Requiem à l'aurore [PV Fendal]

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Quinze traqueurs ... Armés jusqu'aux dents, et expérimentés. Ils formaient un cercle qui se refermait comme un étau menaçant sur Meigetsu. L'hybride commençait à sérieusement craindre pour sa peau : elle était seule, et devait combattre à mains nues face à des chasseurs équipés de filets, d'armes à lames, et surtout de flèchettes paralysantes. La plupart s'étaient logées dans ses ailes, avec des poignards, et le sang coulait sur les plumes banches, parfois noires. Elle commençait déjà à s'engourdir, et ses mouvements étaient plus lents, moins précis. Elle luttait furieusement, et enrageait lorsqu'elle voyait les démons s'approcher chaque fois davantage. Elle avait beau en avoir envoyé trois sucrer les fraises, ce n'était pas suffisant, les autres commençaient même à tenter de la frôler avec le bout de leur fusil. Elle grogna fortement, et s'éleva dans l'air avec difficulté. Elle aurait pu fuir, car même si c'était lâche, ce serait sans doute la seule solution pour ne pas être capturée. Mais elle les aurait aussi menés tout droit vers sa tanière, d'autant plus qu'elle ne se sentait pas en mesure de voler longtemps, avec ce qu'on lui avait injecté. Et elle ne voulait pas chercher de l'aide auprès d'autres hybrides, elle les aurait exposés au danger, et puis, elle avait cette fichue fierté.

Pourtant, la journée avait bien débuté : elle s'était réveillée au crépuscule, et était partie chasser, avant de revenir chez elle avec trois bons gros lièvres. Puis, comme le temps s'était refroidi, elle avait été faire un petit tour dans les plaines. Elle avait oublié de prendre des armes, ça faisait longtemps qu'il n'y avait pas eu d'attaques, depuis sa rencontre avec Fendal. Elle regrettait amérement de ne pas l'avoir écouté, de ne pas s'être jointe à un clan d'insoumis, d'ailleurs. Elle regrettait encore plus de ne pas s'être équipée. Elle était tombée sur ces chasseurs en marchant dans les hautes herbes, insouciante, et ils l'avaient rapidement attaquée. Il n'y avait pas énormément de rebelles, et Mei faisait partie des hybrides à capturer, si les chasseurs l'attrapaient, ils seraient sûrement grassement payés. Mais voilà, la chouette n'avait pas du tout aimé être ainsi surprise, et ils n'avaient eu d'autres choix que de la blesser pour la calmer ... Ce qui n'avait eu pour effet que de la mettre encore plus en colère. En une demi-heure, elle avait pris écopé d'une douzaine de bleus, et perdu plus de sang qu'en dix ans. La panique s'était emparée d'elle, et l'avait complétement désorientée, au point où elle frappait complètement à l'aveuglette. Qu'aurait-elle donné pour être débarassée de ces bestioles démoniaques ? Beaucoup de choses ... Mais elle n'espérait pas d'aide, l'aube était déjà là, et elle n'avait vu personne, jusqu'à présent, hormis ses agresseurs. Elle se voyait déjà enfermée dans une cage, entourée de barreaux contre lesquels elle irait se briser les os. Plutôt mourir que d'être soumise.

Une dague frôlant le mollet de Mei la fit revenir à la réalité. Elle baissa des yeux hagards vers les démons, et l'un d'entre eux lança une corde, pour attraper sa cheville. Elle n'était pas du vulgaire bétail, namého! Enfin, elle ne put lutter contre la force accrue du monstre, qui la fit brutalement heurter le sol. Elle s'écrasa avec violence contre la terre sèche, étourdie, et presqu'aussitôt, les démons se jettérent sur elle, histoire d'évaluer la marchandise. Elle sentait leurs grosses mains la fouiller, lui retirer ses biens, déchirer même le peu de vêtements qu'il lui restait pour l'attacher, pieds et poings liés dans le dos. Elle hurla, haineuse et presque folle, tandis que sa vue se brouillait et que son ouïe l'abandonnait. Sa conscience voulait la quitter, elle aussi, et son cri se perdit peu à peu, jusqu'à ne devenir qu'un faible gémissement. Elle se sentait faible, peut-être s'était-elle surestimée ... Dans une dernier soubresaut, elle tenta de se dégager, mais ne réussit qu'à se renverser sur le flanc. Ses yeux s'embuérent, emplis de larmes glaciales, avant de se fermer. Elle sombra dans l'inconscience.

