Une visite d'affaire... [PV Rider]

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Kerges avait respecté les demandes de Nisis. Mais, Shion lui avait imposé de rencontré la concurrence pour parler du fait qu’un affranchi tienne une des boutiques de la cité. Kerges avait déjà eu des contacts avec Jack, il décida donc d’aller voir la propriétaire de l’animalerie, une dénommée Rider. Il fit le chemin, sans joie. Il croisa des amis, Il dit bonjour par politesse, mais on sentait le cœur n’y était pas, ce dernier s’était éteint en même temps que Nisis. Il entra sur le domaine de Rider. Il sonna à la porte. Il resta debout pour être sur de ne pas rester sur le pas de la porte. Kerges était faible, il n’avait presque rien mangé depuis la mort de Nisis et malgré Oriane et Nintaï, il avait toujours du mal à se dire que Nisis serait toujours avec lui, dans sa mémoire…

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Affalée dans son canapé, les yeux rivés sur le plafond blanc, Rider était calme et impassible. La journée avait été tranquille. Elle n'avait donc pas fait de grand effort, et s'était contentée d'une longue chemise de nuit pour flâner dans sa petite maison. Ses longs cheveux étaient lâchés, et elle ne portait pas de lunettes. Cette nuit, elle avait fait le ménage, c'était nettement plus pratique de se servir de son don pour dépoussiérer les meubles, autant dire que ces derniers brillaient. Alors, elle récupérait un peu, une bouteille de thé glacé à la main, plongée dans ce silence qu'elle aimait tant. On sonna à la porte, elle mit un certain temps avant de réagir et se leva un peu difficilement, mal assurée sur ses jambes mais apaisée et sereine. Elle vit une grande silhouette par l'œillet de la porte, et ouvrit, un peu surprise, n'attendant personne en particulier. Elle reconnut immédiatement le vendeur de l'Antre qui l'avait aidée lors de l'achat d'Ayame. Mais il n'avait plus grand-chose du wemic fort et vigoureux auquel elle avait eu affaire. Elle avait eu vent vent d'un malheur survenu au domaine Fallen, mais n'avait pensé qu'il ne s'agissait que de rumeurs. Ce qui l'étonnait également, c'était la présence de l'hybride sur le pas de sa porte.

Oh, bonjour, monsieur Mach'tel ? Puis-je vous aider ? Ou vous désirez peut-être entrer avant ça ? s'enquit-elle de son ton le plus courtois qu'il fût, mais parfaitement sincère.

Rider s'écarta aussitôt de la porte, espérant qu'elle serait assez large pour laisser entrer Kerges. Elle remarqua sa mine déconfite, mais ne fit aucune remarque, puisqu'elle n'était pas suffisamment proche de lui pour se permettre quoi que ce soit, et qu'elle ne connaissait pas la ou les raison(s) d'un tel état d'esprit.

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Kerges n’avait pas espéré être accueilli par la maîtresse de maison en personne. Il en fut ravi, cela lui éviterait de devoir attendre ou de déranger d’autres personnes. Il s’inclina légèrement, ses forces déclinantes ne lui permettaient pas plus. Il prit la parole d’une voix faible et triste… vraiment morne en fait, presque éteinte, comme lui.

- Bonjour, dame Rider, c’est un plaisir de vous voir, même si c’est une sombre nouvelle qui m’amène à vous en ce jour. Et oui, je suis venu pour réclamer votre aide, il va me falloir vous déranger pour respecter les derniers vœux de Nisis. Ce n’est pas de refus, je vous expliquerai cela plus en détail une fois que nous serons à l’intérieur.

Kerges passa la porte sans problème, ses flancs émaciés passaient même facilement. Il déposa ses armes et armure dans l’entrée, comme on laisse une veste. Il faisait confiance à dame Rider. Elle était une cliente de l’antre et il n’avait jamais eu de problèmes avec elle. Il alla vers ce qui semblait être le séjour. Suivant la direction indiquée par dame Rider. Il arriva dans la pièce et s’installa comme il le faisait toujours, assis par terre à coté du fauteuil qu’il aurait occupé s’il n’avait pas eu l’arrière train d’un lion. Il laissa dame Rider reprendre place. La boisson laissait entendre quelle place elle avait occupée avant de venir lui ouvrir.

- Vous n’êtes pas sans ignorer le malheur qui a touché la demeure où je vis. Je ne suis plus un soumis, j’ai été affranchi. Nisis voulait que je continue le travail à l’antre, mais il me faut savoir votre avis sur la question. Je suis venu vous déranger pour cela. Shion Akage Oyada a insisté pour que cette affaire suive la voie normale.

