Premier contact avec la propriété d'Archibald

Une fois la vente signée entre Archibald et Koupl Jack, Arthur suivit son nouveau maître à l'extérieur du local à humains. Sentir l'air frais et le soleil sur son visage aurait dû ravir le jeune homme qui, quoiqu'il n'ait pas passé tant de temps que cela dans la boutique, sortait enfin de sa cellule. Cependant, la petite brise qui jouait avec ses mèches de cheveux avait un arrière goût amer pour Arthur car s'il n'était plus dans la boutique, il n'était toutefois pas libre.

La tentation fut évidemment grande pour lui de prendre ses jambes à son cou mais il sut contenir son impatience par sa raison et il suivit docilement Archibald à travers les rues de Meridell. Il l'écouta d'une oreille distraite lui expliquer quel était son métier, quels étaient ses rêves et tous les commentaires qu'il put faire sur les tenues des passants qu'ils croisaient. Plus ils avançaient, plus le visage de Arthur devenait sombre. Décidément, il n'était pas tombé sur le plus érudit des démons...

Retenant à grand peine des soupirs d'agacement, Arthur se contenta de hocher la tête par intermittence, histoire de laisser penser qu'il écoutait un peu ce que son maître lui racontait. Toutefois, il ne faudrait pas qu'Archibald s'attende à ce qu'Arthur lui adresse un sourire ne serait-ce que polis, car ce dernier n'avait pas du tout envie de sourire et n'était, quoiqu'il en soit, pas de nature très souriante (contrairement à son nouveau maître qui distribuait les sourires colgate à tire larigot).

Enfin ils parvinrent devant la boutique d'Archibald. Pendant que le démon ouvrait la porte d'entrée, Arthur regarda la devanture et son regard se voila un court instant au souvenir de sa mère. Il le chassa de son esprit et entra à la suite de son maître dans la boutique. Il eut presque un mouvement de recul tellement tout lui paraissait trop brillant et trop coloré.

*Mes yeux !!!*

Il battit plusieurs fois des paupières et sentit déjà poindre une migraine derrière son crâne.

*Ca promet...* pensa-t-il avec désespoir.

Archibald avait pu le constater en monologuant tout le long du trajet: son nouveau soumis était peu loquace. En fait son potentiel de loquacité frôlait le zéro absolu. Il n'était pas loin de celui de la moule à marée basse.
M'enfin en même temps il venait de passer du temps en cage, du coup son moral devait en avoir prit un coup.
Peu importait. Il allait se dérider quand Archi allait lui faire essayer ses créations, pensa ce dernier en cherchant ses clés dans son sac. Son magasin était fermé à clé, il ne l'avait pas laissé ouvert le temps d'aller chercher son soumis.

Fermeture exceptionnelle, lisait-on sur l'écriteau.
Combien de visages avaient du se renfrogner en cette belle matinée en voyant l'échoppe providentielle fermée! Combien de soupirs désespérées ce rideau de fer avait-il du essuyer, combien de larmes s'étaient répandu sur les pavées, de ces frêles et douces jeunes filles qui voyaient leur idole leur échapper...
Ce pensant, il avait oublié qu'il cherchait frénétiquement ses clés.

Il se remit donc à farfouiller dans son sac, en prenant bien soin de ne pas se retourner un ongle, c'eut été douloureux et disgracieux.
Son soumis avait reculé en voyant la vitrine.
Evidemment, pour ses pauvres yeux néophytes en matière de vêtement, un tel génie avait du le choquer.

"Ne t'inquiète pas, tu t'y feras." dit il avec un grand sourire.

Puis enfin, ses clés arrivèrent dans ses mains. Il se baissa pour ouvrir le rideau de fer, gracieusement, comme une femme.

"Je vais te montrer la boutique, parce que je compte bien avoir un coup de main de ta part pour la vente, la rentrée de matériel, et la confection." dit il en mettant la clé dans le rideau.

Il ne précisa pas quelle étape de la confection.
Pas tant que le soumis ne serait pas dans un endroit fermé à clé.
Hé hé hé.

Arthur fronçait imperceptiblement les sourcils en apercevant les différentes créations d'Archibald. La plupart était rangé dans les rayons mais celles qui étaient placées sur des modèles lui donnaient déjà une bonne idée de l'esprit tordu de son nouveau propriétaire... du moins tordu de son point de vue puisqu'Arthur n'était pas du tout fan de mode et plus les vêtements étaient simples, mieux c'était selon lui.