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Le dragon s’était réveillé bien avant l’aube ce matin. Il était allé chasser après s’être entraîné devant sa grotte à des katas avec diverses armes. Fendal était passé par quelques camps d’hybrides où il s’assura que tout allait bien. Le grand reptile cracheur de feu commença donc sa chasse en suivant les animaux comme les cerfs ou les sangliers en utilisant le pistage. Il eut soudain un mauvais pressentiment, la sensation que tout ne se passait pas bien dans les environs où il se trouvait… Le dragon alla à la tanière de Meigetsu qu’il trouva vide, il s’inquiétait pour elle. Le sentiment de danger se fit plus urgent, plus pressant, il sentit soudain dans l’air l’horrible odeur des démons. D’ailleurs, en pistant, il remarqua les traces plus ou moins fraiches sur le sol de deux véhicules lourds. Il les suivit pour découvrir un 4x4 où se trouvait une cage vide où il y avait quatre compartiments à l’arrière ainsi qu’une sorte de camping car tout terrain. Le dragon pris forme humaine afin d’être plus discret et continua son inspection jusqu’à trouver, à cent mètres de là, un groupe de quinze traqueurs qui capturaient une hybride ailée.

Il dégaina alors deux pistolets avec silencieux et tira sur quatre chasseurs qui ne portaient pas la demoiselle. Les deux premiers prirent les projectiles en pleine tête, faisant couler une importante quantité de sang de ces blessures. Ils titubèrent sur quelques mètres et tombèrent au sol, le fait qu’ils bougent encore étant l’action des nerfs qui étaient encore « vivants » bien qu’ils soient morts quand ils furent touchés. Une autre balle traversa la poitrine d’un homme de part en part et la dernière atteignit le quatrième en plein cœur. Quatre balles, quatre morts. L’hybride dégaina alors son katana et vit trois traqueurs poser leur prise au sol avant de le charger. Fendal para la premier coup et feinta avant de décapiter le premier attaquant qui aspergea ses compagnons de sang avec en un geyser écarlate. Cela gêna le prochain qui se retrouva rapidement les tripes à l’air. Le dernier ferrailla un peu avec Fendal mais ne l’égalait pas à l’épée et se retrouva avec la lame du dragon dans l’œil qui perfora son cerveau. Un quatrième attaqua mais se retrouva bien vite amputé de son bras droit.

Les sept traqueurs restants semblaient essayer d’élaborer une stratégie. Fendal savait qu’il devait maintenant employer les grands moyens… Une aura noire l’envahit, permettant néanmoins de voir au travers puis il en sortit sous forme draconique occidentale, les yeux impressionnés voire apeurés des traqueurs posés sur lui. Ils restèrent un instant immobile, saisis par la crainte qui se lisait sur leur visage, ce qui laissa le temps au dragon de les charger. Ils s’étaient détournés de l’hybride ailée ce qui lui permit de ne pas se faire gêner en essayant de ne pas la piétiner.

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Le corps de Mei gisait encore à quelques mètres. Inconsciente, mais pas morte, elle ne bougeait plus. Seul le vent faisait onduler ses plumes, du moins celles qui n'étaient pas ensanglantées, comme le reste de son corps. À moitié dévêtue et vidée de son hémoglobine, elle était repliée sur elle-même, tandis que son esprit ne réagissait plus. Elle était loin, très loin de là, même ... Loin de toute cette violence, de ces révoltes, du massacre qui se déroulait à l'instant même tout près d'elle. Elle était dans une abysse, seule, enfermée dans un cocon d'indifférence et coupée du reste du monde. Elle ne sentait plus les mains dégoûtantes sur son corps meurtri, ni les ricanements lugubres, ni les cris d'horreur quelques minutes plus tard. Et pourtant, même si elle n'aimait pas voir le liquide pourpre et chaud couler, elle aurait été heureuse de voir ses agresseurs mourir ... Tués dans la poussière dans laquelle elle-même était tombée plus tôt, dans laquelle ils l'avaient roulée, et qui se collait à présent à sa peau et ses cheveux, se mêlant à la sueur du combat.

