Petite visite programmée [PV Ishina] TERMINÉ

Ishina sentit la crispation de l’intérieur. Comme si Venezziano la sentait. C’était possible, une chose rare, mais pas impossible. Ishina déclencha une des armes secrètes qu’elle avait pour ce genre de situation, des endorphines pour détendre Venezziano. Elle sortit en suite de l’esprit de ce dernier. Elle ne voulait pas trop brusqué son élève. Il semblait toujours tétanisé.

- Venezziano?

Ishina fit le tour de la table et alla le prendre contre elle pour le rassurer.

- J’étais dans ton esprit, pardon… Je voulais juste te montrer des images du tracé. Tu as des dons quand tu te concentres. Je voulais juste les aider un peu. Je ne recommencerai pas… Tu vas savoir me pardonner?

Ishina était une des rares personnes qui demandaient pardon lorsqu’elle fraichissaient certaines limites. Ishina avait défini ses limites il y a longtemps, très longtemps et les limites n’avaient jamais changées. Elle variait juste suivant qu’elle fut en colère ou non. Mais elle tâchait de toujours s’excuser…

Venezziano se sentait tout chose. Il n'avait pas l'habitude de ce genre de pratiques, et il se demanda si le léger malaise physique qu'il ressentait à présent en était la conséquence.
Il se sentit légèrement mieux, sans pour autant comprendre pourquoi. Une manœuvre de la dame?
Sans doutes.
La dame semblait aussi chamboulée que lui. Si les maîtres étaient aussi chamboulé que ça en trifouillant l'esprit des soumis, alors pourquoi le faisaient-ils à tire l'arigot?
Quoique cette maitresse là était plus gentille que les autres. La preuve, elle l'avait pris dans ses bras en lui demandant de lui pardonner. Venezziano passa de la légère pâleur causée par son malaise, à un rouge brique causé cette fois ci par le geste avenant de la dame, qui tenait vraiment à se faire pardonner visiblement. Quelle agréable personne!

"Ne vous inquiétez pas madame, je ne vous en veux pas du tout!" dit-il avec un grand sourire sincère, tout en restant dans les teintes de rouge.

"Je n'avais pas compris que vous vouliez m'aider, j'ai pas l'habitude que des maîtres utilisent leurs pouvoir sans vouloir faire mal, madame." dit il avec candeur.

Il ne se plaignait pas, loin de là.
C'est juste que les raids des démons sur l'orphelinat l'avaient habitué à des pratiques plus... belliqueuses et douloureuses.

Ishina était rassurée, Venezziano allait bien. Elle s’en serait voulu s’il lui était arrivé quelque chose. Elle ne voulait pas s’attirer les foudres de Gabriel en faisant du mal à Venezziano, surtout sans le vouloir. Elle n’avait voulu que l’aider à se concentrer. Elle se demanda s’il voudrait retenter l’expérience. Mais elle le préviendrait mieux, cette fois.

- Merci Venezziano, me voilà rassurée. Je ne voulais pas t’agresser, mais t’aider à te concentrer, simplement. J’espère que cela ne t’a pas fait de mal, surtout…

La voix d’Ishina marquait son intérêt et le souci qu’elle avait de son invité.

- Ici, dans ce domaine, les humains, les nekos et les hybrides sont mes égaux. Ils sont traités avec le respect qu’ils méritent et ils ont les mêmes droits que moi. Pas plus, pas moins. Est-ce que tu voudrais réessayer, maintenant que tu sais ce que je voulais faire?

