Premier contact avec la propriété d'Archibald

Archi se dit qu'il était allé trop loin mais bon, ce qui était dit était dit.
Et Arthur qui tentait de se barrer. Décidément, la journée s'annonçait longue. Très longue.
Il se rendit immatériel et donc presque invisible, et traversa le comptoir tout en bloquant le soumis pour parer à toute fuite.

Toujours immatériel, il flotta autour d'Arthur, le contournant en faisant fi des murs et autres obstacles, ne le perdant pas du regard. Il s'amusait comme un petit fou!
Se servir de ses pouvoirs pour intimider, c'était un peu nouveau pour lui. S'en servir pour se barrer et se protéger des gens qui lui tapaient dessus à l'école, ça c'était la routine.

"Ne t'avise même pas de recommencer ce genre de petite fuite, ou la laisse de chez Jack servira beaucoup plus souvent que tu ne le souhaiterais." dit-il toujours d'un ton glacial, alors qu'il s'amusait.

"Et même pire. Alors tiens toi à carreau ou je ferai pire, bien pire." dit il en faisant courir ses doigts fantomatiques sur le cou de son soumis.

Ça c'était drôle. L'avoir aussi proche et aussi vite... Ha ha.

Arthur fut arrêté net dans sa tentative de fuite. Sous son regard ébahi, Archibald se rendit invisible et avant qu'il ait pu se demander où il se trouvait, il se retrouva bloqué par le démon. Son coeur rata un battement et il frissonna de peur de la tête aux pieds. Oui, il était inconscient par moment, non, il n'était pas totalement stupide et s'il était capable de se défendre correctement contre un autre être humain, contre un démon bien conscient en revanche, il savait que ce n'était pas le cas...

Il eut néanmoins un relent de révolte quand Archibald mentionna l'utilisation de la laisse. Il essaya un bref instant de se débattre mais dut reconnaître que cela était parfaitement inutile. Il était vaincu. Rien à faire, il ne parviendrait pas à s'échapper de cette manière. Il eut un grognement de frustration et tenta de se calmer faute de mieux.

La dernière menace d'Archibald accompagnée du toucher de ses doigts finit de l'achever. Il pâlit et pendant l'espace d'un instant, il eut envie de vomir. Il n'avait aucun mal pour s'imaginer pire. Se résignant, ses épaules s'affaissèrent tandis qu'il baissait les yeux.

"C'est bon, j'ai compris..." lâcha-t-il d'un ton amer.

Archi recula et retraversa le comptoir, les bras ouverts, le regard mi-minaçant, mi-agacé.
Il retrouva son apparence normale, opaque (XD), cheveux rouge carmin et peau dorée.
Mais toujours la même expression.

"Oui mais comment est-ce que je peux te faire confiance à présent?" dit-il d'un ton las.

"Si tu as essayé de fuir une fois, tu vas pouvoir recommencer, rien ne t'en empêche. Alors je fais quoi moi maintenant? Je t'enferme? Je t'enchaîne? Je n'ai plus vraiment envie de te faire travailler dans un endroit où tu peux prendre la poudre d'escampette." dit il avec humeur.

La récréation était passée. Avoir un soumis n'était pas de tout repos. Est-ce qu'il allait devoir retourner au local à humain pour acheter un collier? Au moins un neko aurait été peut être plus calme, et moins rebelle.
Celui là était fatigant.
Mais il était mignon. Et il ferait un modèle parfait, dusse-t-il le bloquer par kinésie et mettre deux fois plus d'énergie dans ses confections, après tout le monde de la mode était sans pitié.

Archibald retraversa le comptoir et Arthur put s'apercevoir qu'il n'était pas totalement invisible mais presque. Il reprit contenance et Arthur le regarda d'en-dessous, ayant gardé la tête un peu baissée. La question du démon était largement justifiée et Arthur se traita de bel idiot en son for intérieur car il venait de mettre à mal toute sa tactique en l'espace de trois secondes.

*Record battu, crétin...* songea-t-il.

Lui qui s'était juré d'acquérir la confiance d'Archibald histoire de pouvoir mieux le quitter, il venait de faire fort, très fort. S'il avait établi un espèce de plan, ce n'était pas pour le bousiller aussi vite !! Démoralisé, Arthur ne chercha guère à le cacher. Lui qui ne rêvait que de sa liberté faisait tout pour la perdre.

