Premier contact avec la propriété d'Archibald

Comme un film tourné au ralenti, la porte de l'atelier s'ouvrit sans bruit. Archibald entra dans la pièce inondée de soleil. Arthur battit des paupières une ou deux fois et entra à son tour. Le parquet craquait sous ses pas et une odeur (oui, il marche beaucoup avec les odeurs XD) de crayons et de tissus lui chatouilla les narines. La pièce était particulièrement belle et agréable, ça, même lui pouvait le reconnaître. Il y respirait une ambiance qu'Arthur imagina propice à la création.

Arthur comprit sans peine pourquoi elle était la pièce préférée du créateur de mode. Il s'avança prudemment, de peur de déranger quoique ce soit ou de casser quelque chose. Il circula entre les tables et s'approcha des tissus. C'était la première fois qu'il en voyait autant de couleurs si différentes et de textures si variées. C'était plus fort que lui, il avait envie de les toucher. Approchant la main, il se reprit au dernier moment et se retourna.

"Pas de problème." répondit-il aux instructions d'Archibald.

De toute manière, il n'aurait pas voulu les ouvrir. Il préférait la lumière dorée et moins vive que les stores permettaient d'avoir plutôt que la lumière crue du soleil. Cela avait quelque chose d'apaisant, avec le bois et l'ensemble du mobilier.

"C'est vraiment une belle pièce." dit-il, ne se rendant pas compte que c'était la première parole positive de la journée qu'il venait de prononcer.

Pendant l'espace d'un instant, il en oublia jusqu'à sa situation et admira simplement le travail qui était fait ici. S'il n'aimait pas vraiment le style des vêtements d'Archibald, en revanche et même si cela défiait toute logique, il aimait ce qu'il regardait sur les murs, sur les bureaux.

Archibald sentit son coeur battre plus fort.
Son soumis aimait son atelier! Faut dire que c'était une pièce fort agréable.
Il le vit tenter de toucher du tissu puis se raviser. Il n'osait pas? C'était mignon! Peut-être était ce là une vocation qui se réveillait...
Allez savoir.

"Tu peux les toucher ça ne va pas te manger. Et je ne pense pas que tes mains soient sales au point de tacher le tissu de manière irréparable. Touche!" dit-il en posant sa main sur celle de l'humain pour le forcer à toucher un tissu de soie.

"Celui là vient de loin, bien plus loin que les frontières de la ville." dit-il en retirant sa main comme si de rien n'était.

"Il y a plein d'étoffes précieuses! dit-il en s'approchant des dévidoirs. "plein d'étoffes qui coutent cher, certaines qui ne feront office que de détail sur les créations finales, mais qui feront toute la différence! Celle ci vient d'une contrée lointaine et tient très chaud. Celle là en revanche est très douce, une vraie caresse, mais il faut plusieurs années pour obtenir un rouleau de cette taille!" continua-t-il enjoué.

"En tout cas je suis content que tout ça te plaise!" dit-il en faisant tinter ses ciseaux.

Arthur vit s'approcher Archibald avec surprise. Il avait visiblement remarqué son geste pour toucher le tissu. Le jeune homme fut pris de court lorsque le démon lui prit la main pour la poser sur le tissu. Il ne rougit pas mais il battit plusieurs fois des paupières, très peu habitué à ce genre de geste délicat de la part d'un maître mais également à ce genre de tissu. Il fut stupéfait par la douceur du tissu et le caressa du bout des doigts.

"Je n'ai jamais rien touché de tel." laissa-t-il échapper.

Il retira sa main quand Archibald reprit la parole et il l'écouta lui expliquer d'où venaient les étoffes et leurs différentes caractéristiques. Il était pour ainsi dire impressionné. A vrai dire, c'était la première fois qu'on lui expliquait ces choses et puis Archibald avait le sens du commerce et donc la parole facile. S'il pouvait l'exaspérer par ses blagues douteuses, en revanche, on sentait qu'il maîtrisait parfaitement son métier.

Il ne put s'empêcher de toucher le dernier tissu présenté par Archibald. Ses sourcils se haussèrent d'étonnement. La matière était encore plus douce que la soie.

"Incroyable." fit-il avec un mini-sourire.

Arthur releva la tête et posa son regard doré sur Archibald. Pour la première fois de la journée, il ne le regardait pas avec autant de méfiance et vraisemblablement, on aurait pu parler de gentillesse dans son regard.

"Ca doit être très agréable à porter." remarqua-t-il, sans arrière pensée aucune.

Archibald sentit que ses relations avec son soumis se faisaient plus... Détendues.
Visiblement, le petit ne rejettait pas tout ce que faisait Archi en bloc, mais bon. Quand on avait ce genre de tissu merveilleux sous les doigts... On ne pouvait qu'apprécier les merveilles de la nature.