Ishina demandait pendant qu’elle faisait venir une tarte au sucre pour la partager avec Venezziano. Une façon de se faire pardonner, en quelques sortes…

Venezziano se dandinait d'une fesse sur l'autre, mal à l'aise. Il ne voulait certainement pas contrarier madame Ishina qui voulait réitérer l'expérience, mais il ne voulait pas non plus recommencer, avoir à nouveau à affronter cette expérience déplaisante, ces sentiments dérangeants, et ces sensations étranges. Il regardait sa tasse, sans oser relever les yeux. Mais il se sentait impoli en faisant ça, la dame lui répétait que pour elle les soumis étaient ses égaux, du coup il devait la regarder dans les yeux pour lui parler non? Même si son éducation à lui lui suggérait de continuer à regarder sa tasse comme si c'était la chose la plus importante du monde.

Il se força à relever la tête, les larmes aux yeux, pris dans son dilemme intérieur. L'instant d'avant il voulait faire plaisir à madame Ishina et lui pardonnait tout, et là d'un coup il aurait voulu se trouver à des kilomètres de là.
Mais si madame Ishina le voulait, il fallait le refaire non?
Alors malgré son visage qui disait "Non je refuse" il susurra un petit "oui si vous voulez" en pensant tout à fait le contraire.

"Vous êtes vraiment gentille avec vos soumis." dit il pour faire bonne mesure, et éviter de contrarier la dame avec son air contrit.

Ishina remarqua que Venezziano ne se sentait pas bien avec l’idée de recommencer. Elle soupira légèrement et le garda contre elle.

- Si tu ne veux pas, ou n’aime pas ne te force pas, ce n’est pas ici que l’on te forcera la main. Nous essayerons cela lorsque tu seras plus en confiance avec moi. Je ne veux pas te forcer, loin de moi cette idée…

Ishina le câlina et lui mit un biscuit sucré dans la bouche. Il devait savoir qu’ici, il était libre de ses choix, de ses gestes, il était libre, dans cette maison et ses dépendances. La remarque sur sa gentillesse fit rougir Ishina…

- Merci beaucoup… Je n’ai jamais eu de compagnon humain mâle, mais je crois que tu aurais pu être le premier si Gabriel ne t’avait pas trouvé d’abord et que ma maison ne débordait pas déjà de vie…

Ishina souriait toujours, heureuse de ce moment, de cette leçon. Elle se leva et invita Venezziano a faire pareil.

- Allons, faisons une petite pause, je vais te montrer le parc…

Ishina prit le bras de Venezziano comme une femme le ferait avec l’homme de sa vie. Elle aimait à tenir le bras ou qu’on le lui tienne, suivant les personnes et ce qu’elle ressentait…

Venezziano se détendit. La dame ne voulait pas lui faire de mal, ça il l'avait bien compris. Donc pas la peine d'être effrayé.

"J'ai confiance madame mais..."

Il se fit couper par un biscuit sucré qu'on lui fourra dans la bouche sans plus de cérémonie. Miam, ça c'était une meilleure surprise que la manipulation mentale. Il mâcha soigneusement son biscuit sans mot dire. La dame avait bien compris son trouble, il ne voulait pas la mettre dans l'embarras en recommençant à en parler.

Mais qu'est ce qu'il pensait encore?! Mettre un démon dans l'embarras, lui, un petit humain sans importance? N'importe quoi. Il regarda le bout de ses chaussures d'un air piteux.
Puis la dame l'invita à se lever et à aller voir... Le parc?

"Un parc?! Chic!" dit il les yeux brillants.

"J'aime bien la nature, il y a quoi dans votre parc?" demanda-t-il en prenant tout naturellement la main de madame Ishina.

Ishina était rassurée, Venezziano semblait se remettre de l’expérience avec le contact mental. Ishina se dit qu’elle devait avoir une autre approche, mais pas maintenant, elle avait promis une visite du parc et elle ne mentirait pas, elle se leva et se laissa prendre le bras par un Venezziano qui semblait revivre, enthousiaste et jovial. Elle sourit donc en voyant cela. Les yeux brillants, il demanda ce qui l’attendait et Ishina savait quoi répondre.