Hnn ...

Le retour avait été rapide ... Elle eut le temps d'entr'ouvrir les yeux, pour reconnaître une silhouette familière, puis sept autres, regroupées et dont la peur était palpable. Tout comme la douleur qui avait profité de l'évanouissement de la chouette pour s'emparer de ses membres et de ses muscles. Elle fut tentée de se relever, pour aller aider Fendal, mais ses nerfs lui échappaient : pas moyen d'esquisser le moindre mouvement ... Sans soucier davantage du fait qu'elle pourrait déconcentrer le dragon, Mei tenta d'hurler. Encore une fois en vain. Sa voix ne sortit même pas de ses lèvres, qu'elle avait entr'ouvertes elles aussi, et mordu dans sa chute au sol : de ce fait, elle saignait abondamment, et le sang colorait la peau sensible du contour de la bouche. Ses ailes étaient tordues, et elles jonchaient le sol comme des plumeaux désenchantés. L'hybride essaya de les bouger, mais n'en souleva qu'une, et à quelques centimètres du sol, à peine, avant qu'elle ne retombe lourdement en produisant une vulgaire brise. Dans un ultime effort, Mei rassembla sa force, et les fit rentrer. À une lenteur torturante, les plumes rétrecirent, et la chair ailée s'enfonça pour disparaître dans le dos. La jeune femme respirait avec difficulté, aussi lorsqu'elle ressembla à n'importe quel humain non doté d'ailes, elle bascula sur le dos. Elle avait de la chance, le paralysant n'était pas très puissant ...

Elle s'étendit de tout son long, l'oeil rivé sur le combat, et sa respiration s'améliora, bien qu'elle reste encore sifflante. Sa cage thoracique se levait, et s'affaissait très rapidement, témoin du rythme qu'elle devait soutenir pour avoir suffisemment d'oxygène dans le corps. Brusquement, elle se mit à tousser, et se cambra aussitôt, avant de retomber brutalement. Elle avait replongé dans l'inconscience. Mais cette fois, elle se voyait nettement à l'intérieur d'elle-même. Trois images d'elle s'opposaient. Une magnifique jeune fille, aux vêtements d'or et au maintien noble ; une deuxième au style plus enfantin, vêtue simplement et comme un garçon ; puis une troisième très adulte, l'air farouche et très féminine. Brusquement, l'image se brisa, mais l'hybride ne reprit pas conscience. Seul son corps secoué de convulsiosn témoignait de la souffrance qu'elle éprouvait. Elle avait presque oublié ses racines, d'où elle venait, en tentant de se soustraire à l'esclavagisme. Mais son esprit le lui rappellait ...

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Le dragon était trop occupé pour se soucier de l’hybride ailée maintenant. Il chargea violement les sept traqueurs restants. Fendal avait vu le type au bras arraché tituber et tomber en se fracassant le crâne sur un gros rocher. Il en avait tué plus de la moitié en quelques instants ce qui effraya les autres traqueurs, de plus sa forme draconique ne leur disait apparemment rien qui vaille. Fendal freina un peu avant de cracher une énorme boule de feu qui transforma les quatre démons les plus proches en torches ambulantes. Ils n’allèrent d’ailleurs pas bien loin, même avec leurs pouvoirs, le feu de dragon était difficilement contrôlable. Quatre cadavres calcinés se retrouvèrent bientôt au sol. Les trois derniers traqueurs allèrent se réfugier derrière le 4x4 qui se trouvait à trente mètres du camping car ambulant. Mal leur en pris… Il suffit au dragon de s’approcher à une vitesse folle, de basculer le véhicule sur eux, les broyant dessous tout les trois et qui moururent sur le coup… Le combat était terminé et Fendal alla vers l’hybride blessée en reprenant forme humaine.