"Oui c'est vraiment agréable, notamment par les jours de grosse chaleur ou on ne supporte aucun vêtement, ceux taillés dans ce tissu là sont parfait. Seulement il faut y mettre le prix." soupira-t-il.

"M'enfin, j'ai un gros rouleau. Donc... si tu travailles bien et que la chaleur se fait insupportable, pourquoi ne te ferais-je pas un vêtement dans cette matière, après tout? Je ne fais pas partie des maîtres sadiques. C'est heureusement un... Trait de caractère familial qui ne s'est pas marqué dans mes gènes." dit-il le regard dans le vague en songeant à ses deux tarés de père et soeur, complètement à la masse. Il ne lui manquaient pas, tiens.

Il resta un court instant songeur. Que faisait sa famille? Il ne retournait les voir que très rarement, et pour un laps de temps très court, autant qu'il pouvait en supporter. Qui plus est, ils n'avaient jamais mis un pied dans sa boutique... Et c'était trèèèès bien comme ça.

"Bref. Mais sinon pour l'hiver on a..."

Il sortit une chute de tissu brun orangé (comme son sac renard, j'sais pas si tu l'as vu X3) tout poilu, une fourrure artificielle qui brillait comme un poil naturel bien lustré.

"Je suis sûr que je pourrais en faire des choses intéressantes. Reste à savoir quoi, et sans tomber dans le mauvais goût." fit-il en chatouillant le nez d'Arthur avec la fourrure.

[non je vois pas =x]

Arthur opina du chef quand Archibald lui expliqua les propriétés maaarveilleuses de son tissu. Il ne s'y connaissait rien en tissu mais d'après ce que son nouveau maître venait de lui apprendre, il n'avait aucun mal à s'imaginer qu'il fusse relativement cher. Temps de fabrication long + très bonnes qualités = $$$ Même l'esprit étriqué (?) d'Arthur était capable de faire cette simple addition.

Cela expliqua qu'il regarda Archibald avec des yeux plus que ronds quand il se demanda ouvertement s'il ne lui fabriquerait pas un vêtement dans cette matière. Arthur fut encore plus surpris par le reste de sa phrase et dévisagea Archibald avec un étonnement sans fin. Déjà qu'un démon pense à offrir un vêtement de cette nature à un soumis dépassait l'entendement d'Arthur mais alors qu'il reconnaisse que ses congénères, sa famille même !, puissent être sadiques et le déplorer laissaient notre homme complètement ébahi.

Pour sûr, ça n'aurait pas été Zord qui aurait tenu ce genre de propos... Le démon était lui persuadé que la principale fonction du soumis était d'encaisser tout de sa perversité. Mieux, il haïssait ouvertement les démons qui laissaient montre d'un tant soit peu d'attention envers leur propriété. Tout à ses réflexions, il n'entendit que d'une oreille Archibald lui dire que pour l'hiver un autre tissu serait mieux approprié.

Ce ne fut que lorsqu'il vint lui chatouiller les narines qu'il sortit de ses pensées et fronça le nez avant d'agiter la main comme pour chasser un moustique. C'est alors qu'il se rendit compte qu'Archibald attendait une remarque mais l'homme aurait été bien incapable de lui en donner une.

"Oui, oui." fut la seule chose qu'il trouva à dire.

Cependant, la réflexion précédente d'Archibald continuait à le turlupiner et c'est pourquoi, fronçant les sourcils et croisant les bras d'un air légèrement suspicieux, il demanda : "Vous êtes sérieux quand vous dites que vous êtes heureux que les gènes sadiques ne vous aient pas été transmis ?"

Et oui, si Arthur ne parlait pas toujours beaucoup, il n'y allait toutefois pas par quatre chemins quand il avait en tête une question.

Archi s'était attendu à une remarque ou un geste désagréable du soumis pour son chatouilli poilu (à ne pas ressortir du contexte) ou alors à une franche rebuffade, genre geste brutal du poignet ou..?

Mais non. Visiblement les neurones du petit Arthur tournaient à plein régime. Et Dieu sait que pour ce genre de... Guerrier, les rouages étaient enlisée dans une boue de testostérone qui faisait peiner le cerveau, niveau vitesse.
Il avait été surpris par l'offre d'Archi. Allons, est-ce qu'Archi avait une tête de tortionnaire?
Il n'était pas dit que la cohabitation avec son petit Athurounet serait de tout repos, mais de là à ne pas l'habiller convenablement, c'eut été un comble pour un couturier aussi brillant que messire Archi.

