Recherche d'une soumise [PV Tim Vic et un/une vendeur/vendeuse]

Longue est l'attente... Plus longue encore lors qu'on ne sait ce que l'on attend. Tel était le cas pour une jeune naïade, enfermée dans une cage, parmi d'autres animaux... ou humains... voire même les deux... L'angle de vue des pensionnaires de cellules ne permettait pas d'étudier ses compatriotes, et donnait uniquement sur un couloir, somme toutes assez passant, où l'on pouvait voir déambuler à longueur de journée des hommes et des femmes, parfois étrangement vêtus, dont certains portaient dans le dos des ailes soit membraneuses, soit emplumées.

Hors donc, la jeune ondine se trouvait dans un endroit qui ne lui convenait pas trop, car, bien qu'elle eût droit à une ration quotidienne d'eau, la sécheresse lui faisait de plus en plus perdre la raison. Et si cette situation perdurait, ce serait la vie qu'elle perdrait. Les démangeaisons dues à la déshydratation et la soif la firent agir en cette fin de matinée. Voyant passer un jeune homme, de noir vêtu et de haute stature, sentant en lui un potentiel bienfaiteur, Vic, car c'était ainsi qu'elle s'appelait, s'approcha de la grille la séparant du couloir et l'apostropha, d'une voix anormalement rauque :

"De l'eau... Apportez-moi de l'eau. Je vous en prie, aidez-moi..."

Demander de l'aide... Voilà bien une preuve flagrante, pour peu que vous l'eussiez connue du temps où elle batifolait joyeusement dans la cascade en compagnie de ses congénères, qu'elle n'était pas dans son était normal. Elle, normalement si indépendante, débrouillarde... et si elle avait eu besoin d'aide, elle ne l'aurait jamais demandée... elle vous aurait simplement utilisé, usant de ses charmes afin de corrompre votre esprit.

Le passant sembla quelque peu surprit par cette apparition, mais la fille de l'eau ne cessa pas de l'implorer.

Une chose que je puis vous dire avec quasi certitude, c'est que si elle ne perd pas la mémoire de ces évènements, elle en aura certainement honte, même s'ils furent salvateurs.

Vous rappelez-vous cette bonne vielle époque, lorsque les étés étaient encore chauds et secs? Eh bien, à Méridell, l'été ressemblait encore à cela.

Vous souvenez-vous également de ce que ça fait d'avoir soif? La gorge sèche, le type à côté de vous qui sort une bouteille de bière bien fraîche de son petit frigo rempli de glaçons... Dans cette situation, si vous n'aviez pas de glacière avec vous, la seule solution, si la flemme ne vous domine pas trop, était de vous lever, d'aller au café du coin et de commander une bière (ou tout autre chose... c'est selon). Dans le cas où c'était la fainéantise, plusieurs solutions : abandonner, ou demander à quelqu'un d'aller à votre place (ce qui est plus facile pour une jolie fille qui fait du bronzage intégral).

Dans le cas de la jeune Victoria, la température ambiante était pareille, ainsi que l'état de sa gorge (sa peau, par contre, semblait avoir passé le stade du bronzage qui s'approche dangereusement du coup de soleil). Mais elle ne pouvait pas aller demander à boire, et l'humain qui s'occupait généralement d'elle avait l'ego qui ne se mesurait pas sur la même échelle que les hybrides, et les autres en générale (il faut dire aussi que l'ego de Vic l'empêchait de demander gentiment)

Après avoir interpelé un passant (résolution qui fut dur, très dur à prendre pour la naïade), la réaction ne se fit pas attendre. Des rugissements furent rapidement audibles, et Vic fut projetée sur le mur du fond de sa cellule par un puissant jet d'eau, issu de la lance à incendie que tenait l'assistant boutiquier, un hybride également.

Une fois l'arrosage terminé, l'humain susnommé reçut de nouvelles directives, et s'en fut rapidement s'acquitter de sa tâche. Kerges, car c'était ainsi que se nommait l'hybride arroseur, s'enquit de l'état de santé de la nymphe, et remercia le démon pour son intervention.

