés, il s'apprêta à trancher.
Archi dut faire appel à toute ses dernières forces pour pouvoir utiliser son bien aimé pouvoir de dématérialisation, et Arthur se retrouva avec un mirage dans les mains. Une fois rendu immatériel, plus rien ne pouvait toucher le merveilleux Archi.

Ceci fait, il lança un dernier mouvement de kinésie pour faire tourner le loquet de la serrure et verrouiller la porte, puis il se laissa retomber sans un bruit sur le sol (forcément, s'il est immatériel il va pas faire un gros *PLORF*).
Les yeux grands ouverts, il regarda le plafond d'un air absent. Il se serait bien excusé auprès de son soumis, si celui ci n'était pas en train de dérailler, un ciseaux super coupant à la main, en menaçant de le tuer.

Si quelqu'un était entré dans l'atelier à ce moment, la scène aurait pu paraître comique. Un jeune homme en caleçon avec des ciseaux auprès d'une silhouette immatérielle qui zonait complètement.

Arthur amorçait le geste fatidique quand Archibald se dématérialisa. Surpris, Arthur se retrouva démuni. Il entendit le loquet de la porte et tourna la tête vers celle-ci, s'attendant à voir quelqu'un arriver. Mais ce n'était pas le cas et Archibald était toujours immatériel près de lui. Une parcelle de son esprit se réveilla alors et il commença à raisonner non plus comme une bête mais bien comme un être doué de raison. Bien que le coup de poing ait assommé Archibald, il restait un démon non dénué de ses pouvoirs. Or, avait-il fait un geste menaçant à l'encontre d'Arthur ? Non, pourtant il l'aurait pu.

Troublé, Arthur lâcha la paire de ciseaux qui tomba sur le sol en un bruit qui lui parut assourdissant. Se redressant, il tituba en arrière jusqu'à rencontrer une table contre laquelle il percuta avant de s'y cramponner, les jambes flageolantes. Il ne savait plus quoi penser. Le regard hagard, il fixait l'endroit où était censé se trouver Archibald. Il avait le souffle court et la gorge nouée. Pourtant, il tenta de déglutir et de rassembler ses esprits.

Mais que venait-il de se passer ? Le monstre qui se tapissait dans les entrailles d'Archibald avait été sur le point de sortir mais sans qu'il puisse comprendre, il s'était arrêté. Or, Arthur savait, pour avoir côtoyé les démons et l'un des pires, qu'une fois déclenchée, leur folie prenait le contrôle et ils ne faisaient rien pour l'arrêter. Pourtant, ce n'était pas le cas d'Archibald.

Cependant, pire que cela, Arthur avait senti la même fureur aveugle s'emparer de lui et il serait très certainement allé jusqu'au bout si Archibald n'avait pas disparu. Cette fureur, il la craignait, car elle était différente des colères qu'il piquait et il savait qu'elle était difficilement contrôlable. A bout de nerf, Arthur se laissa tomber sur le sol. Il n'était plus en mesure de réfléchir convenablement, de se demander s'il s'agissait d'une nouvelle ruse de la part d'Archibald ou si c'était un accident, de s'il était capable de se contrôler ou pas.