La fourrure avait l'air de moins intéresser le soumis que l'idée d'un sadisme sous-jacent (ou absent) dans le caractère de son maître. Quelle idée. Enfin faut dire qu'à Meridell, même si on observait une certaine tendance à la gentillesse dans les moeurs des maîtres, on restait quand même avec de gros tarés de base.

"Oui je suis sérieux." dit-il un peu surpris par cette remarque.

"Si tu voyais ma famille, tu comprendrais. Et puis... J'ai subi pas mal de... Choses durant ma jeunesse, et même si ça a aidé à développer certains de mes pouvoirs, ça ne m'a pas donné envie de perpétuer la tradition." dit-il en haussant les épaules.

"Ne t'inquiète pas. Ni ma famille ni ces... Gens dont je te parle, ne franchiront jamais le seuil de cette boutique. Déjà parce que je ne le permettrais pas et puis... Ils ne sont pas du genre à parler chiffon." dit il du même ton un peu moins joyeux en rangeant la pièce de tissu par kinésie, sans même faire un geste, machinalement.

Vraiment, Archibald bouleversait tous les préjugés d'Arthur. Il avait l'air bien trop sincère pour qu'Arthur songe qu'il ne lui dise pas la vérité. Même si une partie de lui lui répétait de rester méfiant et que les belles paroles du démon n'étaient peut-être là que pour endormir ses défenses, il le croyait. C'était assez déstabilisant, parce que cela faisait longtemps qu'on ne lui avait pas parlé honnêtement. Les dernières personnes qui l'avaient fait se comptaient sur les doigts d'une main. Il y avait sa mère, bien évidemment, et sûrement cette fille qu'il avait rencontrée peu de temps après avoir fui. Et puis cette autre fille... Mais bref, quand même, les menteurs avaient davantage côtoyé la vie d'Arthur que les honnêtes gens. Certains étaient des menteurs tellement minables que même un bébé les aurait reconnus comme tels. D'autres, en revanche, étaient plus sournois mais Arthur avait un don pour les repérer. Et à moins qu'Archibald soit un très, très bon comédien, Arthur pensait qu'il disait la vérité.

*A moins qu'il utilise un de ses pouvoirs pour te faire croire qu'il est honnête !!*

Ah oui, il n'y avait pas songé à celle-là... Enfin, il verrait bien. Pour le moment, il décida de mettre du crédit à ses belles paroles. Tout en gardant sa méfiance naturelle... Mais en le croyant quand même un peu... Mais attention !!

*Ma têêêête !!*

Il plissa légèrement les yeux sous la douleur que son crâne était sur le point de ressentir quand les révélations d'Archibald le sortirent une nouvelle fois de ses pensées. Alors comme ça le démon avait été maltraité durant son enfance ? L'homme plissa davantage ses yeux dorés, cherchant une nouvelle fois à déceler le mensonge. Son coeur avait raté un battement car il se prit à se demander si Archibald n'était pas capable de lire dans les pensées. Si c'était le cas, peut-être avait-il vu/lu ce qu'Arthur avait enduré et essayait-il de se montrer sympathique à ses yeux en imaginant un passé douloureux qu'il n'avait pas eu ?

*Ma têêêête !! T_T*

Il porta sa main à son front l'espace d'un instant quand Archibald conclut que de toute manière, ils ne les verraient probablement jamais à la boutique. Arthur haussa les sourcils, quelque peu étonné. Le visage du démon était plus grave qu'auparavant. Il sursauta légèrement en voyant le tissu flotter dans les airs. Mais sa petite frayeur passa et il se rendit compte que de toute manière, on n'était pas toujours gâté par sa famille.

"Bah, ça arrive de naître dans une famille avec laquelle on n'a pas de point commun. Le principal c'est de vivre sa vie comme on veut." dit-il sur un ton philosophe involontaire.

Archibald eut un petit rire triste.

"Oui c'est... Pas faux." dit-il avec un sourire du même tonneau.

Après tout Archi n'avait-il pas réussi sa vie, avec son magasin, ses créations, et maintenant il pouvait même se payer le luxe de faire un achat d'un soumis, pour l'aider. Si c'était pas la belle vie ça.
Il sentit néanmoins que l'atmosphère s'était alourdie.
On n'avait pas le temps pour le mélodrame, du moins on n'était pas là pour ça. Aussi alla-t-il vers la porte, et fit signe à Arthur de le suivre.

"Si on profitait de la fermeture temporaire pour que tu décharges les cartons?" demanda-t-il en souriant à nouveau.

"Si je peux gagner du temps sur ma prochaine journée de créations, c'est déjà ça. Le temps c'est de l'argent quand on vit dans le monde capricieux de la mode." fit-il en ouvrant la porte, en faisant signe à Arthur qu'il passe devant.