Alors qu'Archibald lui disait qu'il finirait par s'habituer, l'homme arqua un sourcil. Il s'avança un peu d'Archibald qui s'apprêtait à ouvrir la boutique quand il lui expliqua ce qu'il attendait de lui. La rentrée de matériel passait... La vente, déjà beaucoup moins... Mais alors... la confection ?...

"Euh... Je ne voudrais pas me montrer... comment dire... défaitiste mais je n'ai aucun talent de couturier... Ni aucun talent en mode quel qu'il soit d'ailleurs." répondit-il.

Comment aurait-il pu imaginer une seule seconde ce qu'Archibald avait en tête ? De toute manière, il était persuadé qu'il était dans une boutique de vêtements exclusivement féminins... portés uniquement par une clientèle féminine.

"Par contre, je pourrai porter les cartons et tout ce que vous voudrez... La vente pareil, je crains ne pas être doué pour conseiller en matière de vêtements. Je pourrai à la limite faire la caisse." ajouta-t-il.

Mieux valait être honnête, pensait-il.

"Porter" ce qu'Archi voulait? Ha ha, il ne croyait pas si bien dire.
Pour la caisse et les cartons... Bien bien ! Il avait bien compris ce qu'Archi attendait de lui.
Il pensa un court instant aux "extras" auxquels il avait pensé la première fois en se préparant à acheter un soumis mâle...
Le rouge lui monta aux joues et il se tourna vers le rideau pour l'ouvrir.
Heureusement qu'il était métamorphe. Il fonça un peu ses cheveux et éclaircit sa peau pour cacher les rougeurs, et ouvrit le rideau dans un bruit infernal.
Il fit passer le soumis en premier dans le magasin (plan en post it dans le forum "Pennywise shop" :3) pour éviter qu'il ne se taille en courant une fois son proprio entré, et activa les portes automatiques avec sa clé.

"Admire mes créations! Je sais, je sais, la mode et toi ça fait deux. Si tu veux des vêtements simples, je t'en ferai des simples... Bien que tu ne sache pas ce que tu loupes."

*et j'ai tellement hâte que tu les essaie devant moi aussi... De prendre tes mensurations...*

Il frissonna.

"Cette clim..." râla-t-il pour la forme. (genre)

"Tu peux la régler là, viens voir." dit il en montrant les panneaux.

"Je pense qu'il est plus vital de savoir régler la clim que de savoir se servir de la caisse, dans ce magasin." dit il avec un grand sourire.

Arthur précéda donc Archibald dans le magasin. Aussitôt, l'odeur fruitée des lieux assaillit ses narines [j'imaginais bien une odeur comme celle là mais si ce n'est pas le cas, dis moi et je modifierai ;)] et il fronça le nez. Comme son maître le lui demandait, il jeta un coup d'oeil autour de lui, histoire non pas d'admirer les oeuvres d'Archibald mais de les voir, nuance u.u/

Même si le style de son nouveau propriétaire n'était pas du tout de son goût et qu'il ne s'y connaissait rien en matière de vêtements, il sut néanmoins reconnaître la qualité des tissus employés et du travail effectué... grâce aux prix indiqués sur les étiquettes.

*Mazette ! Mais ça coûte une fortune ici !* ne put-il s'empêcher de penser en ouvrant grand les yeux.

Comme il lui expliquait qu'il lui confectionnerait des vêtements à son goût, le jeune homme marqua un temps d'arrêt. Il le regarda avec surprise, très peu habitué qu'il était à une bienveillance quelconque de la part d'un démon.

"... Merci..." finit-il par dire.

Archibald eut alors un frisson mais Arthur, dans sa grande naïveté, crut sincèrement à son histoire de climatisation trop forte. Lui-même trouvait qu'il faisait bien frais à l'intérieur. Mais à la limite, cela ne le dérangeait pas trop, il n'aimait guère la chaleur. Il s'avança vers les panneaux que lui montrait Archibald et leva la tête.

"C'est effectivement une bonne chose d'avoir la clim dans un magasin de vêtements... Qui plus est, il peut faire très chaud à Meridell." commenta-t-il d'un ton neutre.

Il abaissa la tête et ancra son regard doré dans celui d'Archibald.

"Vous voulez que je fasse quoi maintenant ?" demanda-t-il, pensant que son maître aurait sûrement des tâches à lui donner très rapidement.