Il la reconnut et son cœur se serra… C’était Meigetsu, cette demoiselle avec qui il s’entendait si bien… Elle avait pris de sérieux coups et avait besoin au moins de premiers soins immédiats puis de système de guérison plus pointue. Il la prit délicatement dans ses bras, essayant de ne pas ouvrir trop de blessures ce qui était compliqué et la mena vers le camping car qu’il trouva heureusement ouvert. Il n’y avait personne à l’intérieur et il l’installa dans une couchette spacieuse qui était d’une propreté impeccable puis lui administra les premiers soins en pansant ses nombreuses blessures pour arrêter le sang de couler et en utilisant diverses choses dans son sac à dos qui lui permettrait de stabiliser son état en attendant les secours. Quand il eut fait tout ce qu’il avait à faire, il alla dehors et pris l’un des sifflets qui pendaient à son cou. Il souffla dedans en modulant des sons, cela produisait des ultra-sons qui étaient audibles à grandes distances. Le dragon communiquait ainsi avec les clans de son territoire, les sifflets étant enchantés pour qu’aucune oreille malveillante n’entende les messages qu’ils envoyaient. Fendal utilisa plusieurs autres sifflets en modulant les sons pour prévenir de la situation et du type d’aide dont il aurait besoin. Un signal se fit bientôt entendre à travers les plaines, un petit détachement d’hybrides arrivait avec des guérisseurs aux pouvoirs curatifs.

Le dragon entra dans le véhicule et s’assit à côté de la belle hybride meurtrie… Il ne put s’empêcher de lui caresser le visage et les cheveux avec une grande délicatesse. Il éprouvait de la tendresse pour elle, allez savoir pourquoi…

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Amochée, Mei l'était sérieusement. Elle n'avait pas suivi la fin de la bataille, qui s'était déroulé dans le chaos le plus total d'ailleurs. Si elle avait pu, elle aurait repris conscience, mais ça lui était impossible pour l'instant. Quand elle s'éveillerait, nul doute qu'elle se maudirait pour avoir été aussi fabile. Le sort était-il contre elle, ou avait-elle tout simplement une malchance inouïe ? Tomber sur des chasseurs expérimentés ... Mais ça aurait toujours pu être pire, si le dragon n'était pas intervenu. Qui sait ce qu'il serait advenu d'elle si ça avait été le cas. Elle ne sentait pas non plus qu'on la tansportait, quelques minutes plus tard, ni lorsqu'on l'installa sur une couchette. Ce fut seulement lorsque ses blessures furent totalement pansées, et que le sifflet retentit qu'elle réintrégra pour ainsi dire son corps. Être ballotée comme ça entre ces deux courants n'était pas agréable. Elle préférait soit sombrer dans l'inconscience, soit être totalement réveillée ... Mais faire le va-et-vient était atroce. Elle avait l'impression de perdre un peu plus d'énergie à chaque fois qu'elle se reconnectait à la réalité.

Au début, le sifflet agressa son ouïe. Elle grimaça dans le lit en bougeant ses membres, ses sens étant très développés, l'ultra-son lui semblait purement et simplement horrible. Mais peu à peu, elle s'habitua, mais ne comprit pas pourquoi un sifflet retentissait. L'avait-on capturée ? Et Fendal ? Elle s'apprêta à bondir hors de sa couchette, mais la douleur et une ombre l'en empêchérent. Elle avait à peine bougé, mais reprit vite sa position initiale en silence, discrétement, et fit mine d'être encore évanouie. Elle préférait voir à qui s'attendre plutôt que de tomber sur n'importe qui en sortant. Elle remarqua très vite qu'on avait pansé ses blessures, et qu'elle avait moins mal ... Même si ses nerfs étaient encore à fleur de peau, elle se sentait déjà mieux.