En route, mauvaise troupe!

Arthur haussa les épaules, comme pour appuyer ses dires tandis qu'Archibald semblait reconnaître qu'il y avait une part de vérité dans ce qu'il venait de dire. Puis, Archibald lui proposa de décharger les cartons et Arthur accueillit cette idée avec, sinon plaisir, du moins de bon coeur. Faire travailler les muscles de ses bras le tentait pour soulager le muscle qui lui servait de cervelle.

"Très bien." répondit-il.

Il suivit Archibald et emprunta les escaliers qui les menèrent jusque dans l'arrière-boutique. Un peu d'exercice ne lui ferait décidément pas de mal. Il avait l'impression d'avoir rouillé pendant ces jours passés au local à humains et lui qui avait pris l'habitude de beaucoup marcher chaque jour en ressentait le manque.

"Où sont les cartons ?" demanda-t-il tout en ôtant ce qui lui tenait lieu de veste.

Il était en simple chemise en coton blanche, de pas très bonne qualité mais au moins à sa taille. Il déboutonna les manches et les retroussa au-dessus des coudes. En attendant les instructions d'Archibald, il posa les mains sur les hanches.

Oouuhhhwwww! Calmos Archi, pour un hétéro secrètement légèrement refoulé, il était quand même sur la tangente, simplement parce que son soumis avait viré un peu du haut... Faut dire qu'il ne lui avait pas tapé dans l'oeil qu'à moitié le petit là.
Il avait chaud d'un coup là. Une hausse des températures? Ça devait être... Oui, allons prendre l'air, les cartons étaient dans l'arrière cour. Heureusement qu'il était métamorphe. HEUREUSEMENT!
Il passa la petite porte de métal et montra du doigt à Arthur une pile de cartons qui attendaient là.
Livraisons qui se tenaient au sec sous un petit hangar, depuis un moment.
De temps à autres Archi faisait appel à ses voisins parce que hors de question d'abimer ses mains.
Bon au moins le soumis avait l'air heureux de faire fonctionner autre chose que sa cervelle. Au moins il y en avait un que la corvée rendait heureux.

"Tout ceux là. Dans mon atelier s'il te plaît." dit-il poliment.

Il aurait été incapable de donner un tel ordre sans utiliser la politesse.
Même avec une vue aussi... HUUUMM.
Bref. Il regarda son soumis avec un graaannnd sourire plein de promesses.

Arthur suivit Archibald dans l'arrière cour et fut surpris de découvrir autant de cartons. Il écarquilla les yeux mais cela ne le fit pourtant pas fuir. Redressant à nouveau ses manches, il se dirigeait déjà vers les cartons quand Archibald lui demanda de les monter dans l'atelier. Il eut du mal à dissimuler la surprise que l'emploi de la politesse provoqua chez lui mais cela ne dura qu'un instant. Après tout, il commençait à se faire à l'idée qu'Archibald n'était pas nécessairement un démon si méchant que ça.

Il prit le premier carton à bras le corps, sans trop se méfier et retint un juron. C'était que c'était lourd l'air de rien... Enfin, Arthur était un homme, un vrai è.é/, avec des muscles taillés pour porter des cartons. Aussi se redressa-t-il et entama le premier de nombreux allers-retours.

Au bout d'une heure, il avait sacrément chaud (prépare tes mouchoirs XD) et sa chemise commençait à coller à son dos plein de sueur. Aussi, sans se soucier de la présence d'Archibald, il l'ôta et la posa dans un coin avant de reprendre son labeur. Il découvrit ainsi un corps parfaitement musclé (bah oui, obligé u.u). Quelques cicatrices dans le dos et sur son torse laissaient deviner ses nombreuses bagarres et ses anciennes blessures de maltraitance. D'ailleurs, la blessure assez récente qu'il gardait au flanc droit le tirait un peu, mais il n'y prêta pas attention. Son pansement était un peu tâché de sang mais rien de bien méchant.

Au moins cette activité physique lui faisait-elle du bien et déjà toute la rage qu'il avait accumulée depuis ces quelques jours semblait se calmer.