Il ne cherchait pas à se montrer particulièrement serviable, ou dans ce cas, c'était pour mieux faire croire à Archibald qu'il avait acquis un gentil soumis, mais c'était plutôt pour s'occuper car l'homme voyait mal ce qu'ils pourraient faire à présent.

[pourquoi pas :B Archi est ton cadeau de Noël dernier XD alors tu le connais mieux que quiconque XD]

Le soumis ne semblait pas aimer les odeurs fruitées que son maître diffusait dans le magasin.
Peu importe il aimerait peut être plus les senteurs de lilas ou de violette (souvenirs, souvenirs... Lilas, la couleur préférée deee?) qu'il diffuserait à partir de la semaine prochaine. Ou alors peut être que cette charmante petite brute n'avait que faire des senteurs diverses.

"Oui dans un magasin de vêtements, rien n'est plus désagréable que la chaleur qui fait transpirer pour essayer des vêtements." dit Archi d'un air concerné. "Les vêtements qui collent, la flemme d'essayer, et puis ce n'est pas très hygiénique." soupira-t-il.

Que faire maintenant? Archi avait mille idées.... Mais mieux valait ne pas les énoncer maintenant.
Mieux valait ne pas faire fuir son soumis.
Quoique, à quoi lui servirait-il... Savait-il mitonner de petits plats comme son maître? Hm. Archi en doutait. Il ne serait utile qu'au magasin, sans doutes.
Alors mieux valait lui enseigner les bases tout de suite.

"Ça tombe bien que tu me le demandes, j'ai un tas de choses à te demander. On va commencer par la caisse, et puis j'ai des caisses que j'ai eu la flemme de bouger, et puis je ne dois pas abîmer mes mains!" dit il avec un clin d'oeil.

"Pas que je veuille que tu te fasses mal, hein." rectifia-t-il d'un ton plus grave. "Mais tu es sûrement plus à même de faire ce genre de tâches que moi."

"Tu sais t'acquitter de tâches ménagères, comme la cuisine?" demanda-t-il innocemment.

S'il pouvait gagner un peu de temps dans la journée...

Arthur était nécessairement d'accord avec Archibald sur l'essayage de vêtements en pleine chaleur... Néanmoins, pour Arthur, même l'essayage de vêtements dans les meilleures conditions ne rimait pas avec plaisir.

"C'est sûr..." lâcha-t-il sans faire trop attention.

Puis, Archibald ne tarda pas à expliquer à son nouveau soumis ce qu'il attendait de lui. Pour le moment, ce qu'il lui demandait ne paraissait ni insurmontable ni trop cruel. Toutefois, Arthur restait sur ses gardes, Dieu seul savait le genre d'idées saugrenues qu'un démon pouvait avoir, même pour les tâches les plus simples. Il arqua néanmoins un sourcil aux explications d'Archibald sur le pourquoi il ne remplissait pas ce genre de tâches lui-même et inévitablement, Arthur baissa les yeux sur les mains du démon.

*Blasphême !!!!!* pensa-t-il aussitôt.

Comment un homme pouvait-il avoir des mains aussi... aussi... féminines ?! Arthur était choqué, oui. Quand on voyait ses mains à lui, on reconnaissait là les mains d'un homme, un vrai ! De ceux qui abattent les arbres et chassent le sanglier ! Mais ces mains-là !

*Il est styliste...* se rappela-t-il soudain.

Détail non négligeable à prendre en considération : une part éminemment féminine devait donc l'habiter. Mais jusqu'à quel point ?... Cette fois-ci, Arthur plissa les yeux pendant qu'Archibald continuait de lui parler. Il le sondait comme s'il avait été capable de lire en lui (ce qu'il n'était évidemment pas en état de faire). Peut-être était-il du genre à aimer les hommes, songea-t-il. Quelle idée !! Non pas que d'une façon générale ça le gênasse mais là, imaginer que son maître puisse l'être...

"Nan, ch'ais pas faire les tâches ménagères." répondit-il d'un ton volontairement bourru.

*Et je ne porterai jamais un tablier.* ajouta-t-il en son for intérieur.

"Je suis bon pour les travaux de force, moi, pas les trucs de filles."

Et voilà, le légendaire tact d'Arthur avait encore frappé.