Alors que ses sauveurs terminaient de discuter ensemble, Vic se vautra, les bras en croix, dans la vingtaine de centimètres d'eau qui avait eu le temps de s'accumuler au sol dans sa cage. Son état actuel ressemblait à un fumeur en manque qui venait de s'enfiler cinq joints bien chargés. Un râle de satisfaction s'échappa de sa bouche à son insu, attirant de nouveau les regards sur elle.

Elle était seine et sauve et commençait à retrouver son état normal.

Bonheur, volupté... l'esprit de Vic planait... Le bonheur à l'état brut.

Lorsque votre esprit vagabonde, vous entendez vaguement les conversations autours de vous, mais n'y prêtez guère attention. Et puis, sans raison apparente, un mot ressort plus que les autres. Au moment où le démon évoqua l'eau salée, la naïade ne réagit pas, mais bien son subconscient. Des picotements se firent ressentirent sous son épiderme : elle ne supportait pas l'eau salée.

La réaction fut plus visible lorsque le même démon, s'adressant à elle, la qualifia de sirène. Vic se releva d'un bond, et se précipita en direction des barreaux de sa cage, faisant sursauter ses interlocuteurs :

"Je ne suis pas une sirène ! Et ne supporte pas l'eau salée ! Mes ancêtres ont toujours vécu dans l'eau fraîche des rivières, parsemées de cascades, bordées de forêts quasi impénétrables et où de rares passants se perdaient parfois. Et lors que cela arrivait, nous nous en occupions bien"

Elle avait parlé d'une traite, presque sans respirer, d'une voix certes toujours rauque, mais déjà beaucoup plus féminine, et regardait d'un air quelque peu méprisant le démon qui venait de l'insulter. Seriez-vous heureux de vous faire traiter de chimpanzé? Bien que les Sirènes et les Naïades soient des cousines au niveau génétique, aucune des deux n'apprécie d'être comparée à l'autre.

Vic se tenait aux barreaux, fusillant de son regard glacial l'homme qui venait en fait de l'inviter à sortir de cette cage... Certes, elle n'était pas contre, mais son honneur de nymphe des eaux douces avait été bafoué, et son ego, revenu à sa taille d'origine, gonflé tel une éponge, exigeait que le démon s'excusa avant de recevoir la réponse... qui serait certainement positive.

Essoufflée par son énervement, mais également par l'effort fourni à peine sa santé retrouvée, Vic se cramponna, le plus discrètement possible, aux barres métalliques, pour ne pas tomber à genoux sous le coup de la fatigue. Le fait qu'elle serre les poings pouvait aisément être associé à sa colère. Colère qui était spontanée et justifiée (du moins dans l'esprit de la naïade), mais également passagère, et... calculée. Car il ne fallait pas dégouter le futur acheteur, mais justement, la rendre encore plus unique à ses yeux.

Les dés étaient jetés, Vic attendait maintenant la suite des évènements, qui devaient certainement se dérouler comme elle l'avait prévu...

Deux témoins, deux réactions différentes, même s'ils étaient tous deux pliés : l'un pour accompagner ses excuses, l'autre pour accompagner... son rire.

En effet, l'hybride quadrupède était déjà au courent des réactions explosive de Vic lorsqu'on la comparait aux sirènes. Il en avait d'ailleurs déjà fait les frais. Quant au démon, qui avait la tenue d'un gentleman, en avait également les manières. En quelques mots, le boutiquier exposa l'origine de cette ire soudaine à l'éventuel acheteur, avant de pouffer de bon cœur.

C'est ainsi qu'un temps de silence, seulement entrecoupé par l'hilarité du Wemic, et d'observation s'installa devant la cage de Vic. L'un essayant de se faire pardonner, en plus de par ses mots, par son attitude, et l'autre, feignait toujours la colère, juste pour la forme, et pour ne pas retourner sa veste trop rapidement.

Après cette latence indéfinie, une fois le faux mécontentement effacé, et sur les derniers échos hilares, la naïade accepta les excuses de son futur maître. Mais une question lui brulait cependant les lèvres. Elle en profita pour montrer qu'elle aussi pouvait être, de temps en temps, polie, et demanda :

"Puis-je, avant d'accepter votre proposition, vous poser une question?"

Un rapide coup d'œil vers le démon lui fit remarquer, dans le regard de ce dernier, une approbation.