Une caresse sur le visage, puis sur les cheveux ... Elle réprima difficilement un frisson en reconnaissant la présence auprès d'elle. Le contact était doux, et elle crut reconnaître une once de tendresse ... Mais à quand remontait la dernière preuve de tendresse qu'on lui avait offert ? C'était loin ... Elle n'était même pas sûre d'en avoir eu de la part de son ancien clan. Et elle était encore moins sûre que c'était de la tendresse, tellement elle n'y était plus habituée. Mais c'était ressemblant ... Très ressemblant. Une émotion ancienne, mais oubliée, parcoura son corps tandis qu'elle repensait à sa rencontre avec l'hybride. Elle n'avait à ce moment-là pas osé beaucoup l'approcher. Mais maintenant, sa main glissait sur les courbes du visage de la demoiselle, et sur ses cheveux. Et c'était agréable. Ça lui avait procuré une sorte de quiétude, un calme reposant dans lequel elle s'était plongée, comme à mi-chemin ente le sommeil et le réveil. Un état très apaisant.

Elle fit doucement serpenter sa main jusqu'à celle du dragon. Elle avait senti ses joues s'empourprer dangeureusement, et elle espérait qu'il n'ait rien remarqué ... Allait-il permettre qu'elle le touche ? Elle pensait que oui, mais ses doigts enlacérent ceux de l'hybride avec rapidité. La chouette ouvrit les yeux, affichant un visage serein qu'elle n'avait plus arboré depuis longtemps. Il était sécurisant d'être près de son ... "sauveur" ? Ce terme lui convenait bien, après tout. Tout bas, elle murmura, dans un chuchotement presque imperceptible.

Merci.

Elle esquissa un faible sourire, le seul que ses muscles l'autorisaient à faire. Elle le fixa dans les yeux, profitant de sa proximité pour mieux l'observer. Elle aimait ses traits. Elle lui était reconnaissante, mais il la déstabilisait aussi, elle ne savait pas pourquoi. Embarrassée, elle dirigea ses pupilles sur le côté, les cils les dérobant au regard de Fendal.

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Le dragon savait pertinemment que la demoiselle risquait d’entendre les ultra-sons produits par ses sifflets. Cela risquait de la déranger mais tant qu’elle ne bougerait pas trop, elle n’aurait aucun problème. Il fallait bien qu’il appelle des secours pour la soigner. Fendal n’était pas assez qualifié pour la suite de l’opération au niveau médecine. En tout cas, ce qu’il savait c’est que la demoiselle avait eu une bonne raison de faire rentrer ses ailes en elle et qu’elle ne risquait par conséquent pas d’avoir d’hémorragie interne. Peut être même qu’elle pouvait accélérer le processus de leur guérison en faisant ainsi… Ayant finit d’appeler les renforts et obtenu une réponse, le dragon alla s’assurer que la demoiselle allait bien.

Il ne put s’empêcher de la caresser délicatement au visage ainsi que dans ses cheveux… Le dragon la trouvait ravissante même avec les blessures qui couvraient son joli corps. Des gens plus qualifiés que lui et ayant des pouvoirs de guérison allaient arriver et tout irait bien mieux pour elle… En attendant, il veillait sur la belle hybride évanouie. Il la sentit doucement frissonner… Ainsi elle faisait la comédie… Ou peut être restait elle comme ca simplement pour reprendre des forces. Il vit la main de l’hybride chouette aller vers la sienne et il la laissa de bon cœur enlacer ses doigts dans les siens… Meigetsu avait de toutes petites mains par rapport aux énormes battoirs du dragon… Il trouvait cela très mignon d’ailleurs… Elle le remercia tout bas… Fendal l’avait vue rougir et cela la rendait plus belle encore…

Mais de rien, c’est naturel voyons… J’ai appelé de l’aide, des renforts devraient arriver d’une minute à l’autre.