"Vous avez raison." avoua-t-il d'une voix triste.

Qu'aurait-il pu dire d'autre ? Mentir aurait été bien inutile. Il ne pouvait pas se résoudre à dire à Archibald ce qu'il devait faire de lui néanmoins. Peut-être qu'il l'enchaînerait et qu'Arthur gagnerait petit à petit sa confiance et qu'il finirait par lui donner une semi-liberté, celle qu'il venait sans doute de perdre... Sa liberté serait beaucoup plus longue à gagner et il fallait que cette fois-ci, Arthur ne fiche pas tout par terre. Mais tout dépendait d'Archibald maintenant.

Oui il avait raison, bien sûr qu'il avait raison.
Archi eut un soupir agacé, il avait l'impression de parler à un mioche prit sur le fait en train de piquer des cookies.
Et ça ne l'aidait pas.

"Il me reste la solution de te menotter à la caisse, avec juste assez d'allonge pour encaisser. Encore que comme tu tire la tronche tu n'a même pas encore essayé de manipuler la caisse." dit-il toujours du même ton.

Il regarda les vêtements qui traînaient sur le comptoir et soupira.
Ils étaient tout froissé, de la main de monsieur "j'veux faire ma crise d'autorité et je froisse le beau linge de maison".
Il le prit d'un air courroucé et redonna une forme convenable à sa création. Bon, il ne pourrait pas le repasser à la main, mais là au moins ils ne donnaient pas l'impression de sortir de la bouche d'un scroutt à pétard d'une vache.

"Et maintenant?" demanda-t-il en fixant son soumis.

Mais qu'est ce qui lui avait prit, ce matin, de s'acheter ce soumis en pensant que ça lui faciliterait la vie?
Il savait à quoi s'attendre pourtant rien qu'avec sa tête.

Arthur détourna le regard quand Archibald parla de le menotter à la caisse. Il sentit ses oreilles chauffer, non pas de colère face à cette idée mais de colère contre lui-même. Pour le moment, il n'était pas en mesure de discuter et s'il voulait gagner la confiance d'Archibald, il devrait se lever de très -très- bonne heure...

*Alors qu'il m'aurait suffi d'être un peu plus patient...* se répéta-t-il.

Il releva le visage quand Archibald remarqua d'un ton las qu'il n'avait pas essayé de faire fonctionner la caisse. Alors qu'Archibald repassait de la main ses vêtements, Arthur se mordilla la lèvre inférieure. Voilà par quoi il pouvait commencer, songea-t-il alors qu'Archibald se demandait quoi faire.

Affichant son sourire le plus aimable, il s'approcha de la caisse et prit l'ensemble d'Archibald.

"Bonjour cher client et bienvenue au Pennywise shop, vous avez fait un très beau choix." dit-il d'une voix douce qui tranchait littéralement avec non seulement ses habits de forestier mais surtout avec son attitude précédente.

Il attrapa les étiquettes et les passa sans problème devant le laser.

"Cela vous fera 150 Meryl." annonça-t-il, toujours avec son sourire commercial.

Puis, il plia consciencieusement les affaires, attrapa un sac derrière le comptoir et les y plaça avec délicatesse.

"En espérant vous revoir bientôt, je vous souhaite une très agréable journée !"

Archi sentit ses yeux scintiller sous l'effort fourni par le soumis qui était passé de grosse brute à charmant vendeur. Plus qu'à lui mettre des vêtements plus... Avantageux, et ce serait parfait.

"IL EST MAGNIFIIIIQUE!" fit il en joignant ses deux mains dans un CLAP sonore.

Là il s'était rattrapé avec brio, c'était fantastique.

"C'est gentil de faire l'effort." fit Archi avec un grand sourire attendri, oubliant qu'il l'avait menacé quelques minutes auparavant.
Il passa derrière le comptoir pour annuler la vente en tapant vite fait sur la caisse enregistreuse - il apprendrait ça à Arthur plus tard, pour le moment ça n'urgeait pas. Pour les soldes en revanche...
Il lui expliquerait le concept des soldes aussi plus tard. Restait à voir s'il notait lui même la réduction ou s'il la comptait en caisse...