- J’ai fait la décoration du parc de la maison moi-même, sauf la zone de Clarence, mon Clarence. Il a son havre de toile dans un morceau du parc, c’est un hybride araignée des plus doux et agréables. Et pour le reste, tu vas découvrir au fur et à mesure…

Ishina sourit, espérant des commentaires et des appréciations sur son travail. La visite commença par les étangs à poissons. Elle les voulait décoratifs, de petites chutes d’eau les reliant, ils formaient une sorte de grand escalier aquatique. Un système permettant aux poissons de circuler était quasi invisible à l’œil nu. Ishina le montra et en expliqua le fonctionnement. Elle aimait tous les animaux et toutes les créatures vivantes. Elle ne se voyait donc pas les mettre dans un bassin sans qu’ils puissent bouger…

Venezziano emboita le pas à la dame. Il l'aurait bien prise par la main mais elle était une grande dame, un démon, alors il s'était abstenu. Néanmoins il lui prit bien vite la main, en panique, quand elle mentionna un hybride... Araignée?!
Mais quelle horreur! Ça existait vraiment ce genre d'humanoïdes? Il avait déjà croisé des nekos, des hybrides sous diverses formes animales et surtout des trucs genre mammifères, mais une araignée?!
A quoi pouvait ressembler l'animal, ce... Mais qu'est ce que...

Son cerveau tournait à plein régime et il écouta à peine ce que disait dame Ishina, paniqué qu'il était de se retrouver face à... A quoi? Une araignée de taille humaine? Ce serait infâme.

Il se força à sourire à dame Ishina et à écouter la fin des explications sur le système des poissons.
En regardant plus attentivement il crut voir quelques petites flèches argentées remuer dans l'eau.

"Vous vous êtes donné du mal..." dit il d'un ton admiratif.

Puis n'y tenant plus il demanda à brûle pourpoint:

"Cet hybride araignée, on ne va pas le voir hein? Il est gros?" demanda-t-il avec les larmes aux yeux, paré à paniquer.

Ishina adorait les réactions de Venezziano. Elle se demandait toujours d’où il pouvait venir, de quel orphelinat. Si elle le savait, elle ferait fermer l’établissement dans sa forme actuelle pour le rendre plus humain. Le pauvre semblait avoir manqué d’amour et en plus, il avait des peurs énormes à cause des attaques sur ce dernier. La sécurité aurait donc eu aussi besoin d’une révision! Elle réagit au compliment et lui répondit.

- J’aime prendre soin de mon chez moi et puis, pas tant de mal que cela. Pour les plantes, oui, je fais tout à la main, mais pour ce genre de travail, la télékinésie reste un atout. Je n’ai pas posé pierre par pierre, ni posé les tuyaux. J’ai usé de mes dons, pour faire cela.

Ishina souriait, puis, elle le vit un peu plus tracassé qu’elle ne le pensait. C’était Clarence qui le tracassait. Il ne semblait pas aimer les araignées. Ishina ne les trouvait pas toutes belles, mais elles étaient utiles. Et certaines avaient une forme de beauté. Mais son Clarence n’était que douceur. Sa mère, Kumo aurait été bien plus agressive. Elle se nourrit des émotions négatives, Meridell aurait été un festin pour la mère de Clarence…

- Ne t’en fait pas, Clarence est très doux et ne ferait pas de mal à une mouche. Mais il n’est pas là pour le moment, il est parti promener. Et pour sa taille, il est aussi grand que moi. Tu l’as vu en peinture, il est a ma droite sur le tableau avec mes compagnons et compagnes de vie. C’est le jeune homme aux cheveux gris/argent. Il est adorable, et j’attends des enfants de lui, deux…

Ishina caressa son ventre. Elle continua la visite, tenant toujours Venezziano par la main. Il semblait guetter les alentours pour le cas échéant, mais Clarence n’était pas là, elle le savait, elle avait sondé la zone avec son contrôle mental et n’avait pas trouver le père de ses enfants…