Archi surveillait le flot de cartons, ramené par un Arthur plus à l'aise, maintenant qu'il pouvait faire jouer ses muscles.
Décidément ils étaient aux antipodes l'un de l'autre, pensa tristement Archi.
Mais bon, un coup de coeur était un coup de coeur, il ne devait pas regretter son achat. Après hein, l'entente... Ça se ferait comme ça se ferait.
Au bout d'un moment, Arthur sembla avoir... Très chaud.
Il en fit... TOMBER SA CHEMISE POUR SE RETROUVER TORSE-NU! Archi fit vraiment appel à tous ses pouvoirs de métamorphe (j'ai failli écrire "métamorphomage" XD) pour cacher ses rougeurs et ses... Vapeurs de jeune fille en fleur.
Mais qu'est ce qui...
Il fit mine de consulter le petit carnet qu'il avait toujours dans la poche, comme pour faire le compte de ses cartons.... Qu'il avait déjà recompté quinze fois.
Il osa un coup d'oeil vers Arthur... qui semblait être couvert de cicatrices et qui avait une plaie ouverte.... Un pansement un peu sanglant.

"Arthur! Arrête! Pose ce carton!" dit-il presqu'en criant (il était loin d'Arthur qui commençait à remonter vers l'atelier).

"Qu'est ce que tu as... Là?" demanda-t-il avec une nuance d'effroi dans la voix.

Arthur ne faisait pas attention à Archibald, ni aux coups d'oeil qu'il lui lançait. De toute manière, il le pensait concentré sur ses chiffres ou ses créations. Après avoir ôté sa chemise, il prit un autre carton et s'avançait déjà dans les escaliers quand Archibald lui hurla presque de s'arrêter. L'humain se retourna en tenant toujours le carton dans les bras.

"Pourquoi ? J'dois pas le monter celui-là ?" demanda-t-il.

Mais là n'était pas la question. Archibald pointa du doigt sa blessure et Arthur se tordit le cou pour voir ce qu'il désignait.

"Oh ça ! C'est rien du tout. Une petite égratignure."

Cependant, il constata qu'il avait rouvert sa blessure. Cela l'embêtait plus que cela lui faisait mal.

"Ca va pas m'empêcher de monter les cartons." ajouta-t-il en reprenant l'ascension de l'escalier.

*Zut, il va peut-être faire un scandale car sa "marchandise" n'est plus de très bonne qualité... J'aurais pas dû enlever ma chemise.* songea-t-il, légèrement ennuyé.

Il eut le temps de poser le carton et redescendit quatre à quatre les marches pour reprendre sa chemise qu'il repassa en boutonnant juste un bouton au milieu.

"C'est vraiment rien." insista-t-il.

Archibald grommela. Le soumis n'en faisait qu'à sa tête.
Il le stoppa donc par kinésie quand ce dernier remit sa chemise. Il la lui fit enlever par la même technique, et s'approcha pour mettre son nez sur la blessure, après avoir viré le pansement.
C'était pas beau à voir. Dommage qu'Archi n'ait pas de don de guérir ses blessures, bizarre d'ailleurs qu'il n'ait pas développé ce don après les brimades qu'il avait pu subir.

"Comment tu t'es fait ça?" mumura-t-il en regardant la blessure d'Arthur.

Puis il se releva, très pâle. Le sang et lui ça faisait deux, et il ne voulait pas tourner de l'oeil non plus... Pourtant ses jambes commencèrent à le trahir et il dut se laisser tomber contre le mur pour ne pas choir à même le sol.

"Laisse moi deux minute et... Je m'en occupe." dit il les yeux toujours fermé, se sentait un peu mal.

Arthur fut à nouveau soumis au pouvoir de télékinésie d'Archibald. Arrêté dans ses mouvements, il ne put pas mettre davantage sa chemise et la vit d'ailleurs se déboutonner toute seule et voler plus loin. Son pansement subit le même sort et Arthur serra les dents car ça faisait quand même un peu mal de se voir retirer un pansement collant et collé aussi brutalement.

"C'est vraiment rien !" insista-t-il quand Archibald se pencha sur sa blessure.

Il avait repris sa liberté de mouvement et se mit légèrement de côté pour écarter sa blessure de la vue d'Archibald.

"C'pas important." grommela-t-il quand il lui demanda comment il s'était fait ça.

*Mais c'est ce qui a permis à des personnes de me récupérer pour me vendre au local à humains.* pensa-t-il avec amertume.

Bon, sa pensée était un peu ambigüe. On aurait pu l'interpréter comme :"On m'a blessé pour me récupérer." alors que les deux événements n'étaient pas le moins du monde liés. C'était plus un concours de circonstances fâcheux qui avaient fini de l'amener là. C'est alors qu'Archibald pâlit et s'adossa contre le mur. Arthur le regarda avec surprise.

"Est-ce que ça va ?" s'enquit-il.

"Vous êtes tout pâle..." remarqua-t-il en arquant un sourcil.

Archi? Tout pâle, devant une plaie ouverte?
Ça alors! C'était une surprise! Du moins pour le soumis. Parce que pour Archi... Mais quelle idée de pointer son nez pile devant cet amas de chaires meurtries, sanguinolentes...
Il réprima un haut le coeur.