"Tu as déjà fait ça auparavant? Je me doute que non mais sait-on jamais... Ou alors mes explications étaient d'une clarté sans précédent!" dit il avec un grand sourire.

Arthur avait joué le tout pour le tout mais il n'aurait jamais cru provoquer une telle réaction chez Archibald. Envolé, visiblement, son mécontentement d'il y avait quelques minutes. Le démon avait l'air enchanté et plus même, attendri, aurait osé penser Arthur. Bon, visiblement, son nouveau propriétaire n'avait pas aussi mauvais caractère que son précédent, vu qu'un simple effort avait suffi à le convaincre. L'homme esquissa même un vrai sourire, sincère cette fois-ci. On était loin du plein sourire d'Archibald mais quand même, il valait ce qu'il valait.

Arthur se devait de se montrer raisonnable. Il aurait pu tomber sur bien pire démon. Pour le moment, Archibald ne parlait que de deux choses : la vente et peut-être être modèle. S'il était honnête, il reconnaîtrait qu'il avait et aurait pu connaître pire.

*Voilà, prenons notre mal en patience, tout finira par s'arranger.* se dit-il, plus convaincu que jamais.

Néanmoins, cela ne l'empêchait pas d'éprouver une aversion profonde pour la situation dans laquelle il était mais aussi de la méfiance vis-à-vis d'Archibald. Car s'il se montrait, pour ainsi dire, sympathique, peut-être n'était-ce qu'une ruse.

*Restons sur nos gardes.* conclut-il avant de répondre à Archibald : "Je ne l'avais jamais fait auparavant mais bon, ce n'est pas très compliqué... Passer un code barre devant un laser n'a rien de très sorcier (le mot du jour XD)."

Certes non ça n'était pas sorcier, mais ces manières... Commerciales, pour un jeune guerrier, ça c'était pas banal.
M'enfin pour Archi c'était tout bénèf' cette attitude. Quelle qu'en fut la raison.
Le jeune homme esquissa même un sourire... Et quel sourire!

Bon ça n'était pas non plus digne du prix du sourire le plus charmeur de Coutur'Hebdo (=D) mais au moins c'était sincère et.... Ça lui allait bien!

Sans rien montrer en signes extérieurs, il se mit à penser quels vêtement pourraient lui aller.... Et comment les confectionner, héhéhé. Rien qu'à imaginer ça, il eut plein de flashs des plus... Plaisant en tête.
Il avait acheté le soumis sur un coup de tête quant à ses raisons... secrètes, mais maintenant qu'il l'avait sous les yeux, ces... Raisons s'affirmaient de plus en plus.
Ce cheminement de pensée ne prit qu'un quart de secondes, et lorsqu'il adressa la parole à son soumis, il y mit le plus de naturel possible.

"Non évidemment mais ta prestation était exactement dans le ton de la boutique. Enfin, je ne sais pas comment tu sens ce commerce mais visiblement tu l'as bien cerné, bravo!" dit il en clapant ses mains une nouvelle fois.

Arthur ne pouvait se douter des pensées qui traversaient l'esprit d'Archibald. Heureusement d'ailleurs ou il aurait probablement tout fait pour sortir d'ici, quitte à retourner au local à humains... Face au compliment de son maître, Arthur eut un sourire modeste : "J'ai déjà eu l'occasion de rentrer dans des boutiques."

Certes, on aurait eu du mal à le croire, en le voyant vêtu ainsi et surtout avec ses manières rustres. Mais lorsque sa mère était encore de ce monde, il avait eu l'occasion de l'accompagner dans les courses et était entré avec elle dans des boutiques de haut standing. Il se rappelait comme il avait été impressionné par la gentillesse des vendeurs de ces grands magasins. Si son père biologique ne s'était pas amusé à les torturer, lui et sa mère, peut-être qu'à force de voir ces gens-là, son opinion sur les démons et leur relation avec les soumis aurait été différente.

"Est-ce qu'il y a d'autres choses que je dois savoir sur le maniement de la caisse ?" demanda-t-il, non seulement pour montrer qu'il avait envie de se rattraper mais aussi car il avait réellement besoin de savoir s'il y avait d'autres choses à connaître.