Archibald soupira.
Il avait noté un rafraîchissement assez net dans les manières du soumis, après avoir jeté un oeil sur ses mains. Evidemment lui il ne tuait pas de loups à mains nues, ne coupait pas d'arbre en toussant dessus, bref rien qu'on ne puisse attendre d'un démon viril. Très bien si c'était comme ça il le ferait peut-être souffrir un peu pour lui apprendre les bonnes manières! C'était un tic familial après tout.
Même s'il n'aimait pas vraiment les traditions familiales. Peut-être le soumis le prenait-il pour... Comment disait on en langage argotique? Une tante? Une fiotte? Bref, quelqu'un qui... Qui était un peu comme lui, mais quand même!

"Soit, j'aurais donc recours aux services d'une charmante demoiselle, qui sera peut-être plus avenante que toi." dit il en fronçant les sourcils d'un air non de colère, mais de déplaisir.

*ou alors, vu le prix qu'il m'a couté, je continuerai à faire ça tout seul T_T*

"Et quand tu vis seul, garçon, tu es bien obligé de faire des trucs de fille. Et tu n'y couperas pas, tiens, puisque tu es décidé à être agréable. Maintenant viens ici." dit il d'une voix presqu'aimable en désignant la caisse.

Arthur avait toujours son air ronchon quand Archibald répondit à son attaque à peine voilée. Arthur se sentit légèrement soulagée et parut se détendre un peu. Avec un peu de chance, le démon était du genre super efféminé mais avec des goûts super masculins. Néanmoins son soulagement fut de courte durée face à la dernière réflexion d'Archibald.

Les bras lui en tombèrent et il le regarda, la bouche grande ouverte d'indignation. Toutefois, il n'était pas en mesure de lui tenir tête et à vrai dire, il n'avait pas encore envie de goûter aux pouvoirs de son nouveau propriétaire, pouvoirs qu'il ignorait d'ailleurs. Mais il aurait été bien stupide de déclencher une hypothétique colère chez Archibald pour une histoire de chiffons...

Il ne se départit néanmoins pas de son regard furibond et approcha d'Archibald. Certes, le ton de la voix de ce dernier n'avait rien de colérique ni de déplaisant mais Arthur ne lui faisait pas du tout confiance. Il s'approcha avec méfiance de la caisse et se redressa de toute sa taille, histoire de montrer qu'il gardait sa fierté même en étant un soumis.

"Qu'est-ce que je dois faire, maître" demanda-t-il en appuyant bien sur le dernier mot d'une manière qui ne pouvait passer inaperçue aux oreilles de son nouveau propriétaire.

[Tu connais des gens efféminés qui ont des goûts super masculins toi? XD]

"Hé bien, cher soumis, commença Archi en entrant dans le jeu d'Arthur, tu vas commencer par apprendre à te servir de cette petite chose qui s'appelle une caisse enregistreuse. Pour commencer. Ça t'occupera cet après-midi avant que tu ne revêtes l'habit de femme d'intérieur."

Il passa par dessus le comptoir avec grâce, en songeant que ça aussi ça lui vaudrait sans doutes une réaction désagréable de son soumis, au moins dans son fort intérieur.
Mais il n'allait pas salir son comptoir en posant ses pieds dessus, ou se rétamer à l'arrivée, ou se mouvoir avec la grâce et la lourdeur d'un troupeau de buffles pour lui faire plaisir, hé. C'était qui le dominant ici?
il atterrit donc avec un léger bruit sur le sol, et se dirigea vers une de ses créations pour faire le client lambda et apprendre son travail à Arthur.
Il prit un t-shirt vert anis avec des coutures et déchirures fantaisie, et le short noir assorti (il avait des rappels de couleurs aux poches et aux ourlet).

"Je vais faire le client, et toi le caissier." dit il en posant les vêtements sur le comptoir.

(toi le patient et moi le docteur, huhuhuhuhuhu)

"Et pour commencer on est dans une boutique de vêtements en vogue, pas à un atelier de pompes funèbres, souris!" dit il en lui étirant les joues.

Il retira aussitôt ses mains, il se doutais qu'un guerrier comme lui devrait avoir des réflexes aiguisés et ne voulut pas abîmer ses jolies ustensiles naturels <3

[aussi improbable que ça puisse paraître, oui ^^ mais peut-être pas siii efféminé que ça ;)]

Le visage d'Arthur s'assombrit au fur et à mesure qu'Archibald parlait. Certes, il était à l'origine de la provocation mais plutôt s'arracher la langue que de reconnaître qu'il l'avait bien cherché ! Car si Archibald s'était volontairement mis dans la position du maître en venant l'acheter, Arthur n'avait pas eu réellement son mot à dire quant à son statut de soumis (encore que s'il était tout à fait honnête avec lui-même, il aurait reconnu qu'il aurait pu faire une bien plus mauvaise tête pour éviter d'être acheté... mais bref...).