"Va... Non attends, viens-là." dit-il à son soumis en lui faisant signe de venir vers lui pour le soutenir.

"J'crois qu'on va attendre pour les cartons, hein." fit-il d'une voix faible, comme si c'était lui le blessé.

"Je ne supporte pas vraiment... La violence, le sang, les plaies..." s'excusa-t-il.

"Je sais pas ce qui m'a pris de t'arracher ton pansement comme ça, surtout qu'il y avait du sang... Mais je me suis inquiété, je ne veux pas que mes travaux n'aggravent tes blessures... On... Va te soigner hein. Après, on avise." dit il en attendant que le soumis arrive et le soutienne.

Il y avait une trousse de soin près du comptoir, au cas où des clients se feraient mal.
Les clients étaient roi, et il n'était pas question qu'un bobo vienne contrarier leurs achats.

Arthur était vraiment décontenancé par la réaction d'Archibald qu'il jugeait disproportionnée. Jetant un regard à sa blessure, il la jugea plus proche de l'égratignure que de la plaie béante et sanguinolente qu'elle paraissait représenter aux yeux de son maître. Enfin, il ne put s'empêcher de noter mentalement que la vue du sang était une faiblesse pour le démon. Un bon point pour lui... même s'il voulait lui infliger une cuisante correction, cela ne pourrait jamais aller trop loin car le démon ne supporterait sans doute pas la vue du sang d'Arthur.

Attendant que son maître se décide, Arthur repassa sa chemise et la reboutonna, histoire de cacher un peu sa plaie aux yeux du démon.

"C'est pas bien grave, je vous assure. Ce n'est pas quelques cartons qui allaient ouvrir ma plaie davantage." dit-il en s'avançant vers Archibald pour le soutenir.

Passant un bras autour de sa taille, il lui prit un bras pour qu'il le passe autour de ses épaules.

"Mais j'avoue que retirer aussi brutalement mon pansement n'était pas une très bonne idée." se risqua-t-il à remarquer.

Archibald lui expliqua où ils pourraient trouver une trousse de soins et Arthur l'emmena dans la boutique. Pour autant, il lui semblait que c'était davantage son maître que lui-même qui en avait besoin.

"Asseyez-vous là." proposa-t-il en tirant vers eux un tabouret installé derrière la caisse.

Lorsque cela fut fait, il jeta un coup d'oeil et repéra rapidement la mallette, rose avec une croix de soins customisé rouge.

"Hum... C'est ça ?" fit-il en brandissant ce qu'il aurait cru être une mallette de petite fille.

Archi se laissa porter comme une jeune fille en fleur, par la taille.
Il en aurait rougit si son pouvoir métamorphe n'avait pas fait son petit effet au bon moment. Réflexes de survies, gloire à vous! Dire qu'il devait ça à cette bande d'ahuris qui l'avaient malmenés... S'ils avaient su à quel point ça l'avait aidé tous ces sévices affreux et pénibles qui avaient forgé son caractère, le faisait passer de petite chose malmenée à grand couturier charismatique... Mais bon.
C'était pas la peine de faire semblant de penser à autre chose que les mains de son soumis sur sa taille, ce contact était trop dérangeant, trop agréablement et formidablement dérangeant...

Fort malheureusement, il finit par être posé sur le tabouret.
Dire qu'il se faisait trimballer alors que c'était lui qui devait soigner son soumis aux affres de la souffrance, au sang qui coulait à flot de cette blessure hideuse et douloureuse! Enfin, aux yeux d'Archi.

Il respira un court instant avant de devoir reposer ses yeux sur Arthur.
Oui la jolie trousse rose bonbon était la sienne. Dire qu'il avait encoooore oublié de changer cette croix rouge disgracieuse qui jurait avec le rose! Mais quel bêta.
Enfin. Arthur devait s'en moquer pas mal mais bon.
Il prit la boîte, l'ouvrit et regarda le contenu.

"Bon ben puisque c'était pas une bonne idée... On va le remettre ce pansement. Tu as été désinfecté?" demanda-t-il d'un ton plus gaillard.

Archibald avait l'air de commencer à aller mieux. Il semblait à Arthur qu'il avait repris quelques couleurs, sans qu'il puisse se douter une seule seconde de ce qui se passait dans la tête du démon. Il fut pris au dépourvu par la question d'Archibald. A vrai dire, il ne le savait pas car il avait été amené au trois quart inconscient au local à humains et s'était réveillé avec la mauvaise surprise de se découvrir en pareil endroit. Il avait alors juste pu constater qu'on l'avait soigné. Maintenant, la logique voulait qu'elle ait été effectivement désinfectée puisqu'elle n'avait pas empiré dans les jours qui avaient suivi.