Venezziano écouta la dame. Elle lui parla de son jardin, qu'elle aimait en prendre soin, tout ça. Normal, avec une résidence aussi agréable, ça devait être très agréable de prendre soin de son environnement, de le sculpter à son envie, quand on en avait les moyens physiques et financiers.
Ça devait être une occupation agréable, au printemps, quand le soleil était doux, de façonner son jardin, d'y installer ce qu'on aimait... Pour mieux s'y prélasser en été.
Il imaginait les pierres et les tuyaux voler et se poser tout seuls au bon endroit, ça devait être rudement pratique, on ne se faisait pas mal.

Tout à ses réflexions, il écoutait d'une oreille distraite ce que disait dame Ishina, et fut violemment rappelé à la réalité par les déclarations de cette dernière qui affirmait... AVOIR DES ENFANTS D'UN HYBRIDE ARAIGNÉE?!!!!!!!!!!!!!
Il se figea sur place, lâchant la main de la dame qui continuait à avancer, comme frappé par la foudre d'une révélation qui dépassait son seuil autorisé de nouvelles terrifiantes.
Elle allait avoir des.... elle allait accoucher de... Elle avait dans son ventre, des enfants possiblement à 8 pattes, qui lui grouillaient dans le ventre, et ça allait sortir par... MAIS QUELLE HORREUR!
Et si elle explosait et que les énormes araignées fonçaient sur Venezziano pour l'attaquer?!

"M...m..." se contenta-t-il de balbutier, incapable de rentrer dans les standards "sujet-verbe-complément" de l'énonciation classique.

Ishina repensa à l’installation des bassins, l’histoire d’une petite demi-heure… Le bêton avait mis bien plus longtemps à sécher que la pose des pièces elle-même. Un problème pour Ishina, mais elle avait fait le jardin pratiquement en une fois, le transformant en un parc agréable à vivre.

- J’ai fait cela en une fois, un véritable plaisir que de travailler lorsque l’on aime le soleil et l’air frais…

Ishina sourit, mais elle sentit Venezziano lui lâcher la main. Qu’avait-il donc. Elle caressa l’esprit de Venezziano avec le sien. Elle comprit sa terreur et le regarda dans les yeux, sans le toucher.

- Allons, tu ne dois pas avoir peur, tu as vu mon Clarence, le jeune homme aux cheveux gris, dans les portraits et Kurumo, l’enfant que j’attends est très sage. Il est éveillé dans mon ventre. Je lui parle déjà, d’esprit à esprit… Tu ne craints rien, je te le promets. N’ai-je pas tenue parole, jusqu’ici ?

Ishina tendit une main vers Venezziano, espérant qu’il comprendrait qu’il ne risquait rien. Mais avec lui et son passer, rien n’était sur. Il avait été maltraité par des démons et Ishina restait une démone malgré tout, et d’apparence, surtout…

Venezziano soupira.
Bien sûr que la dame avait tenu parole jusqu'ici, là n'était pas le problème.
Ceci dit... Bon, il n'avait pas non plus eu d'expérience désastreuse avec les hybrides (quoique les races soumises, contrairement à une idée reçue, n'était pas aussi solidaires qu'on le pensait) mais c'était cette histoire d'araignée qui le perturbait au plus haut point.
Comment la nature pouvait-elle créer des absurdités pareilles?!
Enfin, il se força à abandonner ce genre de questions rhétoriques, dame Ishina avait le pouvoir de lire dans les pensées et celles de Venezziano n'était pas très respectueuses envers l'homme qu'elle aimait au point d'avoir des enfants de lui.
Mais d'ailleurs, tiens, avoir des enfants, et plus? On pouvait se marier entre races soumises et dominantes?

"Vous allez vous marier, madame?" demanda-t-il en ouvrant des yeux ronds.

Puis les rouages de son cerveau se mirent en branle et il tilta.

"Ou alors je dois vous appeler mademoiselle?"