Il rougit de colère et sans doute un peu de honte en s'imaginant vêtu comme une soubrette. Il en fut d'autant plus embarrassé qu'Archibald avait pu parler de façon uniquement imagée... (encore que XD). Ses yeux lançaient des éclairs alors qu'Archibald sautait gracieusement au-dessus du comptoir. Les pensées que son propriétaire imaginait qu'il avait ne tardèrent pas à affluer à son esprit. Lui, s'il avait sauté ainsi, ça aurait été pour mieux retomber sur son adversaire et le pourfendre d'une lame bien aiguisée... greuh è.é/

Il le vit alors prendre un ensemble du plus mauvais effet selon Arthur. Mais qui était-il pour juger d'une telle oeuvre ? Il ferma les yeux, histoire de contenir son agacement et les rouvrit pour voir le démon lui attraper les joues en lui enjoignant de sourire. Bien lui prit de le relâcher rapidement car les poings de Arthur s'étaient déjà serrés et un éclair de folie passa dans son regard doré. Comment avait-il osé le toucher ?

"Ne me touchez plus jamais." gronda-t-il en perdant aussitôt le faux sourire qu'on lui avait imposé.

Archibald ignora royalement le soumis, lui adressa un sourire colgate tout à fait détendu, et répéta une nouvelle fois d'un ton toujours aussi agréable mais sans équivoque:

"Souris."

Il le fixa de son regard qui vira au rouge l'espace d'un instant. Petite fantaisie de métamorphe (ça te rappelle quelqu'un?) pour faire comprendre qu'il ne plaisantait pas. Il laissa passer quelques secondes, sans lâcher les yeux du soumis, sans sourire, et il reprit.
Il prit les vêtements à la main, et lui montra l'étiquette du prix, où était également imprimé un symbole.

"Ça là c'est le code barre. La machine que tu as ici -" il saisit le lecteur de code barre mobile qui était relié par un fil entortillé à une machine dissimulée sous le comptoire "- sert à le lire et à enregistrer le prix pour compter le total. Tu suis, jusque là?" demanda-t-il en souriant à nouveau.

C'était une manoeuvre basique dans un magasin, mais Arthur ne devait pas venir faire du shopping endiablé dans les rues de Meridell donc autant reprendre depuis le début.

"Tu passe le lecteur là sur le code ici." dit il en montrant le rayon laser de la machine sur la paume de sa main, puis le code barre.

"Si ça marche, ça fait bip. Ok?"

Arthur défia Archibald du regard jusqu'à ce que les yeux de ce dernier virent au rouge [et oui ça me rappelle quelqu'un ^^]. Cela dura assez longtemps pour déstabiliser l'homme. Il finit par baisser les yeux, même s'il serra les mâchoires de frustration. Il était ignorant des différents pouvoirs des démons et n'en connaissait qu'un : le contrôle des corps que son père biologique exerçait sur lui et sur sa mère. Les souffrances parfois infligées étaient si terribles qu'aujourd'hui il les craignait encore. C'est cette crainte de la douleur qui eut fini de sa volonté de rébellion... du moins pour l'instant.

Il releva donc les yeux mais ne les posa pas sur Archibald. Il opina silencieusement de la tête à chacune de ses explications. Puis, quand il eut fini, il répondit d'une voix sans timbre :"Oui, j'ai compris."

Et pour montrer que c'était bien le cas, il planta son regard dans celui du démon et esquissa un sourire qui n'avait absolument rien de joyeux mais qui demeurait un sourire.

Il avait compris? On aurait pas dit. S'il avait biné, il aurait fait "bip!", mais non.
Il se contenta de le regarder. Jolis yeux, même s'ils étaient lourds de reproches. Archi soupira.
M'enfin ça lui passerait. Ou pas, ce type avait l'air frustré de naissance. Archi le décoincerait un jour...
Ne pouvant réprimer un sourire, il continua.

"Alors vas-y. Fais bip. Et si ce lecteur là - il pointa du doigt le lecteur mobile - ne marche pas, il reste celui ci." conclut-il en montrant l'énorme lecteur intégré au comptoir (comme celui des caissières).

Il pointa ensuite la fiche de renseignements, dissimulée au clients, mais bien visible derrière la caisse.

