Monsieur, votre portefeuille ! [PV Roméo] [TERMINE]

-Tiens? Shion qui m'envoie encore un client? Ce n'est pas un membre de la famille, la sonnerie n'aurait pas retenti, aucun d'eux ne s'annonce en général. Peut-être le bibliothécaire alors? Je verrai bien!

Roméo quitta sa cuisine en emmenant avec lui la jatte dans laquelle il venait de verser de la farine. Il l'avait prise machinalement car avant d'être interrompu par le son de la sonnette il s'apprêtait à la poser sur la paillasse derrière lui.
Il s'en rendit compte une fois la main sur la poignée de la porte d'entrée, trop tard pour faire demi tour, il resterait encombré.
Quel choc visuel en ouvrant le battant de bois! Devant lui se tenait un personnage tout droit sorti d'un livre ou d'une pièce de théatre. L'ange en lâcha le récipient de verre qui se brisa en morceaux entre sa visiteuse et lui. Une projection de farine recouvrit de blanc le bas de la robe extravagante. Il la suivit du regard sans mot dire, confus. Quand enfin il se décida à lever les yeux son index droit caressait nerveusement sa lèvre et son pouce faisait de même sous son menton. Roméo était gêné de sa maladresse et désappointé par ce qu'il voyait.

-Je suis désolé, je ne m'attendais pas à....enfin vous voyez, balbutia-t-il en montrant l'inconnue qui lui faisait face. A qui ai-je l'honneur de m'adresser, demanda-t-il poliment en inclinant le buste.

Comédien! Cela expliquait ceci. Un instant il avait cru à une mauvaise farce d'un membre de sa fratrie lui envoyant une parodie de femme. Encore célibataire, les taquineries sur ce plan pouvaient parfois pleuvoir à verse.

-Enchanté monsieur Tomoshi. Ne faites pas attention à mon trouble, je dois avouer que votre mise m'a surpris.

Roméo souriait, une main sur sa poitrine, l'autre pendant contre sa cuisse. Il parvenait avec difficulté à résister à l'envie de retirer les artifices pour voir à quoi ressemblait son visiteur et non visiteuse. Il y avait un moyen. La curiosité était un vilain défaut disait-on, mais après tout il n'y aurait-rien de mal à cela dans le cas présent, puis une pause lui ferait le plus grand bien.

- Je crains fort que vôtre enfarineur soit celui que vous cherchez, ajouta-il en hochant la tête, lèvres étirées vers la gauche en signe d'embarras. Roméo Valentin Oyada, lui même. Je suis vôtre obligé, et ce doublement, prenez la peine d'entrer. Je vais vous mener à la salle de bain où vous pourrez vous épousseter et vous rafraichir.

L'ange s'écarta de l'entrée pour laisser passer son bienfaiteur, sembla hésiter.

- Peut-être êtes vous pressé? Je comprendrais que vous ne vouliez vous attarder. Comme j'ai une pâtisserie chocolatée de prête, une autre qui peut attendre et besoin de converser je me suis dit que nous pourrions discuter autour d'un verre. Je n'ai pas souvent l'occasion d'avoir un comédien dans mes quartiers.

Cheveux mi-longs noirs, yeux qu'il remarqua gris foncé en croisant le regard du démon pour acquiescer d'un signe de tête à sa demande; sans les artifices retirés un à un l'homme avait de jolis traits. Roméo baissa subitement les yeux et contourna Ken tout aussi rapidement pour se placer dans son dos et l'aider à se débarrasser du costume. Un corsage, rien de compliqué, il avait par le passé assisté Vic quand mademoiselle essayait des toilettes qu'il aurait préféré voir sur une autre femme que sur sa sœur.

Délicatement le cuisinier prit entre le pouce et l'index gauche le bout de cordon qui pendait dans le dos de son bienfaiteur et en suivit du regard les enchevêtrements. Le nœud ne semblait pas difficile à défaire, peut-être devrait-il forcer un peu s'il était serré. Il s'appliquerait pour éviter d'en venir aux ciseaux. Tête penchée, une mèche de sa chevelure tomba devant son visage, il la repoussa mais elle ne s'en laissa pas compter pour finalement balayer le cou du démon. Roméo aurait pu se reculer un peu pour qu'il n'y ait plus de contact mais il n'en fit rien, troublé. Était-ce la profession de son visiteur qui le charmait à ce point? Ou bien son arrivée imprévue? A moins que ce ne soit la personne, tout simplement. L'ange ferma les yeux un instant pour se concentrer et se dépêcha de délacer le corset entièrement. Ceci fait il fit de nouveau face à Ken, impassible.