Au dehors se fit entendre des voix et le dragon enleva doucement sa main de celle de la demoiselle. Il ouvrit la porte pour faire face à huit hybrides. Cinq hommes et trois femmes. Ces dernières étaient les guérisseuses dont il avait fait appel et elles entrèrent dans le camping car après quelques mots échangés. Elles allèrent s’assoir près de Meigetsu et commencèrent à la soigner en touchant ses plaies en apposant leurs mains ce qui soignait les blessures. Ces trois femmes étaient des hybrides appelées « Stigmatas ». Elles soignaient en accueillant la douleur des blessures de leurs patients dans leur chair et en gardaient un temps les stigmates. Leur pouvoir lors des combats leurs permettaient d’infliger à leurs adversaires les mêmes blessures qu’elles avaient absorbées. Certaines gémissaient durant leur combat contre les blessures de Meigetsu. L’une d’elle avait des ailes rétractiles, comme la chouette mais elles étaient encore dans son corps. Le dragon savait qu’elle se chargeait des blessures des ailes de la demoiselle, même si celles-ci n’étaient pas visibles. C’était le genre de choses qu’elles sentaient… Leurs patients devinaient rapidement quels étaient leurs pouvoirs et ce même en ne posant pas de questions.

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En effet, les ailes de Mei, une fois rentrées, se ressourçaient à l’intérieur de son corps. Si les muscles sous les plumes étaient engourdis, ils se détendaient, et cela lui permettait de pouvoir couvrir de longues distances sans trop s’épuiser. Il en allait de même pour les blessures, mais c’était beaucoup plus long : les plaies mettaient généralement plusieurs jours, voire deux semaines, pour guérir. Dans son état actuel, il lui faudrait minimum un mois … Ses petites mains s’étaient réfugiées dans celles de Fendal, plus grandes, et ses doigts étaient enlacés avec ceux de l’hybride. Ce simple contact suffisait à la rassurer, elle n’était pas seule. Mais son ouïe capta des sons, des voix … Le dragon dut se lever, et la chouette retira sa main de la sienne, à contre-cœur. Si ça n’avait dépendu que d’elle … Elle l’aurait gardé tout près d’elle. Elle l’avait écouté parler, puis lorsqu’il avait ouvert la porte, elle n’avait pas cherché à saisir les mots qu’il échangeait avec quelques personnes. Elle ne les connaissait pas, mais le ton était calme, elles n’avaient sûrement pas de mauvaises intentions. Aussitôt, on entra, et des mains se posèrent sur le corps meurtri, sous les pansements, de Mei.

Au début, elle frissonna beaucoup. Elle n’aurait pas su expliquer ce qu’on lui faisait, mais plus jeune, elle avait déjà vu ce genre de traitements. Elle devinait juste que ses plaies disparaissaient, car la douleur s’en allait avec elles, et les chairs se refermaient. Les nerfs sensibilisés de l’hybride lui permettaient de sentir le bien que cela lui procurait. Quelques gémissements parvinrent à ses oreilles, et elle rouvrit ses yeux, qu’elle avait refermés lorsque Fendal était allé ouvrir la porte. Trois jeunes femmes l’entouraient, concentrées, et déplaçant leurs mains guérisseuses sur ses membres … Elles remontaient de ses pieds endoloris vers ses fines chevilles, puis passaient à ses jambes galbées, caressaient les flancs et s’attardaient sur le buste de la jeune fille, là où les blessures étaient importantes. Quelque chose frétillait à l’intérieur d’elle-même … Elle crut reconnaître le froissement familier de ses ailes, qui s’agitaient dans son corps. Il se passait quelque chose, et Mei comprit vite qu’une de ces femmes miraculeuses s’occupait de ses plumes.