"Je l'ai écrite pour toi celle là. Il y a les horaires d'ouverture, les calendrier pour les collections, ce qu'il y a en stock, quand les nouvelles arriveront, etc." dit il toujours souriant.

Puis il marqua un arrêt.

"Tu... Sais ce qu'est une collection?" demanda-t-il à tout hasard.

Arthur eut l'impression qu'Archibald le prenait pour un demeuré quand il lui dit de faire "bip" s'il avait compris.

"J'ai compris." répéta-t-il sèchement.

Peut-être qu'il avait la possibilité de transformer ses yeux en rouge mais quand même, Arthur n'était pas stupide. Il jeta un coup d'oeil à l'autre lecteur et opina une nouvelle fois de la tête. Arthur baissa ensuite les yeux sur la fiche indiquée par son propriétaire. Il se félicita d'avoir appris à lire, sa mère avait été son professeur. Il savait que beaucoup d'humains étaient illettrés mais pas lui.

Et un point pour l'humain, un !

"Tu... Sais ce qu'est une collection?"

...

Retour à la case départ. Match nul.

"Euh... J'ai eu une collection de pois une fois..." tenta-t-il sans trop grand espoir.

Bah oui, ayant été un enfant soumis, avec un démon pas très sympa, allez collectionner autre chose que des pois...

(mais pourquoi des pois d'ailleurs !? o.O)

Archibald laissa passer quelques secondes. Une collection... De pois?
De vêtements à poids? Non c'était pas possible, ce type là ne collectionnait pas les vêtements. Et les poids c'était terriblement ringard. Certes il n'avait pas un sens super aigu de la mode, mais quand même, de là à s'habiller comme un guignol... Il n'était pas de ceux qui s'habillaient comme ça.
Alors de poids... Lourds? Les trucs pour faire du sport?
Les poids à manger?
Mais de QUOI est-ce qu'il parlait?!

"Je... Crois que nous parlons de deux choses différentes." dit il avec un petit sourire embarassé.

"Tu parles de collection du genre... Rassembler des choses similaires, n'est-ce pas?!" demanda-t-il en s'excusant presque.

"Moi je te parle de collection de vêtements. Une collection de vêtements, c'est un ensemble de vêtements créés pour une saison par exemple. La collection printemps-été ou automne-hiver. Tu vois? C'est un peu dans l'idée que tu avais."

Et voilà, il le ménageait encore, alors que le soumis, lui, ne faisait rien pour arrondir les angles.

Arthur comprit que le genre de collection dont il parlait n'était pas celui dont parlait Archibald grâce au silence embarrassé qui suivit ses propos. Le démon avait l'air assez mal à l'aise. Arthur ne l'était pas vraiment. Juste un peu car il venait de faire preuve de son ignorance (et il n'aimait pas se sentir inférieur à un démon) mais en même temps, il avait dit qu'il ne s'y connaissait pas du tout en mode. Il opina de la tête quand Archibald explicita sa réponse puis l'écouta lui expliquer ce qu'était une collection en mode.

Il n'eut pas de mal à saisir l'idée puisque aussi rustre qu'il puisse être, il avait des vêtements spécifiques à l'hiver et d'autres spécifiques à l'été.

"Je comprends." répondit-il enfin.

Il sortit la fiche de dessous le comptoir et l'examina. Il fronça les sourcils avant de relever un regard perplexe sur Archibald. Comme dans tous les magasins, la collection été-hiver arrivait vers janvier-février et la collection hiver, dès juillet-août.

"Ca ne me paraît pas très logique." osa-t-il dire.

"Pourquoi vendre des vêtements d'été en hiver et ceux d'hiver en été ?" demanda-t-il.

Effectivement pour une âme néophyte, ce genre de pratique défiait toute logique.
Mais pour un styliste c'était l'évidence même !
Enfin... a une ou deux vaches près. Parce que même si pour lui c'était logique, cette histoire de concurrence, à Meridell où c'était lui le plus doué, il n'y avait aucun risque de voir le marché lui échapper.

"Ah ça... C'est une histoire qui tire sur la longueur. Ce sont les couturiers qui pour se faire concurrence sortaient les modèles de plus en plus tôt... Ce qui fait qu'on en est arrivé à ce timing un peu étrange. Et pour le moment on en est là. Mais à force d'avancer comme ça on finira peut-être par retomber sur un timing correct, en attendant... La mode est une question de tendance, donc il faut suivre toutes les tendances pour être sûr de ne pas se faire avoir. Même quand on est doué." ajouta-t-il avec un grand sourire.