- Pour les chaussures je ne puis vous proposer que des chaussons, les baskets que j'utilise pour courir sont au sale, quant à l'autre et seule paire je l'ai aux pieds. Vous m'en voyez désolé, annonça un Roméo confus, une main sur l'arrière de sa tête.

Embarrassé, très embarrassé, ses chaussons, c'était la seule excentricité qu'il se permettait, un cadeau d'anniversaire du plus jeune de ses frères qui n'était pas dénué d'humour. L'Oyada fouilla dans le dressing pour en sortir un jean noir et une chemise en coton de la même couleur. Rapide coup d'œil sur la victime de sa maladresse avec la farine et il ajouta une ceinture et des chaussettes de sport blanches puis déposa le tout sur le lit. Les chaussons...Grande inspiration avant de se baisser pour tâtonner sous les longs vêtements pendants et les tirer jusqu'à lui.

- Tenez! Parvint à dire un ange qui aurait les ailes au sol s'il en avait eu. Si traverser la ville en costume fut chose aisée il en sera de même avec ceci, humhum.

Roméo souleva à hauteur de nez de Ken une paire de pantoufles jaunes et violettes avec un gros papillon vert à grelot cousu sur le dessus de chacune. S'il avait pu se dissimuler derrière il l'aurait fait.

-Navré....

S'il était dans le même cas? Oh que oui, un grand vide qui s'était ouvert sous lui à la vue du démon dont la présence et le charme lui rappelaient comme un roulement de tambour qu'il était seul depuis...toujours. Il avait vu ses frères s'amouracher, prendre et laisser; sa sœur convoler avec son aîné, ses parents s'aimer tendrement avant le jour funeste, mais lui restait sans personne. Aucune des filles présentées ou des garçons rencontrés n'avaient jusqu'ici éveillé en lui le moindre sentiment, la moindre envie, pas une once de réaction. Mais aujourd'hui c'était différent, il se sentait pousser des ailes. Pour toute réponse il n'opposa aucune résistance au second baiser et laissa les rôles s'inverser avec de l'amusement dans le regard.

- Un souhait? Seriez vous un génie non pas de la lampe mais de la rampe? Taquina un ange qui lentement repliait une jambe pour empêcher Ken de reculer. Eh bien il me faut réfléchir, si je n'ai qu'un souhait je dois éviter de le gâcher.

Roméo souleva sa tête d'un ou deux centimètres et glissa ses mains sous sa tête pour améliorer sa position et se donner une contenance. Malicieusement il mordit sa lèvre inférieure et plaqua sur son visage un masque d'impassibilité. Bien des idées lui passaient par la tête ainsi que des remarques passées : " Roméo décoince toi, sors de ta cuisine, amuse toi!", " Eh le marmiton, éclate toi, arrête d'être aussi sérieux!", " Petit frère tu vas finir avec une femme bien sage et des gamins ennuyeux comme toi!". Il savait ce qu'il allait demander et cela le fit rire. Une à une ses bras se déployèrent et ses paumes se posèrent sur les hanches de son invité.

-J'aimerai que nous irradions la scène d'un théatre réservé à nôtre seul usage, sans public, costumés pour mieux surprendre et dévêtir! Qu'en dites vous?


Quelques mouvements précis et le démon se retrouve précipité et retenu par terre avec un ange de nouveau cavalier et quelque peu fanfaron avec son menton dans une paume, coude au sol, nez contre nez.

- C'est farfelu...Mais j'ai les sens exacerbés au plaisir d'occuper un espace normalement réservé aux artistes. Vous êtes comédien, vous devez avoir vos entrées facilitées. Je vous laisse choisir les rôles et donc habits.

Roméo ne fit pas signe de vouloir bouger du corps de son bienfaiteur, pas tant qu'il n'aurait pas eu ce qu'il voulait, au moins un engagement. Et l'éventualité qu'on puisse les surprendre ainsi le laissa songeur.

Aucun des deux hommes n'était gêné par les retournements de situations et le fait de s'embrasser était des plus exquis. Et cela était prouver par le fait qu'ils ne se gênaient pas pour le faire. Ken eut un sourire amusé en sentant une jambe le retenir près d'un ange qu'il n'aurait pas quitter sans raison à part celle de rentrer chez son loueur pour la nuit sauf si on lui offrait l'hospitalité. Ken n'était pas contraignant. Et puis pour le moment il était trop occupé par la beauté de Roméo pour s'occuper de ce qui devrait l'intéresser.

"- Je suis un comédien de génie."