Kerges avait une toison terne. Le soleil qui ornait sa toison semblait être mort avec sa douce Nisis. Il s’occupait des enfants, mais ceux-ci étaient souvent chez Ishina, la compagne démoniaque de Nisis. Ishina s’occupait de quatre enfants, dans ses moments là. Kerges Attendait la réponse de Rider, mais une larme, à la pensée de Nisis, vint rouler sur sa joue. Il cachait mal son mal être depuis qu’elle était partie pour les éons, comme l’avait dit Shion…

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La voix de Kerges exprimait aussi parfaitement son état actuel, et Rider, sans pouvoir prétendre comprendre sa douleur car elle devait être bien trop forte pour pouvoir l'imaginer, avait mal au cur en voyant le wemic si abattu. Elle s'était écartée pour le laisser entrer et l'avait laissé déposer ses armes dans l'entrée, ses intentions étaient donc pacifiques, mais elle n'en avait jamais douté. Elle ne comprenait pas tout, car en quoi les dernières intentions de Nisis la concernaient-elles ? Elle ne posa aucune question, il était préférable de discuter à l'intérieur. Cela avait certainement un rapport avec l'animalerie. Elle enjamba ce que l'hybride avait laissé là sans problème, et l'invita ensuite à entrer dans le séjour parfaitement rangé, mis à part la bouteille qui traînait maintenant sur la table basse. En passant près d'une porte, elle se saisit d'une robe de chambre qui était accrochée à la poignée, et l'enfila avant de resserrer la ceinture autour de sa taille.

Je suis désolée de vous recevoir dans cette tenue, je n'attendais personne, en réalité…

La grande peluche était d'ordinaire très sympathique, et sa venue jusqu'ici ne dérangeait pas l'ange qui fit un tour dans la cuisine afin de faire chauffer un peu d'eau et de sortir deux tasses du ventre d'un placard. Elle plaça un sachet dans chacune d'entre elle, et rejoignit ensuite son convive, installé près d'un fauteuil. Elle s'assit à son tour sur le long divan où elle était précédemment affalée, elle voyait mieux son interlocuteur de cette place. Il était beaucoup plus mince qu'à leur dernière rencontre, et ne semblait vivre qu'en usant de ses dernières forces. Rider ne connaissait pas cette sensation, celle qui donnait l'impression à deux êtres de pouvoir vivre que l'un à travers l'autre, que l'un avec l'autre. Mais elle devinait que Kerges l'avait ressentie très longtemps auprès de Nisis. Elle l'écouta donc prendre la parole avec une très grande attention, et opina ensuite du chef.

En effet, je sais ce qui est arrivé à dame Fallen, toutes mes condoléances, répondit-elle d'une voix monocorde, ce genre de choses la mettant franchement mal à l'aise. Elle ne savait pas ce qu'elle pourrait faire pour consoler son compagnon, elle n'en était peut-être pas capable… Mais pourquoi mon avis vous est-il nécessaire ? J'avoue que je ne sais pas en quoi il pourrait vous être utile.

Elle observa la longue larme perler sur la joue du lion. Elle n'avait pas dû être la seule. Alors, la jeune femme se leva, et contourna la table basse avant de s'accroupir devant l'hybride. Elle entendait parfaitement l'eau qui bouillait, dans la cuisine. Sa manche alla recueillir la larme esseulée de l'hybride, avec délicatesse, évitant les vibrisses qui étaient peut-être sensibles. Il avait vraiment tout du roi des animaux, mais il possédait également un cur d'homme, qui se morfondait sans la présence de celle qu'il aimait. Elle voulut articuler quelques mots, mais ceux-ci restèrent bloqués dans sa gorge. Elle referma donc les lèvres qu'elle avait entrouvertes, et caressa la crinière du félin, prête à parer les autres larmes qui pourraient suivre. Un sourire amer et désolé se peignit sur so visage, elle aurait préféré sourire avec plus de joie pour la transmettre à son interlocuteur, mais elle en était incapable. Brièvement, elle le serra dans ses bras, un peu timide, puis se releva pour se diriger vers la cuisine et verser l'eau bouillante dans les tasses. Elle laissa un peu infuser, et apporta ensuite celles-ci au wemic, lui présentant le plateau où elles reposaient afin qu'il se saisît de l'une d'elles.

Sachez néanmoins que cela ne me pose aucun problème.

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Kerges observa Rider, mais ne releva pas la tenue légère qu’elle portait. Il avait bien d’autres choses en tête et vraiment mieux à penser. Il devait faire les dernières volontés de sa douce Nini et cela passait par cette maison dans un délai de trois mois. Il rassura la dame a ce sujet…

- Ne vous inquiétez pas de cela, j’ai d’autres choses en tête et puis, vous êtes chez vous et je vous dérange. C’est à moi de m’excuser pour cette intrusion en cette fin de journée…

Kerges restait poli, malgré sa voix qui était monocorde. On aurait cru un enregistrement mécanique. Rider fit ses condoléances et une larme roula, une fois encore de son regard vers le sol. Pourquoi la mort était-elle si dur pour ceux qui restaient. C’était un des mystères de cette transition après la vie… Rider voulait en venir au sujet de la visite et c’est vrai qu’il était temps de parler de cela. Il n’allait pas déranger trop longtemps Rider. Elle devait avoir mieux à faire que de recevoir un wemic en loque chez elle…