"Il me paraît que oui." finit-il par répondre.

Il jeta un coup d'oeil au contenu de la boîte puis à Archibald.

"Vous savez, je peux le faire moi-même, je ne voudrais pas que vous tombiez une nouvelle fois dans les pommes." remarqua-t-il.

Il fut surpris lui-même par ses propres paroles. Au contraire, qu'Archibald tombe dans les pommes aurait été un atout pour lui et il aurait pu tenter de s'enfuir avec probablement plus de succès. Il lui suffisait pour ça de soulever sa chemise et de lui montrer sa blessure... Mais non, ses lèvres avaient remué avant que sa raison ne les contrôle. Etait-il en train de se lier d'une quelconque façon à son maître ?! Cette pensée lui mit le rouge aux joues l'espace d'un très court instant. Heureusement, cela passerait probablement inaperçu étant donné que l'effort qu'il avait fourni pour monter les cartons s'était déjà chargé de lui colorer gentiment les pommettes.

Tiens donc, son soumis commençait à montrer des marques d'affection? Ou plutôt peut-être des marques de bonne éducation. Ce genre d'éducation qui faisait sortir des phrases polies et affectées par réflexe sans pour autant en penser un traitre mot. Mais le rougissement de l'humain qui lui n'avait pas les capacités merveilleuses d'Archi ne passa pas inaperçu, même s'il fut extrêmement fugitif.
Est-ce qu'il devait attribuer les rougeurs aux pensées du soumis, ou à l'effort fourni pour remonter le matériel?
Hum hum (Ombrage spotted), il faudrait surveiller ça, pensa Archi avec un sourire.

"Hum, bon, dans le doute..."

La bouteille de désinfectant se leva, s'ouvrit, et un coton vint la rejoindre pour danser la valse anti-bactérienne de la désinfection, et le coton fatigué du pas de valse se posa avec délicatesse sur la plaie du jeune homme, et la tamponna gentiment mais fermement. La bouteille privée de partenaire se reposa dans la boite, le bouchon sur le nez.

"Excuse moi de ne le faire que de loin mais je n'ai guère envie de mettre mon nez là dedans, malgré mon désir de te soigner." dit-il avec un ton d'excuse.

Assis sur son tabouret, le coude sur le comptoir et la main sous le menton, il jeta un oeil à la boite de pansement qui se mit aussitôt à s'affairer pour la suite du programme.

Arthur détourna le regard d'Archibald pour voir le flacon de désinfectant s'élever dans les airs. Il était quelque peu impressionné par cette manifestation du pouvoir du démon. Il pouvait donc vraiment contrôler les objets et les faire non seulement léviter mais également les utiliser comme s'il avait usé de ses propres mains. Il ne broncha pas quand le coton imbibé d'alcool nettoya sa plaie. De toute manière, la blessure était à présent quasiment cicatrisée et pas assez ouverte pour que cela le pique assez pour provoquer une réaction.

Archibald fit de même avec les pansements et en moins de deux minutes, le bandage d'Arthur était fait. Il y jeta un coup d'oeil et hocha de la tête.

"C'est parfait, merci." dit-il.

Arthur ne décrocha pas un autre mot. En son for intérieur, il était toujours surpris de la réaction qu'il avait eue quelques minutes plus tôt. Cela ne lui ressemblait pas de se préoccuper du sort d'un démon. Enfin... il décida de mettre ça sur le compte d'un réflexe purement basique. Après tout, même s'il était ronchon, il n'était pas du genre à se désintéresser totalement du devenir des êtres vivants, quels qu'ils soient.

"Vous avez des toilettes ?" demanda-t-il finalement, souhaitant un peu se soustraire à la vue d'Archibald.

Archi rangea la boite toujours sans la toucher.
Des toilettes? Est-ce qu'il supposait que le grand, merveilleux et charismatique Archi pouvait éventuellement déféquer? Mais quelle grotesque plaisanterie, lui, faire quelque chose d'aussi grossier?

"Bien sûr que non." dit il en haussant les épaules.

"Il faut aller dans le caniveau." continua-t-il sur le même ton.

Bien sûr, il faisait marcher son soumis. Mais sa question était un peu étrange: bien sûr qu'il y avait des toilettes. Bon, d'accord, c'était une manière de parler pour demander leur localisation, mais Archi avait envie de titiller un peu son soumis histoire de se remettre d'aplomb après ce petit passage à vide.