C'était un petit jeu de mots mais en ce moment il ne jouait pas, ne voulant pas jouer avec Roméo. Et de toute façon il ne pourrait jouer une telle attirance pour un ange rencontré il y a peu. Des mains allèrent trouver les hanches d'un démon décidément réceptif car ce dernier rougit légèrement. Et le souhait qui suivit fit sourire tendrement un démon angélique. Mais il n'eut le temspde répondre se retrouvant au sol avec Roméo au dessus de lui. Au lieu des mots pourquoi pas des actes ? Si l'ange avait les sens exacerbés rien que par l'idée d'occuper un espace d'artiste, Ken se demanda ce que cela ferait sur une vraie scène et eut une idée pour la suite de la journée. Quand à une de ses mains, elle glissa tout le long de la colonne vertébrale de Roméo avant de s'arrêter juste au-dessus du fessier de son ange. L'autre main alla caresser le visage de l'ange avant d'aller retrouver sa jumelle pour enlacer la personne qu'il ne voulait pas voir partir. Il alla voler un baiser à Roméo.

"- J'espère qu'un mangeur de chocolat ne vous terrifie pas O mon ange de la cuisine, car sinon nous aurions de sérieux problèmes à l'avenir à moins de me sevrer d'une manière inconnue à mon esprit. Puisse-je vous proposer une sortie pour aller danser sur des planches de bois dans un lieu connu pour ses pièces ? Certes je ne suis pas bon danseur mais cela serait des plus farfelus et romantiques."

Ken aussi avait un esprit assez tordu. D'ailleurs il voulait faire une demande spéciale à ce lieu se disant que de toute façon la vie était bien courte et que s'il ne se décidait pas rapidement cet ange pourrait disparaitre réduisant son coeur à néant.

Ils ne pouvaient rester indéfiniment sur le sol froid et dur du salon. Certes l'incongruité de la situation l'émoustillait mais ses genoux commençaient à lui faire mal. Roméo posa la paume d'une main dans le milieu du dos de Ken, doigts écartés, puis avec l'aide du poids de son corps en balancier vers l'arrière, un peu de force et un coup de pouce du vent il releva le démon qu'il serra contre lui se réservant in petto de savourer un autre moment de ce genre plus tard dans la soirée.
Pour répondre comme il le devait, le cuisinier s'écarta à regret de deux pas sans toutefois lâcher son invité qu'il maintint du bout des doigts. Roméo leva leur bras reliés, posa une main sur son torse et s'inclina sans le quitter des yeux.

- Je suis le sevreur des passionnés gourmets! Allons donc sur ces planches dont vous nous parlez avec entrain. Une sortie me fera le plus grand bien.

L'ange fit venir à lui un morceau de tarte qui avait échappé aux coups de fourchette, le sépara en deux et avec douceur déposa une moitié entre les lèvres du comédien. Il l'aida à pénétrer la cavité en le poussant d'un baiser. Ils avaient ainsi bonne allure, le tour de la bouche sali, lui même en tenue de cuisinier et son bienfaiteur chaussé comme pour une pyjama party. Il lui vint une idée. A trois il souleva le démon dans ses bras.

-Je ne puis vous laisser fouler le sol ainsi, une suggestion quant au trajet à suivre? Appeler un taxi éventuellement. Car bien que vous me donniez des ailes, et que je me sente léger, vous ne l'êtes point, plaisanta-t-il. Le chocolat assurément...

Roméo semblait vouloir tenter de changer le régime alimentaire d'un Ken tout sourire qui ne demandait qu'à passer du temps avec un tel ange. Car si vivre avec cet ange était le paradis il voulait se damner pour y rester toute l'éternité. un morceau de tarte fut partagé d'une manière innovante qui donna plutôt envie à Ken d'oublier la nourriture pour profiter de lèvres gourmandes et exquises. Mais la tentation des planches et d'une demande des plus farfelues devraient aider le pauvre comédien à résister encore un moment à ses douces lèvres pour mener à bien sa mission personnelle. Soudainement le démon se retrouva dans les bras de Roméo et attacha ses bras au cou de ce dernier avec un immense rire. Roméo se montrait des plus charmants.

"- Je suis lourd pour être sur que vous ne vous envolerez pas mon bon prince. Mais je vous rassure le chocolat est l'une des causes assurément et vous n'êtes pas au bout de vos surprises."

Il déposa un baiser sur les lèvres de Roméo avant d'avoir un sourire amusé.

"- Je vais revétir une jolie robes et des talons le temps de traverser la ville pour pouvoir remettre mes sombres habits et commencer une belle danse avec vous."

Avec un autre baiser il se contortionna avec douceur pour quitter les bras de son ange et retourner vite s'habiller pour redescendre une demi-heure plus tard rouge.

"- J'arrive pas à lasser mon haut. Pourriez-vous m'aider ?"

[Je te laisse poster une dernière fois ici avant de commencer au théâtre.]