- Il est d’obligation légale d’avoir l’aval des autres boutiques dans ce genre de reprise, surtout parce que je ne suis ni un ange, ni un démon. J’ai déjà l’avis de Jack et Shion m’a dit de parler avec au moins une personne du personnel de l’animalerie. Et comme j’ai toujours eu un bon contact avec vous, je suis venu vous voir. Et donc, je suis ici pour cela, une visite bien officielle entre le propriétaire de l’antre pour légitimé la place et vous, qui travaillez à l’animalerie.

Kerges avait donné son explication et le souffle commençait à lui manquer. Il était bien trop faible. Il se sentit vaciller, mais il ne tomba pas, prenant une grande inspiration, il réussit à maintenir son équilibre et son attention. La dame vint essuyer une larme et elle le prit brièvement dans ses bras. Il la serra contre lui en se rappelant Nisis, lorsqu’elle faisait pareil. Il la laissa reprendre sa place. Il n’était pas là pour la déranger aussi fort…

- Si cela ne vous pose pas de problèmes, je vais vous demander de signer les papiers que Shion m’a donnés. Une fois que ce sera fait, j’aurai accompli une des premières volontés de Nisis. Elle voulait que la vie continue, même sans elle…

Kerges ne finit pas sa phrase, mais il la pensa, il pense que c’était bien dur sans elle, sans sa joie de vivre et ses petites lubies du moment. Il se rappelle la tenue d’elfe pour les fêtes de fin d’année, et celle de la cuisine. Une vraie folie mais elle était si douce et agréable, cette folie là…

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L'état dans lequel se trouvait le wemic peinait fortement Rider. Elle l'avait vu jovial et en pleine forme, et le contraste entre ces deux images de lui était saisissant. Elle était très sensible à ce genre de choses, d'autant plus qu'elle savait ce qui s'était passé au domaine Fallen. Elle n'avait vu Nisis que quelques rares fois, leurs boutiques se trouvaient dans la même avenue, avec celle de Jack Koupl, mais chaque commerce faisait ses affaires sans se soucier des autres. L'animalerie était un peu spéciale dans la mesure où les nekos choisissaient eux-mêmes leur maître, mais elle avait cru comprendre que cela commençait aussi à se faire à l'antre dont Kerges s'occupait la plupart du temps. C'était lui qui lui avait vendu Ayame, avec une jeune fille ailée, une sorte de fée, Oriane. Elle écouta la peluche lui expliquer la raison de sa venue, et pourquoi son avis lui était utile. Elle fut surprise, elle pensait qu'il irait demander à Kyôhei, puisqu'au départ de Sevoth, il avait très vite repris la boutique et il en était devenu le directeur, gardant l'ange auprès de lui en tant que vendeuse, par la même occasion. Mais elle connaissait son avis sur ce genre de choses, et pensait pouvoir répondre pour lui sans se tromper.

Je vois. Je suis un peu étonnée malgré tout, je pensais que vous iriez voir Ky… monsieur Yamato pour ça., se corrigea Rider in extremis. Cependant, je pense pouvoir dire que cela ne le dérangerait absolument pas. Nous nous occupons tous de nos commerces du mieux que possible, et si vous êtes le mieux placé pour gérer l'antre, je ne vois pas en quoi votre statut d'hybride poserait problème, puisque les autorités vous ont aussi donné leur accord.

Rider serra brièvement Kerges dans ses bras et essuya la larme qui avait coulé sur sa joue. Elle était ensuite revenue auprès de lui avec deux tasses de thé, elle lui en tendit une puisqu'il n'en prenait pas, elle avait remarqué sa faiblesse sans avoir pitié, elle voulait au moins lui offrir ce petit quelque chose.

Dame Fallen… commença l'ange, un peu hésitante. Dame Fallen a laissé des enfants derrière elle, non ? Elle se leva et revint près de son interlocuteur et s'assit définitivement, cette fois-ci, après s'être saisi d'un stylo et de sa paire de lunettes ovales qu'elle percha vite sur son nez, le tout était étendu sur une commode, près d'une tablette de médicaments, ces mêmes médicaments qui n'avaient plus servi depuis longtemps. Elle priva le bic de son bouchon, prête à signer tout ce que lui donnerait le gérant de l'antre. Elle ne connaissait ledit Shion que de nom, il s'agissait du secrétaire communal, mais elle avait cru comprendre qu'il partageait son avis sur la question du statut des soumis. Cela expliquait pourquoi il avait aussi autorisé le wemic à gérer l'antre des hybrides, désormais. Elle espérait que parler des enfants détendrait d'ailleurs un peu Kerges.

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