Quel sourire modeste. Un de ceux qu'Archi n'aurait pas pu faire, même en essayant très fort. La modestie et Archi, ça faisait dix-huit au bas mot.
L'occasion de rentrer dans des boutiques hein?
Du genre boutiques qui vendaient de quoi enfoncer quinze pouces de ferraille entre les côtelettes surtout.
M'enfin au moins du coup il avait le réflexe commerçant.

Qu'il était chou ce petit, il faisait son possible pour se rattraper.
Mais était-ce pour mieux endormir la méfiance de son maître? Maître qui se demandait encore comment le faire dormir, s'il allait l'attacher ou non... L'attacher au lit? Tiens donc, quelle bonne idée.
Concentre toi sur ce qu'on te dit, génie de la mode, ne laisse pas ton esprit vaguer sur les flots tumultueux de l'incertitude!

"Il y aura des manipulations comme les annulations de vente, histoire de ne pas ruiner ma comptabilité ou encore les remises de solde, mais nous verrons ça en temps voulu, pour le moment j'aimerais que tu te familiarises avec ton nouveau cadre de vie et ton nouvel associé." conclut Archi.

Vous avez vu comme il a esquivé le mot "maître"! Quel fin psychologue cet Archi.
Un vrai profiler du F.B.I.! Quantico n'a qu'à bien se tenir!

Arthur écouta Archibald et pensait sincèrement qu'il allait lui montrer tout ce qu'il devait savoir pour bien travailler mais ce ne fut pas le cas et ô quelle surprise alors que son maître utilisait le mot "associé" ! Pendant l'espace d'un instant, le soumis crut sincèrement que ses oreilles avaient mal entendu. Oui, ce ne pouvait être que ça. Comment un démon aurait-il pu concevoir être associé à un soumis !? Mais en réalité, n'était-ce pas Arthur qui n'arrivait pas à concevoir la relation maître-soumis comme autre chose qu'une relation de supérieur à inférieur ?...

Il préféra ne pas reprendre Archibald, de crainte d'avoir effectivement mal entendu et faire ainsi preuve d'insolence en se pensant l'égal d'un démon. Déjà qu'il venait de se rattraper, il n'allait pas prendre le risque de se placer à nouveau à une place qui n'était pas censée être la sienne...

"Euh... d'accord." répondit-il finalement, à court d'idées.

"Vous voulez me montrer le magasin ?" proposa-t-il sans trop grande conviction.

Archi eut un petit sourire triste.

"Cette option n'a pas l'air de t'enchanter." dit-il avec un petit rire.

"Pourtant c'est là que tu vas devoir travailler... A moins que tu ne choisisse de t'enfuir une nouvelle fois?" railla-t-il gentiment pour bien faire comprendre que l'incident n'était pas oublié, pas chassé par la formidable performance d'Arthur pour sa première simulation de vente.

Est-ce qu'Arthur pouvait simuler tout aussi bien?!
UN PEU DE PROFESSIONNALISME QUE DIABLE! Mais qu'est ce qui arrivait à notre vendeur de génie? Il ne cessait d'avoir ce genre de flash, lui qui était d'ordinaire un parfait gentleman.
Encore que, Arthur n'étant pas une donzelle, on pouvait excuser Archi de ne pas être tout à fait galant avec cette petite brute. Eut-ce était quelqu'un de raffiné... Mais là non.

Il attendit la réponse d'Arthur qui avait été semble-t-il un peu choqué de l'emploi du terme "associé". Comme s'il ne pouvait pas saisir le sens du mot dans ce contexte de maître/soumis.

Arthur voulut détromper Archibald sur le ton qu'il avait employé auparavant mais il ne put le faire qu'après que celui-ci reparle de sa tentative de fuite. Il fit un peu la grimace et répondit : "Ce n'est pas ce que je voulais dire... Je me disais que vous aviez peut-être d'autre plan en tête... J'ai proposé en pensant que vous n'apprécieriez peut-être pas que je propose quelque chose."

... Est-ce qu'il était clair ?... Peut-être pas complètement. Mais l'idée était là : son ancien propriétaire n'était pas du genre à apprécier que ses soumis aient des idées par eux-mêmes et proposent de faire quelque chose. Ils devaient obéir et c'était tout.

"Mais si, je veux bien visiter le magasin, il faut que je le connaisse si je dois y travailler." ajouta-t-il pour être sûr que cette fois-ci on ne se méprendrait pas sur ses propos.