'.'

Ishina ne perçut pas les pensées de Venezziano. Elle le laissait penser ce qu’il voulait. Elle n’était pas là pour le convaincre à tout prix qu’elle avait raison. Loin de là. Elle se demandait ce qui passait par la tête de Venezziano quand même, sa concentration était des plus étranges. C’est alors que la question du mariage arriva. Elle y sourit. Elle y avait pensé, mais Clarence ne savait pas trop. Elle n’avait donc pas forcer la main a ce dernier.

- Bonne question, j’y ai pensé, au mariage, mais mon Clarence ne sait pas trop ce que c’est pour un engagement, surtout avec une démone et en étant un hybride.

Ishina sourit à la remarque suivante. On ne l’appelait plus mademoiselle depuis bien longtemps. Elle était trop vieille pour réclamer se titre et maintenant qu’elle était enceinte, elle n’envisageait pas de revenir en arrière sur les mots qu’on utilisait avec son nom. Elle refusait juste le terme de maîtresse. Elle n’était pas un monstre qui était pour l’esclavage...

- Il y a longtemps qu’on ne m’a plus appelé mademoiselle. Je me suis fait au ‘madame’. Et en plus, avec l’événement que j’attends, je ne suis pas certaine de pouvoir encore me dire que je suis une demoiselle. Mais qu’en penses-tu ?

Ishina reprit le bras de Venezziano, les éloignant des bassins pour les diriger vers la zone fleurie du parc.

Venezziano se tapa le front de la main. Evidemment, on ne mariait pas (ou trèèèèès rarement) un soumis à son maître. Encore moins un hybride avec une démone. Ven avait une très légère tendance à penser qu'il vivait dans le monde des bisounours, par moments, et que les sentiments prévalaient sur les lois méchantes et stupides qui entravaient leur monde déjà bien vérolé par les perversités des uns et des autres.

"Je suis désolé mademoiselle." dit Venezziano d'un air contrit.

"Je ne voulais pas vous euh, vous rappeler quelque chose qui vous chagrine." dit-il en serrant un peu plus fort la main d'Ishina, en plongeant ses yeux verts dans ceux de la démone.

Puis Ishina lui expliqua qu'avec un ventre rond et quelques années de plus, on ne pouvait pas l'appeler "mademoiselle". Oui évidemment ça pouvait paraître un peu... Un peu exagéré, mais madame Ishina était très belle, et de l'avis de Venezziano qui admirait les jolies dames:

"Moi je pense que tant qu'une dame fait jeune et jolie comme vous, même si elle a un ventre rond, on peut l'appeler mademoiselle. C'est flatteur non?" demanda-t-il avec un large sourire en sentant ses joues rougir.

"Mais si vous préférez, je vous appelle madame." conclut-il solennellement.

Puis ses yeux se mirent à pétiller en voyant ce qui arrivait. Des couleurs! Partout! Des fleurs ! Des odeurs! Il adorait ce genre de coins !

Ishina sourit en voyant le geste de Venezziano. Elle ne put s’empêcher de rire que de justesse. Pas un rire moqueur pour Venezziano, mais pour le geste. Le ‘mademoiselle’ la fit rougir légèrement. C’était un humain remarquable et sensible. Elle se demanda comment on pouvait en voir encore des comme lui avec tout ce que les humains subissaient.

- Allons, pas de ca entre nous. Nous sommes amis. Et pour tout avouer, je l’aurais bien épousé… Mais il est déjà reparti… Il a la bougeotte et je n’ai jamais eu le cœur à retenir mes amours…

Sourit en sentant la pression de la main de Venezziano. Il était si délicat et attentionné.

- Tu es vraiment un ange. Lilith qu’il a eu de la chance de te trouver… Sinon, j’aurais apprécié ta compagnie de façon définitive… Je t’aurais gardé avec moi. Et tu es très flatteur. Et tu peux m’appeler comme tu le veux. Je n’ai pas de préférence.