"C'est également pour ça que même en plein été je bosse sur mes collection d'hiver, et inversement. Ce qui pour mes modèles... - son regard s'arrêta sur Arthur et il reprit en souriant - ça peut s'avérer contraignant."

Les modèles masculins ne courraient pas les rues. En plus rares étaient ceux qui acceptaient de sacrifier leur temps ou qui avaient des mensurations parfaites. Mais Arthur semblait les avoir et en plus il était soumis à Archibald.
C'était pas tout bénèf' ça?

Arthur écouta les explications d'Archibald, l'air attentif malgré sa perplexité. Il pouvait comprendre même s'il jugeait cela assez stupide. Il se garda néanmoins de tout commentaire et ne réagit que par un haussement de sourcil à la petite blague de son propriétaire. Il commençait à également saisir le genre d'humour de son maître.

Il fronça soudainement les sourcils quand Archibald parla de modèle. Cette fois-ci, il aurait pu jurer sur sa vie que le regard qu'il lui porta n'était pas exempte de sous-entendus. Il eut d'ailleurs un léger mouvement de recul. Balayant le magasin des yeux, il tenta de se rassurer en se disant qu'il s'agissait de vêtements uniquement féminins. Pas la peine de se faire peur donc...

... mais quand même...

"J'imagine que beaucoup de filles doivent vouloir être votre modèle." avança-t-il.

Il crut bon d'ajouter, histoire d'être le plus clair possible dans ses propos :"Ca doit être plaisant de faire des vêtements pour femmes... enfin, j'imagine."

Il accompagna ses dernières paroles d'un sourire à peine crispé.

Archi sourit. Evidemment les femmes qui se pressaient pour être modèles, il avait connu.
Aujourd'hui encore, quand il cherchait, il trouvait sans problème. Une petite annonce, une prise de mensurations et hop, emballez, c'était pesé. Les femmes l'aimaient beaucoup en règle générale. Parfois trop mais c'était la rançon du succès et puis... Il fallait bien en profiter par moment.

"C'est vrai. Au lycée j'avais toute une cour féminine prête à se plier à mes exigences pour un morceau de tissu... Toutes mes exigences." dit il avec un clin d'oeil.

"Mais c'est vite fatigant, de ce point de vue là. Artistiquement je ne manque pas de modèles féminins aux mensurations parfaites. Ou moins parfaites aussi ceci dit, il faut bien habiller tout le monde." soupira-t-il.

"C'est toujours agréable de parer les rondeurs des corps féminins de nouveaux atouts pour les rendre attirante..." fit Archi rêveur.

"Mais maintenant que tu es là on va pouvoir parer aux vêtements masculins! Je n'ai que quelques modèles, les hommes se prennent moins au jeu que les femmes, ils sont ennuyeux." conclut-il, avachi sur son comptoir, les yeux dans le vague.

Arthur écouta Archibald avec beaucoup d'attention, analysant et pesant chacun de ses mots. Les premières paroles du créateur de vêtements avaient de quoi le rassurer. Non seulement il paraissait affirmer son goût pour les formes féminines mais en plus, il semblait réellement spécialisé dans la confection de modèles pour femmes. Il se détendit peu à peu, finissant par écouter d'une oreille distraite les explications d'Archibald.

Il l'écouta tellement peu et était si soulagé de savoir qu'il ne faisait que des vêtements féminins qu'il acquiesça vaguement à sa toute dernière réflexion.

"Oui, oui, bien sûr..."

Puis, une alarme sonna dans sa cervelle et il écarquilla les yeux, réalisant ce qu'Archibald venait de dire et ce que lui venait de répondre.

"Quoiii ?!" s'étrangla-t-il en se raidissant de tout son être, ses cheveux se hérissant littéralement sur sa tête.

Archi s'était attendu à la réaction.
Hé oui gamin, si tu crois que je t'ai acheté pour tes beaux yeux... Bon t'as pas tout à fait tort mais quand même.

"Ça n'aura rien de contraignant, il faut juste que tu restes à ma disposition sans bouger... Sans râler." dit Archi avec un sourire amusé.

"Je ne te demanderai pas de faire des défilés ou autre âneries. Juste peut-être quelques photos pour mon usage personnel, histoire de me rappeler de mes collections."

*et si elles sont réussies, de les accrocher en taille réelle voire plus grandes dans mon magasin et peut être dans Meridell* pensa-t-il fort heureusement pour lui même.