Finalement, il était plus difficile d'essayer d'amadouer (ou du moins de ne pas contrarier) quelqu'un que de se le mettre à dos. Enfin, surtout pour Arthur...

"En effet." commença Archi.

"Parce qu'il y a le magasin et mes merveilleuses créations, mais ça n'est que la face émergée de l'iceberg." dit il en sortant de derrière le comptoir et en faisant signe à Arthur de le suivre.

Il montra les présentoirs à Arthur. Écartant quelques cintres sur le présentoir rond qui tournait, il lui montra que la barre circulaire présentait une jolie couleur lilas.
Toujours en silence, il montra les présentoirs pour maîtres, dont la barre était rouge saumon, puis ceux pour soumis, dont la barre était vert anis (cf mon joli plan si ça ne te parle pas trop ^^) et enfin les deux présentoirs à accessoires, l'un bleu pastel et l'autre rose bonbon.
Seules les barres qui retenaient les cintres (ou celles qui présentaient les accessoires) étaient peintes discrètement.
Il fit enfin signe à Arthur de le suivre dans l'arrière boutique numéro 1, celle où étaient stockés le... Ben euh, le stock quoi.

"Ainsi que tu as pu le constater, les présentoirs sont parés de jolies couleurs..." fit il en s'approchant d'Arthur et en battant des cils.

"Et grâce à ma formidable organisation, reprit il en s'approchant des niches dans les murs, voilà comment sont rangés les stocks. Chaque niche est colorée comme un présentoir, et selon la couleur, le stock est géré ici, dans des boites ou sur des cintres. Les boites sont rangées par taille, par ordre croissant. Ici regarde. Présentoir couleur lilas - il ouvrit la boite- soutient-gorge couleur pêche - tu as une miniature du modèle sur la boite - ici sont rangés ceux de taille 85, au dessus taille 90, puis 95, etc. Tu suis? Il faut impérativement ranger les boites au bon endroit pour pouvoir servir les clients vite. Une efficacité exemplaire, c'est ce qui fait la renommé d'un magasin autant que les modèles qu'il propose." conclut-il en lançant le sous-vêtement vers Arthur, juste pour plaisanter.

Ça n'était pas fini mais il voulait laisser à son soumis le temps d'engranger les informations et éventuellement de poser des questions s'il le voulait.

Arthur suivit Archibald et découvrit le code couleurs établi par le propriétaire des lieux. A vrai dire, il n'aurait jamais pensé que cela ait une quelconque utilité si Archibald ne le lui avait pas expliqué. Avant de connaître ce code, il aurait simplement pensé que les couleurs avaient été choisies uniquement pour faire joli... D'ailleurs, il se serait sans doute demandé à quoi cela servait d'avoir autant de couleurs différentes.

Il eut néanmoins un petit mouvement de recul quand Archibald vint battre des cils juste sous son nez. Ce démon avait vraiment un grain, songea-t-il tout en le suivant dans l'arrière-boutique. Involontairement, Arthur écarquilla les yeux et ouvrit la bouche. L'expression d'Archibald "ça n'est que la face émergée de l'iceberg" prit tout son sens quand il pénétra dans l'arrière-boutique. Scotché, Arthur l'était, assurément.

"Mais c'est immense !" ne put-il s'empêcher de commenter.

Son étonnement fut bientôt remplacé par l'inquiétude quand Archibald lui expliqua le fonctionnement des lieux. Bon, il n'était pas analphabète et pas demeuré donc il saurait classer par ordre de taille et sûrement par couleur... encore que, il se demandait déjà à quoi correspondaient le lilas, le vert anis ou encore le rose bonbon... Mais gérer plusieurs modèles à la fois !! Pour lui, un pantalon était un pantalon, une chemise, une chemise et un soutien-gorge, un soutien-gorge... Il se pencha sur un carton et fronça les sourcils en tentant justement de distinguer un modèle d'un autre... Les subtilités étaient parfois très fines, ce qui risquait de causer beaucoup de soucis à notre humain et d'engendrer pas mal de migraines...

Arthur se redressa juste au moment où Archibald lui lançait un soutien-gorge qu'il rattrapa maladroitement avant de se rendre compte de ce qu'il s'agissait. Il piqua un fard, même si ce n'était pas la première fois qu'il en tenait un dans ses mains...