Ishina les arrêta devant les allées de fleurs. Il y en avait de toutes les sortes et couleurs. En les voyant comme cela, on en avait pas idée, mais le tout représentait l’emblème de la d’où elle venait, même si les couleurs n’étaient pas les bonnes…

- J’adore cet endroit, les senteurs sont toujours présentes et me ravissent à chaque fois…

Ishina resta en admiration devant la flore qu’elle avait mise en place…

Venezziano étouffa un grognement indigné quand on lui fit mention de la fuite du papa des bébés de madame Ishina. Quel malotru! Partir avant la fin de sa grossesse, et puis même, abandonner la maman de ses affreux bébés! Bon ça pouvait se comprendre du point de vue de Venezziano qui était arachnophobe, mais du point de vue d'un futur papa, c'était limite.
Mais il se força à penser à autre chose, puisque madame Ishina semblait aimer ce monsieur fuyard, et si elle elle l'aimait quand même, le petit soumis n'avait pas à juger tout ça.
En plus madame Ishina lui disait qu'il était un ange... Il sourit jusqu'aux oreilles. Il savait qu'elle ne parlait pas des plumeaux méchants de Meridell mais des vrais anges gentils, et il fut très touché.
Et même encore plus touché et même au delà de tout ça par le fait que madame Ishina aurait bien voulu le garder définitivement. Bien sûr il y avait maître Gabriel mais...
Il ne put se retenir et fit un câlin très délicatement à madame Ishina, en prenant garde à ne pas effleurer de trop près le ventre rond de la dame.

"S'il n'y avait pas maître Gabriel madame..." dit-il en rougissant.

Mais sa politesse et sa soumission l'empêchèrent d'aller plus loin. Suggérer que Maitre Gabriel ne soit pas là, c'était limite blasphématoire. Il déglutit avec difficulté, et préféra se concentrer sur les fleurs pour éviter la syncope.
Décidément cette dame était bien charmante, au point de lui en faire perdre ses idées sur sa soumission.

"Ces euh, ces fleurs forment un étrange tapis, c'est voulu?" demanda-t-il en évitant de regarder la dame, mais en lui tenant la main.

Ishina sourit en le voyant rougir. Elle se dit qu’elle était peu charitable de lui faire subir cela. Elle le prit contre elle, un instant. Elle le berça légèrement, comme un enfant. Car il avait encore les réactions d’un enfant par moment, des réactions pures et innocentes, Ishina appréciait vraiment cela. Il ne calculait pas, ne trichait pas, ne cachait pas ce qu’il ressentait…

- Merci, Venezziano, mais je ne voudrais pas priver Gabriel d’une aussi excellente compagnie. Il ne me pardonnerait jamais de lui avoir fait cela. Et tu n’as pas besoin d’attention particulière pour mon ventre, mes enfants ne risquent rien, je te l’assure…

Ishina souriait encore. Elle le laissa, en suite, apprécier le décor et les plantations de fleurs. Le mon impérial se voyait nettement pour un œil exercé et connaissant le symbole. Il était présent le plus souvent possible. Il n’y avait que l’hiver qu’il disparaissait. La question arriva et elle fut surprise qu’il aille vu la forme dans le tapis de fleurs…

- Tu as la vision fine et d’excellente perception. Le centre de la trame est le symbole de la famille qui dirige le pays d’où je venais. Le mon de la famille impériale. J’aime bien le symbole, même si cette famille dirige le pays d’une main de fer. On peut avoir un goût pour l’esthétisme et être des monstres…

Ishina se rappelait l’ordre d’extermination de certaines races hybrides considérées comme des vermines. Ishina avait été heureuse quand l’ordre avait été retiré car trop de gens en prenaient chez eux pour avoir un soumis rare. Cette réaction du peuple avait fait changer d’avis le pouvoir, on ne tue pas ce qu’on peut monnayer…