"Allez c'est parti pour la simulation de vente!" reprit il vite fait pour ne pas que le soumis râle.

Parce qu'il ne faisait pas beaucoup de phrases de plus de trois mots, et généralement c'était pour râler. Quel petit ingrat.
Ça irait mieux après, pensa Archi.
*ou pas*

"Bonjour!" lança-t-il d'une voix de fausset en lançant ses créations sur le comptoir.

Arthur avait gardé son air ahuri pendant encore quelques secondes, le temps pour Archibald de lui expliquer ce qu'il attendait de lui en tant que modèle. Son visage se renfrogna considérablement et il croisa les bras sur son torse d'un air ronchon. Lui qui aimait l'action, se retrouver sans bouger était aussi dur (pas plus quand même...) que de devoir défiler pour son nouveau maître... Et puis... servir de modèle pour ce genre de... vêtements ? L'image de lui en rose fuschia traversa brièvement son esprit et lui en donna le tournis.

"Des photos !?" s'écria-t-il soudain quand Archibald mentionna qu'il pourrait en faire pour son usage personnel.

Il aurait voulu protester, dire qu'il n'était pas du tout d'accord, non seulement pour les photos mais tout le reste mais Archibald joua au client et lança les vêtements sur le comptoir. Cependant, Arthur n'allait pas se laisser faire. Posant une main autoritaire sur l'ensemble, il fronça les sourcils et ancra son regard dans celui du démon.

"Je ne jouerai pas au modèle. Hors de question que je pavane dans des vêtements de cette... couleur !" lança-t-il en serrant les dents.

Cette fois-ci, il n'avait pas réussi à contrôler ses nerfs. Non mais oh, il n'était pas une poupée !

Archi se mordit la lèvre pour ne pas éclater de rire.
Finalement c'était plus drôle s'il se rebiffait. Et si Archi en profitait un peu... Il poussa la main que le soumis avait claqué avec autorité sur son comptoir, et la déplaça comme si de rien n'était sur sa hanche (à Arthur), lui donnant l'air de poser pour une photo.

"Mais regarde comme ça te va bien!" dit il en ouvrant les bras comme pour faire un câlin -> \o/

"Et écoute moi quand je parle, crâne de piaf, je t'ai dit que je ne te demanderai PAS de défiler. Simplement de faire le mannequin, c'est à dire te faire habiller, mesurer, coudre des vêtements sur toi." dit il en oubliant volontairement de mentionner les photos cette fois.

Il n'y avait pas de quoi en faire un plat. Certes ça serait pas sanglant, ni violent, mais y avait pas que ça dans la vie non plus. Ce type était d'un ennui!
Il lui coinçait toujours la main en le regardant d'un air de défi et cette fois ci ses yeux et ses cheveux virèrent au rouge profond alors que son teint se faisait plus pâle (vampire attitude ^^v).

"Maintenant tu vas enfin faire ce que je te demande." dit il d'une voix qui avait baissé d'environ 1275°C en le fixant sans plus sourire.

Arthur fut surpris par la réaction d'Archibald mais elle le mit encore plus en colère. Il se moquait ouvertement de lui, n'est-ce pas !? Comment ça, "ça lui allait bien" !? Rien à faire que la pose lui aille bien ! Il ne mangeait pas de ce pain-là, un point c'était tout ! Se faire traiter de crâne de piaf n'arrangea pas les choses et bien loin de le calmer, cela mit notre humain encore plus en colère. Envolé toutes ses bonnes résolutions d'il y a à peine quelques heures auparavant. Il ne pouvait pas s'y faire : se plier aux volontés d'un démon, jamais ! Plus jamais !

Son air menaçant ne fit pas reculer Arthur. C'était peut-être aussi le bon moment de voir jusqu'où le démon était prêt à aller pour mater son soumis. Autant être mis au parfum de suite, il pourrait mieux se préparer... Enfin, il n'était pas certain que de telles pensées, raisonnables peut-être d'un certain (mais alors certain...) point de vue, aient traversé son esprit. Non, là, Arthur voyait rouge et comme c'était tout le temps le cas dans ces cas-là, il perdait tout contrôle.

"Je n'ai pas à recevoir d'ordres de votre part !" s'écria-t-il en reculant.

"Vous n'avez aucun droit sur moi ! Je ne suis pas une chose que vous pouvez utiliser comme bon vous semble !" ajouta-t-il, hors de lui.

Que faire à présent ?! Une seule chose traversa l'esprit d'Arthur, il tenta de s'enfuir...