"P-p-p-parce que je serai a-amené à apporter c-ce genre de v-vêtement aux clients ?" bafouilla-t-il en tendant le soutien-gorge tellement devant lui qu'il finit par sauter de ses mains et atterrir sur le crâne d'Archibald.

"Pardon." lança-t-il aussitôt, honteux.

Archi se retrouva avec un soutien-gorge sur la tête.
En même temps c'était plus ou moins lui qui avait provoqué cette situation. Il sourit donc en retirant le soutif de sa tête.
Effectivement c'était un peu grand, mais il n'avait pas encore vu l'atelier au dessus... Son sourire s'agrandit.

"Bien sûr, mon chaton. Le client est roi, s'il veut tel modèle et telle taille qui ne se trouve pas en rayon, tu vas le chercher en stock. Et tu le ramènes au client, avec un grand sourire. Après si la taille n'y est plus, tu viens me voir, et je le fait sur commande ou j'essaie de refourguer autre chose au client mais ça c'est mon problème et le mien uniquement. Pour le moment. Qui sait tu te révèleras peut être un vendeur doué." dit il avec un grand sourire.

Il rangea le soutien-gorge dans la boite, en le pliant correctement.
Puis il rangea la boite dans la bonne niche, dans le bon ordre, avec un regard appuyé.
*tu vois, tu dois faire de même* disait ce regard.

"En plus qui sait, tu es loin d'être repoussant, tu feras sans doute fureur auprès de la gent féminine!" dit il en applaudissant brièvement son propre jugement.

Arthur regarda avec appréhension Archibald retirer le soutien-gorge du dessus de son crâne mais fut rassuré en le voyant sourire. Il se permit de se détendre un peu mais son soulagement ne dura qu'un temps quand Archibald reprit la parole. Ses pires craintes se matérialisaient et il pâlit dangereusement. A vrai dire, s'il s'était bien débrouillé derrière la caisse enregistreuse, il doutait sérieusement de ses capacités de vendeur... ou de chercheur vu le cas présent...

"Euh..."

Il voulut exprimer son point de vue mais il s'arrêta pour observer Archibald qui rangeant consciencieusement sa marchandise. Et c'est là, qu'il réalisa qu'il n'y arriverait jamais.

"Je ne suis pas sûr que j'y arriverai." avoua-t-il franchement.

"Je veux dire, la caisse, je pense pouvoir gérer mais là... fit-il en englobant d'un geste l'arrière-boutique, je ne m'y retrouverai jamais."

Il pouvait encore imaginer ranger l'arrivage de nouveaux stocks si on lui laissait suffisamment de temps mais de là à partir à la recherche de la culotte perdue... Non, il n'avait pas une telle âme d'aventurier.

Archibald se plaça face à Arthur les poings sur les hanches, et tapa du pied.

"Je t'en prie, c'est tout à fait ordonné, il suffit de retenir le pourquoi du comment. Tu veux une liste?" demanda-t-il très sérieusement.

"Je peux te mettre un récapitulatif, te faire un parcours fléché! Allons, tu es un homme un vrai, un guerrier! Il faut savoir partir à l'assaut du monstre du rangement, du croquemitaine de l'arrière boutique! Tu as du te battre contre un myriade d'hommes, ça n'est pas un rangement bien ordonné qui va te faire peur!" tonna Archi en frappant de son poing dans la paume opposée.

Il laissa une pause dramatique dans son discours, et reprit plus calmement pour ne pas non plus paniquer son soumis (quel homme, qui fait le rude guerrier et vient ensuite se plaindre d'un rangement trop ordonné):

"Bien sûr je t'aiderai au début, ne t'inquiète pas. Je n'vais pas te lâcher dans la jungle de l'arrière boutique sans rien dire."

[c'est jumanji l'arrière boutique XD]

[mdr XD]

Arthur eut un sursaut quand Archibald se mit à parler avec ferveur. Pour le coup, il aurait juré se retrouver devant un général parlant à des troupes ayant peur d'affronter l'ennemi... et bizarrement, cela marcha sur notre homme. Il se retrouva quasiment au garde-à-vous et écouta son maître en pensant en son for intérieur que pour un démon efféminé, il pouvait se montrer très convaincant.