- Ca te plait? Ici, j’ai travaillé pas mal de mes mains, j’aime bien travailler la terre, c’est une chose naturelle et ancienne…

Ishina attendait l’avis suivant de son invité à la vue si fine…

[tu parles, il m'a abandonné maître Gabriel ;__; tu parles d'une compagnie ;___;]

Venezziano eut une drôle d'impression en voyant le symbole par terre. En fait, ses sentiments jouaient aux montagnes russes depuis qu'il était là, passant de la peur à la joie en un quart de seconde selon ce que racontait dame Ishina.
Là les fleurs lui procuraient un sentiment de joie et de contentement, de couleurs, d'odeurs, etc.
Mais Dame Ishina disait que c'était le symbole de ceux qui dirigeaient le pays d'une main de fer... Si une démone disait "main de fer" en parlant d'autre gens, ceux là devaient être de vrais...

Monstres.

Le mot était lâché par dame Ishina elle même. Elle semblait pensive, avec un air... Contrarié? En songeant à tout ce que ça représentait, ce symbole, ce pays... Mais elle changea tout de même de sujet en évoquant sa passion pour le remuage de terre et le plantage en règle.

"C'est très joli." dit-il avec un grand sourire.

"J'aimerais bien avoir un parc comme ça." conclut-il en promenant son regard sur les choses alentours.

"Mais sans grosse bête pleine de pattes tout partout." se renfrogna-t-il à voix basse.

[je sais bien, tu veux resté ici en libre ? *sifflote* Ishina te fera des bons petits plats :-p]

Ishina se demanda si elle ne devrait pas être plus prévenante et faire attention a ce qu’elle racontait. Venezziano semblait passer des joies aux larmes, voir à la crainte, assez vite. Elle ne voulait pas lui faire peur ou autre chose. Elle observait l’extérieur et s’était promis de ne pas lire ses pensées. Elle résista à la tentation de comprendre. C’est alors que vint le compliment. Ishina sourit largement. Elle apprécia le compliment, et ce, malgré les troubles qui avaient heurtés Venezziano pendant qu’elle parlait de ce que cela représentait.

Merci beaucoup, le compliment me va droit au cœur.

Venezziano exprima un désir, celui d’avoir un parc comme celui-ci. Ishina parla directement après, sans même réfléchir deux secondes a ce qui allait suivre.

Tu es ici chez toi aussi longtemps que tu le voudras et une fois passée la grille, tu n’es plus un soumis, mais l’invité de ma maison. Et donc, ce parc est le tien. Si tu veux l’embellir, nous pourrions en parler et le faire ensemble.

Ishina entendit la dernière partie de ce qu’avait dit Venezziano et ce, malgré qu’elle parlait. Elle sourit et reprit la parole.

Clarence a une apparence humaine, il n’est pas plus monstrueux que je ne le suis. Tu n’as pas à le craindre ou à craindre le garçon que j’attends…

Ishina lui fit un câlin pour appuyer ses paroles. Mais elle ignorait si cela aurait de l’effet sur son ami, Venezziano…

Ishina comprit vite que Venezziano était dans ses pensées, probablement des pensées de couleurs et de fleurs après ce qu’elle venait de dire. Mais la phrase de Venezziano la fit sourire. Il semblait pourtant naturel à Ishina de rappeler la moindre des règles de la maison. Ici, tout le monde qui y était entré était le bienvenu, et à jamais, peu importait le temps que la personne désirait rester. Nisis en avait été le parfait exemple. Une relation difficile au départ, qui c’était suivi par de l’amour. Nisis était restée parfois bien des jours ici, et même plus.

- Ce n’est rien, c’est tout naturel.

Ishina rit légèrement en entendant le ventre de Venezziano. Il semblait avoir toujours faim. Chose qui n’était pas inconcevable pour Ishina, elle mangeait plus aussi en se moment…

- Je pense que tu as faim. Que puis-je donc te préparer à manger?