"Vous avez évoqué, dans vos excuses, la probabilité que votre ire ne ressurgisse. Est-elle sujette à commentaires? Devrais-je à l'avenir éviter de dire ou faire certaines choses? Il serait intéressant de me prévenir, afin d'éviter toute surprise..."

Ne pensez-vous pas que cette inquiétude soit justifiée? Si ces colères sont telles, mieux vaut les éviter à tout prix...

Une fois sa question posée, Vic remarqua une ombre passer rapidement sur le visage du quadrupède. Avait-elle dit quelque chose qu'elle aurait dû éviter? Le fait est que ses inquiétudes face au risque de passades colérique dans la vie du démon n'étaient pas aussi justifiées qu'il lui avait semblé au départ. La réponse était certes vague, mais, en lisant entre les lignes, la Naïade avait compri l'essentiel du message.

Du point de vue de la vie qui s'offrait à elle, Vic ne pu que constater qu'elle jouirait de nombre de libertés, si ce n'est le rangement. Et heureusement, car le nettoyage n'était pas non plus son fort. Ayant toujours vécu dans sa rivière, elle n'avait jamais eu énormément de possessions, et n'avait donc jamais eu à les ranger.

Un autre point fut soulevé : le savoir vivre. Le démon demandait simplement un brin de courtoisie envers les invités et le bailleur. En somme, cette vie en cage, semblait enfin terminée pour la Naïade.

Elle n'avait pas toujours eu à se plaindre de cette vie, mais il faut bien avouer que depuis que cet humain était arrivé, Vic avait de plus en plus souvent ressenti la soif.

Une chose semblait certaine : ce démon ne semblait lui vouloir que du bien. Par deux fois il répéta son intention de ramener la Naïade en pension à l'Antre en cas de pépin, en précisant bien que c'était pour son bien. Derrière ses manières de Gentleman, il semblait avoir un esprit pratique, et sympathique.

Vic s'apprêtait à rendre son verdict, lorsque Kerges reprit la parole, précisant, à sa manière, qu'à son avis, l'offre de ce démon était plus qu'intéressante. Il semblait vouloir à tout prix que Vic quitte enfin l'antre, et semblait sur qu'elle allait accepter de suivre le démon. En effet, il avait, relativement discrètement mais pas assez pour qu'elle ne le remarque, déjà préparé les documents relatifs à la vente, ainsi que les clefs pour ouvrir la porte de la cage.

Vic aussi avait bien envie de faire confiance à cet homme, c'est pourquoi elle ajouta, après un bref moment de réflexion :

"Je ne vois plus aucune objection quand à l'acceptation de votre proposition, Monsieur. Je tiens simplement à préciser que pour ma survie, j'ai besoin d'eau douce, et ce en quantité suffisante. Je vous demande donc de respecter votre promesse, en échange de quoi je promets de tenter de faire passer vos migraines, lors qu'elles surviendront."

Elle s'était adressée directement au démon, mais elle était sure que s'il l'avait pu, l'assistant boutiquier aurait certainement sauté de joie. Une pensée traversa cependant l'esprit de Vic à cet instant :

*Ma vie va changer ! Espérons que tout se passe pour le mieux... *

En quelques instants, tout changea : la porte de la cage était ouverte et Kerges invitait Vic à sortir, avec un grand sourire. Avançant doucement, en s'accrochant aux bords de la porte, la naïade entendit son nouveau maître lui demander si elle savait marcher... c'est à ce moment là qu'elle trébucha, et s'étala de tout son long aux pieds du démon et de l'autre hybride. Couchée face contre terre, Vic répondit à la question du démon après un petit blanc.

"En fait, oui, je sais marcher, mais ce n'est pas facile pour moi... La nage m'est beaucoup plus aisée."

Se relevant en s'accrochant de nouveau aux barreaux de sa cage, mais cette fois du côté extérieur, elle s'inclina vers son maître.

"Veuillez pardonner ma maladresse lorsque je suis sur terre, ô Maître. Je me ferais un plaisir de vous prouver que dans mon élément, je suis complètement différente."

Pour montrer qu'elle était vraiment désolée, Vic resta courbée jusqu'à ce que son Maître l'invite à se relever.