"Oui, maître !" répondit-il lorsqu'il eut fini de parler.

Néanmoins, il ne put cacher son soulagement quand il lui précisa qu'il l'aiderait au début.

"Ah, je veux bien... D'ailleurs, je veux bien la liste et le parcours fléché, si je puis me permettre." répondit-il en levant l'index.

En jetant à nouveau un coup d'oeil à l'arrière-boutique, il pensa sérieusement que cela ne lui serait pas inutile. Il eut une longue inspiration avant de reporter son attention sur Archibald.

"Et vous stockez donc tout ici ?" demanda-t-il en se doutant que la réponse serait positive.

Archibald regarda Arthur qui reprenait ses habitudes militaires.
Il était super sexy comme ça... C'était très agréable. Il semblait galvanisé! Finalement il semblait avoir trouvé sur quel bouton appuyer pour le faire marcher à la baguette.
Il se retint à grand peine d'appeler son petit soldat par cette appellation.
Il retrouva son air moins... Militaire en demandant un parcours fléché.
Archi sourit. Parce que si la liste avait été un argument sérieux, le parcours fléché lui relevait plus du domaine de la moquerie.

"Va pour le parcours fléché, je ferai ça ce soir." dit il avec douceur.

Il allait devoir se mettre à quatre pattes par terre mais que ne ferait-il pas pour.... Cet humain? Son chiffre d'affaire? Archi avait l'impression que tout allait à vau l'eau dans cette école, quand mon père saura ça depuis l'arrivée de l'humain dans sa vie ce matin. M'enfin. Acquérir un être humain, c'était pas acheter un nouveau meuble, contrairement à ce que pensaient certains maîtres. Fallait bien faire quelques sacrifices.

"Je stocke ici oui, mais il y a encore quelques créations inachevées dans mon atelier. C'est la suite de la visite, il faut juste que j'aille fermer les portes du magasin si on doit monter tout de suite."

Arthur parut soulagé quand Archibald accepta de faire le parcours fléché. Très loin d'imaginer, d'ailleurs, qu'il s'agissait d'une blague de la part de son propriétaire. Après tout dans certains magasins (ikea \o/), ce devait bien être aussi le cas !

"Merci." dit-il simplement mais sincèrement.

Archibald répondit ensuite à sa question et Arthur opina de la tête. Maintenant qu'il avait décidé de jouer un peu mieux son rôle de soumis, il était assez curieux de découvrir l'atelier d'Archibald. Tout en repassant dans le magasin en compagnie de celui-ci pour qu'il puisse aller fermer les portes, il tenta de s'imaginer à quoi pouvait ressembler l'atelier d'un couturier... d'un couturier comme Archibald.

Sans le vouloir, l'image d'un endroit extrêmement scintillant avec des rubans un peu partout, des machines à coudre parsemés d'étoiles s'imposa à son esprit et il visualisa sans peine Archibald au milieu dans son plus bel habit de lumière en train de danser en s'extasiant de son génie. Soudainement, il eut envie de rire et il le dissimula sous une quinte de toux.

Archibald fronça les sourcils. Il n'avait entendu que du bien au sujet du propriétaire du local à humain, donc si celui ci lui avait refilé un soumis malade... Mais la quinte de toux passa.
Et puis c'était la seule marque d'un quelconque virus... A surveiller.
Il referma les portes. Il les avait ouvert au cas où mais ce matin le magasin était signalé comme fermé, donc ils avaient la matinée... A eux.

Il jeta un coup d'oeil circulaire au magasin, par réflexe. Pour s'assurer que tout était en ordre.
Puis il fit signe à Arthur de le suivre. Ils retraversèrent l'arrière boutique, et derrière un lourd rideau de velours bordeau sombre se trouvaient des escaliers, en haut desquels une porte fermée montait la garde pour protéger les précieuses nouvelles créations que tout le monde s'arracherait, ses concurrents en premier, les faibles créatures sans une once d'imagination, ces pauvre hères condamnés à voler les créations du génie, pauvre bougres.
Car Archi en était persuadé!
Avec un talent comme le sien, il était impossible qu'il en soit autrement.

"Prêt?" demanda-t-il avec un grand sourire en mettant la grosse clé dorée dans la serrure de la porte de l'atelier.