Ishina regardait Venezziano. Elle l’orienta vers la maison, le parc pouvait attendre le temps qu’il se restaure. C’était la moindre des choses pour une dame comme Ishina que de faire attention aux envies de ses invités…

Ishina sourit en entendant Venezziano qui pensait la déranger, mais elle se dit que sans cette visite, son après-midi aurait été bien morne. Puis, elle fit un peu la moue. Que dirais Gabriel si elle renvoyait Venezziano le ventre vide, qu’elle était une bien mauvaise hôtesse. Elle ne voulait pas le forcer, mais elle allait re-proposer cela en mentionnant ce qu’elle pensait, mais pour commencer, elle l’aida à se redresser.

- Allons, pas de ce genre de chose, je ne suis pas une maîtresse ici, mais ton amie. D’ailleurs, même dehors, je ne serai qu’une amie. Mais, je vais te reposer mon offre de manger ici. Je ne pense pas que Gabriel serait fort ravi que je renvoie son cher ami le ventre vide. Et je n’aimerais pas me fâcher avec lui. Mais, si tu ne veux vraiment pas, malgré le bruit qu’a fait ton estomac, je ne te forcerai pas.

Ishina leur fit prendre le chemin de la maison. Elle utilisa ses dons pour sortir ce qu’il fallait pour préparer le repas pour toute la maisonnée, chacun mangerait à son aise et au moment qu’il voulait. Ishina n’avait pas atteint la table extérieure que le repas se préparait déjà a bonne vitesse…

Venezziano resta songeur. Que faire? Il fallait dire non la première fois qu'on lui proposait quelque chose, puis re oui après non? Histoire de pas être un mufle? Ou alors c'était l'inverse? Que recommandaient les bonnes manières? Le soumis parfaitement éduqué qu'il était peinait à rassembler ses souvenirs une fois que son estomac criait famine (ce qui arrivait en somme toute assez souvent).
Il opta pour la faiblesse, après tout dame Ishina avait l'air de bien aimer Venezziano, et ça lui faisait plaisir de lui remplir le ventre, même si la pauvre ignorait à quoi elle devrait faire face.
Elle devait sous estimer l'ampleur du phénomène.

"Soit, madame, je veux bien." dit-il d'une voix timide.

Il relâcha la pression sur son estomac qui fit à son tour mention du fait qu'il était d'accord, lui aussi, en lâchant un grondement digne d'un féroce dragon au fond d'une caverne.

Ishina sourit en entendant l’acceptation finale de Venezziano. Elle ne retint pas une petite phrase…

- Merci de ne pas me mettre mal avec Gabriel.

Ishina s’inclina devant Venezziano. Elle était heureuse qu’on lui laisse son rôle d’hôtesse jusqu’au bout. Elle reprit le bras, juste à temps pour entendre un grondement sonore important qui émanait de l’estomac de son compagnon. Elle en rit légèrement…

- Je connais des dragons dans les montagnes qui n’ont pas l’appétit aussi bruyant. J’espère que le repas te plaira, il est à base de poissons pour l’entrée, mais le plat principal sera avec de la charcuterie. Des sushis seront disponibles aussi ainsi que des nouilles et profusion d’autres choses.

Ishina évaluait cela à son pouvoir qui travaillait pour elle en cuisine. Les instruments et les aliments bougeant sans une personne physique pour les manier. Ishina fit entrer Venezziano et dressa la table, sans le quitter pour la cause. Elle l’installa à coté d’elle, à la place de l’homme dans un couple. Ishina jouait souvent sur ses positions de table. Les autres places étant dressée pour les autres membres de la maisonnée… Une question restait pourtant à poser.

- Que voudrais-tu pour boire pendant l’entrée?

Ishina avait une cave bien fournie et différents alcools, du plus sucré au plus sec…