[ptdr XD ça me rappelle un sketch de Dubosc qui explique que les stars n'ont pas besoin de toilettes et s'en servent pour des bains de pied XD]

Arthur écarquilla les yeux de surprise quand Archibald répondit avec le plus grand sérieux du monde qu'il n'y avait pas de toilette. Ne comprenant pas de suite que son maître le taquinait, il commença à essayer de se souvenir de s'il avait jamais vu un démon aller aux toilettes. Chez son ancien maître, il y avait des toilettes utilisées par les domestiques mais y en avait-il pour Zord ?...

Soudain perdu et embarrassé, il était prêt à se rendre dans le caniveau. Pour la petite commission cela ne lui poserait pas de problème. Mais lorsque l'heure de la grosse arriverait, que ferait-il ?

"Eh bien, soit. J'irai au caniveau alors." répondit-il d'une voix blanche.

Cela lui rappela cruellement son statut de soumis. Il ne valait guère mieux qu'un chien. A la limite, il aurait été un chat, il aurait eu droit à sa litière et à un minimum d'intimité. Tournant les talons, son bon sens fit néanmoins travailler ses méninges. Un démon mangeait. Un démon se lavait (ou du moins certains et vu l'aspect de son maître il était évident qu'il était du genre à prendre des bains trois fois par jour si c'était possible...). Un démon avait donc des besoins bien matériels. Et ce qu'il avalait devait donc ressortir. Sous une forme ou une autre.

Se retournant vers le démon, il se sentit proche de la crétinerie végétale : "Vous me faites marcher, n'est-ce pas ?"

[y a de ça oui X3 tiens au fait je me refais HP2, Archi va être plus Lockhart que jamais je crois XD]

Archi ne put s'empêcher de sourire.
Le pauvre Arthur avait été navré un court instant, visiblement Archi lui avait fait plus de mal que de bien en le taquinant, peut-être que rappeler sa supériorité à son soumis n'était pas une bonne idée, pour une première journée?
Surtout avec un caractère pareil.
Le pauvre. Archi s'en voulut un court instant jusqu'à ce qu'Arthur se rende compte de la plaisanterie.

"Bien sûr que je plaisante!" dit il en le prenant par les épaules.

"Par ici." dit-il en le conduisant dans un coin de l'arrière boutique, où une porte indiquait sobrement "toilettes".

"Excuse moi, je ne voulais pas te froisser." dit il avec un sourire en tournant les talons.

Inutile de rester là, il n'allait pas accompagner Arthur dans les toilettes (encore que) et sa présence ne ferait que l'embarrasser. Pourvu qu'il ne fuie pas ! Archi avait fait installer une fenêtre pour éviter les mauvaises odeurs, il ne supportait pas les latrines borgnes qui empestaient les produits chimiques qu'on vaporisait pour éviter les mauvaises odeurs. Pourvu que sa plaisanterie ne donne pas d'idée à Arthur, songea-t-il en se mordant la lèvre.

[tant mieux \o/]

Arthur fut soulagé de voir qu'il s'agissait bien d'une plaisanterie. Mais en même temps, il se sentait un peu stupide d'y avoir cru... Se laissant guider par Archibald, ils arrivèrent devant les toilettes. Le démon s'excusa alors pour sa plaisanterie et Arthur le regarda s'éloigner avec étonnement. Puis il entra dans les toilettes et fit sa petite affaire tout en soupirant. C'était bien la première fois qu'il entendait un démon s'excuser auprès de son soumis, même pour une petite blague dans ce genre.

Se lavant à présent les mains dans le lavabo, il regarda son reflet dans le miroir accroché au-dessus. C'est alors qu'il remarqua la fenêtre au-dessus de la cuvette et il se tourna vers celle-ci. Son coeur rata un battement et plus par réflexe qu'autre chose, il abaissa le couvercle des toilettes et y monta dessus en faisant le moins de bruit possible. Ouvrant la fenêtre, il agrippa son rebord et voulut s'y hisser mais une douleur au niveau des côtes l'en empêcha.

Réprimant un juron, il redescendit et s'assit sur le couvercle des toilettes. Sa petite bagarre avait dû lui fêler quelques côtes... La douleur venait sans doute de là et non pas d'une manifestation physique de sa volonté profonde... Du moins l'espérait-il. Il jura contre lui-même. Qu'est-ce qu'il lui prenait ?

Soufflant un bon coup, il décida que pour le moment, il resterait ici. De toute façon, Archibald n'avait pas l'air d'être un mauvais bougre et il aurait besoin de toutes ses capacités physiques s'il tentait de s'enfuir de Meridell. Il rouvrit le robinet d'eau froide et s'aspergea le visage avant de l'essuyer avec une serviette. Il sortit enfin des toilettes et rejoignit Archibald dans la boutique.

"Vous voulez que je fasse quelque chose ?" demanda-t-il sur un ton égal.