Arthur finit de s'éclaircir la gorge alors qu'Archibald lui jetait un coup d'oeil suspicieux. Il espérait qu'il se demande davantage si son soumis était malade plutôt qu'il ait remarqué que cette toux ne cherchait qu'à dissimuler une moquerie. Mais Arthur ne devrait jamais le savoir puisqu'Archibald repassa devant lui sans lui adresser la moindre remarque. Il l'observa couver du regard l'ensemble du magasin avant de retourner dans l'arrière-boutique. Sans un mot, Arthur le suivit et son coeur se serra à nouveau d'angoisse en voyant tout cet étalage de vêtements.

Il essaya brièvement de se rappeler à quoi correspondaient les couleurs mais il avait déjà oublié. Mémoire de poisson rouge quand tu nous tiens... Ils arrivèrent devant de lourds rideaux et Arthur crut découvrir directement l'atelier derrière ceux-ci. Ca renforçait encore plus le côté théâtral d'Archibald. Il eut un sourire intérieur à cette pensée mais fut vite détrompé en découvrant des escaliers.

Un peu déçu, oui, Arthur l'était. Il monta les marches en suivant Archibald. La cage était légèrement sombre et leur pas résonnaient contre les murs, donnant l'impression que le silence était de rigueur dans cet endroit. Un peu comme s'ils se préparaient à entrer dans un espace saint. D'une certaine façon, du moins aux yeux du propriétaire des lieux, cet endroit devait être ainsi. Le démon se retourna alors vers Arthur et lui demanda s'il était prêt.

Le jeune homme hocha de la tête et porta son attention sur la grosse clé en or qu'il tenait et qui allait servir à ouvrir la porte menant au génie créateur à l'atelier de son nouveau maître...

[Let's ROCK!!]

Archibald s'amusa du fait qu'Arthur n'avait pas ouvert la bouche.
Peut-être avait-il senti la solennité de l'instant, et voulait respecter ce moment sacré... Peut-être s'était il mis à respecter son maître pour son talent fou? Enfin, mieux valait ne pas trop s'emballer, il n'avait juste rien dit, et pas encore vu l'atelier.

Il fit tourner la clé dans la serrure et avec un "clac" sonore, elle cessa d'opposer une quelconque résistance, et Archi l'ouvrit, révélant une pièce immense, parsemée de mannequins (de simples torses sans tête ni membres) plus ou moins vêtus.

La pièce était aussi grande que l'arrière boutique, éclairée par d'immenses fenêtres qui laissaient passer le soleil à travers les stores qu'Archi avait installé. Au sol du parquet, les murs étaient blancs mais constellés de schémas compliqués de diverses couleurs, représentant des vêtements. Il y avait des tables ça et là, avec des chutes de tissu, des ciseaux argentés et des épingles et autres bobines et bien sûr, les incontournables machines à coudre, de couleurs différentes.
Sur un pan de mur complet, des rouleaux de tissu fixés au mur en dévidoir pour permettre de se servir en tissu plus facilement, la même installation pour les fils, et plusieurs petites boites carrées rouges au tiroir transparent, alignées en deux rangs jusqu'à 1m80 de hauteur, avec des diamètres d'aiguilles notées dessus (ou simplement "mètre" pour ranger les mesureurs). Enfin, attachés par des crochets à des chaînes, pendaient une forêt de ciseaux de toutes tailles, le long du mur d'à côté.
Archi aimait l'ordre. Même si il y avait du tissu et des fils partout, au moins la plupart des ustensiles étaient rangés.

"Voilà mon royaume, ma pièce préférée, là où je laisse libre court à mon génie créateur!" dit Archi en faisant rentrer Arthur.

Il ferma la porte, derrière laquelle (quand elle était ouverte) se trouvait un bureau immense, un secrétaire en bois massif, avec des dorures et plein de crayons de couleurs rangés dans un pot, et quelques uns laissés à l'abandon sur le sous main de cuir vert.

"Si jamais tu veux me tenir compagnie, ou quand tu devras m'aider, j'aime autant te dire tout de suite que ces stores - il pointa les fenêtres - sont là tant bien pour cacher mon travail aux yeux des néophytes et des espions, que pour protéger les couleurs des tissus et leur qualité. Donc hors de question de les tirer sauf si je t'y autorise. Vu?" demanda-t-il aimablement.