La guérison dura plusieurs minutes, car les Stigmatas devaient localiser les blessures de la chouette, et certaines étaient plus longues à ‘‘retirer’’ que d’autres. Mais l’effet bienfaiteur ne se fit pas longtemps attendre : l’hybride se sentit rapidement mieux, plus encore que lorsque Fendal avait appliqué les bandages sur ses plaies. Ses muscles étaient certes un peu tiraillés, mais c’était uniquement dû à la fatigue. Ça, Mei s’en occuperait seule … Mais elle était réellement reconnaissante envers les hybrides, aussi lorsqu’elles eurent terminé leur œuvre, elle les remercia du mieux qu’elle put, et les prit dans ses bras, les invitant à ne pas hésiter à réclamer son aide si le besoin s’en faisait sentir. Elles enlacèrent également leur patiente, et allèrent échanger quelques mots avec Fendal, tandis que la chouette harfang reprenait peu à peu conscience de ses membres, et les faisait bouger lentement, histoire de voir qu’elle était bien guérie.

Les Stigmatas s’en furent. Mei les salua encore une fois, plus poliment cette fois. Encore dans le camping car, elle se retourna vers le dragon, et s’approcha. Lentement, elle s’inclina, mais très bas, et resta dans cette position. Elle nourrissait un profond respect, et une grande admiration pour lui, mais cette fois-ci, c'était encore différent. Il était intervenu, et l'avait sauvée des cages et de l'Antre. Elle releva ses yeux dorés vers lui, observant les traits harmonieux de son visage. Sous forme humaine, il était charmant ... Sa forme draconique occidentale était imposante, et l'asiatique était très belle. Mais elle préfèrait lorsqu'il avait apparence humaine. Il la dominait par la taille, mais toujours courbée, ça ne l'empêchait pas de le fixer dans les yeux, les pupilles fendues.

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Le dragon dénoua délicatement ses doigts de ceux de la demoiselle, à regret d’ailleurs, car étrangement, il aurait aimé que cela dure plus longtemps… Les voix au dehors lui indiquaient que les renforts qu’il avait demandés à l’aide des appeaux magiques étaient arrivés. On pouvait dire qu’ils avaient fait vite… Le genre de blessures qu’avait Meigetsu ne pouvait pas attendre et ils avaient compris qu’ils devaient se presser. Les cinq hommes étaient les gardes du corps des femmes appelées « Stigmatas ». Elles étaient plus ou moins capable de se défendre seules mais leurs pouvoirs leurs donnaient un statut important dans les clans d’hybrides et elles ne pouvaient ce déplacer qu’avec des gardes du corps très entraînés dont les pouvoirs étaient assez puissants. Fendal fit entrer les trois femmes et les laissa avec Meigetsu.

Elles refermèrent le rideau pour se cacher du dragon et des cinq autres hommes. Ces femmes avaient besoin de concentration quand elles se servaient de leurs pouvoirs pour soigner et préféraient ne pas être vues en train de soigner leurs patients… Fendal regarda les cinq hommes fouiller les cadavres des traqueurs et rassembler le butin. Ils remirent le 4x4 sur ses roues, il n’était pas trop cabossé. Ils étaient heureux de voir ces véhicules car ils en récupéraient parfois en éliminant des traqueurs. Mais ils savaient que le butin reviendrait à Fendal ou à Meigetsu car c’était eux qui avaient combattus les chasseurs d’hybrides. Par contre, ils savaient également que le dragon était généreux et qu’il offrait souvent des véhicules, armes ou munitions et même nourriture aux clans qui vivaient sur son territoire.

Les soins apportés à Meigetsu furent rapides et les Stigmatas sortirent du camping car et dirent à Fendal qu’il avait eu raison de les faire appeler car l’hybride chouette n’aurait pas survécu deux jours à cause des blessures qu’elle avait subies. Le dragon les fit sortir un instant, autant pour réfléchir à qui il donnerait le camping car et le 4x4.

Vous avez eu chaud, ces demoiselles m’ont informé que vous ne tiendrez sans doute pas la nuit si je ne les avais pas appelées, même avec les soins que je vous avais donnés. Vous avez été imprudente de vous balader ainsi sans armes. Il vous en faut au moins une constamment sur vous, c’est une règle de base… Comment avez-vous pu la négliger ? Enfin… L’essentiel est que vous êtes saine et sauve et que vous n’avez pas été capturée. Je pense donner ce camping au clan de ces Stigmatas et je donnerais le 4x4 à un autre qui n’a pas encore de véhicule… Les munitions et équipement récupérés sur les traqueurs morts seront partagés entre nous… Qu’en pensez-vous ?

