10h00. Voiture de sport garée sur le parking privé de l'hôpital. Ce matin il empiète d'un bon mètre sur la place du directeur, il en a envie, petit défi de principe.
10.15. Il éteint sa troisième cigarette sur le capot de la voiture d'un collègue en passant à côté pour entrer dans l'enceinte du bâtiment.
10.30. Il broie d'une main le gobelet de café que la jolie démone de l'accueil lui a proposé comme à son habitude à son arrivée.
11.00. Il est en blouse blanche, confortablement installé dans son fauteuil en cuir pivotant, pieds sur le bureau, un dossier dans une main, un verre de vin rouge dans l'autre.
Alcédric est enfin prêt à recevoir ses patients. Ne jamais se presser pour ménager sa santé, point clef des principes qu'il applique et partage volontiers avec ses meilleurs clients. Pour le Sanguir le malade est un portefeuille sur pattes prêt à cracher son contenu. S'il pouvait se passer des humeurs et odeurs de souffreteux cela l'arrangerait mais il faut faire quelques concessions...
L'ange qui lui sert de larbin adjoint guérisseur n'est pas encore là, probablement une panne d'oreiller, de plus en plus fréquentes ces derniers temps. Alcédric arrache la première feuille d'un bloc note, y griffonne une note sur des rémunérations à baisser et enfonce la petite feuille sur la pointe en métal de son pense-bête. Autre utilisation: piquer le corps nu de la secrétaire, elle adore ça! Et toujours prête à lui apporter en mains propres un document à signer au lieu de le donner au coursier. Ce n'est pas pour lui déplaire, une couineuse comme on en fait plus! Il aime à l'entendre brailler, bruits assourdis par des boules quies, et croiser ensuite à la cafétéria ses homologues et voisins de bureau, regards fuyants et toux gênées
Le démon croise ses mains derrière sa tête et attend. Si dans un quart d'heure on ne lui envoie personne il prendra sa pause déjeuner.