Il la regarda dans ses beaux yeux dorés, attendant qu’elle dise quelque chose… La demoiselle n’avait plus aucune blessure apparente, les guérisseuses avaient très bien fait leur boulot, comme d’habitude… Il y avait rarement mieux comme pouvoir de guérison. D’ailleurs, ils dépassaient largement celui des anges la plupart du temps…

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P-prenez-les!

Mei s'était brusquement relevée, le rouge aux joues. Déchirée entre l'indignation et la colère, son sang n'avait fait qu'un tour lorsque Fendal avait parlé de partager les munitions et les équipements. Elle refusait de prendre quoi que ce soit; d'une part parce-qu'elle avait négligé de s'équiper d'une arme et que suite à cela, tout avait empiré, mais également parce-qu'elle n'en voulait pas. Ce butin ne ferait que lui rappeler à quel point elle avait été sotte. Elle aurait aimé que le dragon ne la voit pas dans cet état, si faible, incapable de se défendre seule alors qu'elle prétendait pouvoir survivre sans se faire capturer. Si Mei n'avait plus de blessures apparentes, sur le corps, il en était tout autrement dans sa tête. L'hybride avait l'impression d'être tombée de haut, et un mal-être s'emparait lentement d'elle, lui oppressant le coeur. Si elle avait été seule à cet instant, elle aurait vomi. Elle était dégoûtée d'elle-même, de son incapacité, de son imprudence ... Toutes ces choses que jamais avant cela elle n'aurait envisagé. Elle se sentait bien, quelques secondes plus tôt, mais les paroles du dragon avait suffi à faire chavirer l'estime déjà faible qu'elle se portait. Faible, stupide, voilà les deux mots qui lui venaient à l'esprit. Mais ses yeux ne laissérent échapper aucune larme. Au contraire, elle serra la mâchoire et les poings, pour ne rien montrer de son trouble.

Je ne veux pas prendre ces armes, Fendal. Donnez ce que vous voulez à qui vous voulez.

Elle se tenait là, droite, presque fière malgré son chaos interne. Sa voix, au début chevrotante, s'était assurée pour retrouver peu à peu ses inflexions habituelles.

Mais je ne prendrai rien. Je n'en ai pas le droit après avoir été aussi insensée.

Ses mains s'arrêtèrent sur ses vêtements qu'elle resserra contre sa peau dans un élan de pudeur. Il ne restait plus beaucoup de tissu, tous les volants et ce qui couvrait normalement ses jambes était détruits. Ça ne fit qu'accentuer sa confusion, et sa rougeur ne la quittait plus. Plus tôt, le simple fait qu'il s'occupe d'elle l'avait ravie, mais elle prenait maintenant le contrecoup : elle qui ne voulait embêter personne, continuer seule sa petite vie ... Elle avait l'impresion de déranger Fendal, d'être un poids pour lui. Elle se sentait de plus en plus mal à l'aise, mal dans sa fine peau de chouette. Ce n'était pas la première fois qu'elle se faisait attaquer, non, mais cette fois-ci, tout avait été très vite, et les moyens employés par les chasseurs avaient été d'une rare violence. Elle avait senti passer les coups. Et quand elle s'en rappela une dernière fois, elle frémit. Son corps à présent guéri se crispa, et ses épaules se courbèrent vers l'avant tandis qu'elle remontait ses mains sur ses bras et que son visage trahissait un grand émoi. Elle étouffa un sanglot, mais ne bougea pas, ni pour se diriger vers la couchette, ni vers Fendal. Elle lui devait tant ... Mais elle avait l'impression d'avoir été souillée par les mains des traqueurs. Elle-même n'aurait pas su bien expliquer ce qu'elle ressentait. C'était trop confus, et elle ne voulait plus réfléchir, ou du moins tenter.

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