Une nouvelle humaine dans la maison [PV Lili]

Ishina tenait la main de Lili depuis la sortie de la boutique de Jack. Elle se demandait si cette humaine serait enfin la compagne tant attendue. C’était la cinquième humaine dans la vie de la démone, la jeune démone. Elle espérait sincèrement que cette fois, ce serait la bonne, une compagne pour la vie. Elle franchit la porte avec Lili et alla vers la pièce du séjour. Koyuki et Clarence étaient absents. Peut-être dans leurs chambres ou dans le domaine. Ishina s’installa et pria Lili de faire pareil. Ishina prit place sous les estampes de ses parents. Elle le faisait toujours, même si elle n’avait plus de contact avec eux.



- J’espère que tu te plairas dans ma maison. Mais autant te prévenir. Je peux perdre le contrôle de moi-même. Cela ne se produit plus guère, mais il suffit d’une fois. Comme tu peux le voir, mes parents sont des démons du Jigoku et lorsque revient le souffle de mes ancêtres dans mes veines, je deviens une furie. J’ai failli tuer mon père de la sorte. Je voulais te prévenir pour le cas où. Si mes yeux passent à l’écarlate, il te faudra t’enfermé dans tes appartements en attendant que la tempête se calme. Mais je manque à tous les devoirs de maîtresse de maison. Désires-tu du thé? Et si tu as des questions, n’hésites pas à les poser, je suis disposée a répondre à toutes tes questions.[/i]

Ishina attendit la réponse de Lili pour faire venir à elle le thé chaud et des biscuits. Elle ne savait pas encore si Lili en prendrait, mais elle, elle en prendrait une tasse, elle adorait le thé. Ishina réajusta son kimono et remarqua qu’elle avait laissé trainer son shamisen…

Lili avait été guidée par sa maîtresse jusqu’à la maison de cette dernière. Elle faisait attention à tout et enregistrait le plus possible de ce qu’elle voyait pour pouvoir se retrouver par la suite dans la demeure. Ishina lui demanda de prendre et place et elle s’exécuta. Elle pouvait voir les Estampes des parents. Elle écouta ensuite ce qu’Ishina avait à lui dire :

-J’espère que tu te plairas dans ma maison. Mais autant te prévenir. Je peux perdre le contrôle de moi-même. Cela ne se produit plus guère, mais il suffit d’une fois. Comme tu peux le voir, mes parents sont des démons du Jigoku et lorsque revient le souffle de mes ancêtres dans mes veines, je deviens une furie. J’ai failli tuer mon père de la sorte. Je voulais te prévenir pour le cas où. Si mes yeux passent à l’écarlate, il te faudra t’enfermé dans tes appartements en attendant que la tempête se calme. Mais je manque à tous les devoirs de maîtresse de maison. Désires-tu du thé? Et si tu as des questions, n’hésites pas à les poser, je suis disposée a répondre à toutes tes questions.

Lili eut un instant peur. Mais ça ne dura pas. Elle se réjouit vite en entendant qu’elle avait des appartements pour elle toute seule. Elle sentait qu’elle allait être bien ici. Ensuite, Lili pensa au Thé. Elle n’en avait jamais mangé. D’une voix assez discrète, elle répondit :

-Merci de m’avoir prévenue, je tacherai de m’en souvenir.

Ensuite, elle continua avec une voix enjouée :

-Je goûterai bien du thé en effet. Merci !

Elle se servit puis regarda Ishina. Elle avait bien une question. Mais d’abord, elle prit le temps de goûter le thé. Il était très chaud et elle se brûla. Elle serra les dent, n’osant pas se plaindre. A part qu’elle s’était brûlée la langue, elle appréciait le thé.

-Délicieux, merci.

Elle sourit pour appuyer ses propos. Ensuite, elle remarqua le Shamisen. Oubliant sa première question : à savoir demander si Ishina avec des autres « compagnons » et si elle pourrait les rencontrer, elle demanda en désigant l'instrument :

-Vous savez en jouer ?

Question assez idiote car Lili se disait bien qu’Ishina ne se baladerait pas avec si ce n’était pas le cas mais c’était plus une question de confirmation qu’autre chose. Lili reprit une gorgée de thé. C’était assez relaxant comme boisson, et ça lui changeait drôlement de l’eau toute simple qu’elle buvait au local.

Ishina attendit l’approbation et servit donc deux tasses de thé au jasmin. Elle en appréciait le goût. Il était bouillant et Ishina éventa le sien. Oubliant de prévenir la pauvre Lili qui se brûla, cela ne fit aucun doute lorsqu’Ishina vit sa tête à la première gorgée. Ishina prit un biscuit, puis, elle parla.

- Les préventions me semblaient d’usage. Je m’excuse pour le thé, je le sers toujours bouillant. J’espère que tu ne t’es pas brûlée trop fortement.

La voix d’Ishina dénotait un réel souci de la santé de la jeune humaine. Celle-ci était fort calme et douce. Ishina sut qu’elle avait bien fait son choix. Elle pensa alors à Koyuki et Clarence. Elle espérait que ses deux compagnons se plairaient aussi avec la jeune humaine.

- J’ai deux autres compagnons, Clarence, un hybride araignée, peut-être un enfant de l’araignée du jigoku, Kumo. Et Koyuki, un neko qui m’est littéralement tombé dessus un jour que je me promenais en forêt…

Ishina entendit alors la question concernant son instrument. Elle alla s’en saisir et prit la corde de rechange et plaça celle-ci. Elle accorda l’instrument et plus tôt que de répondre par des mots, ce fut une mélodie classique du théâtre no qui répondit à la question celle sur la bataille de Shimabara.

- Je crois que tu as eu ta réponse, mais je ne joue que rarement, je préfère lire. Même si j’ai rencontré une harpiste et violoniste avec qui je risque de jouer de temps à autre. C’est un passe temps agréable et calme…

Ishina reprit un gorgée de thé et attendit que Lili pose sa question suivante ou s’exprime sur ce qu’elle venait d’entendre.

Lili fut heureuse de savoir qu’Ishina s’inquiétait pour elle. Cette simple inquiétude avait fait monter Ishina d’un grand bon sur l’échelle d’amitié de Lili. Lili sourit en entendant qu’Ishina avait d’autres compagnons. Elle aurait peut-être des amis. Elle prit un petit biscuit, imitant ainsi Ishina. Puis, elle entendit une douce mélodie sortir de l’instrument. Ainsi avait elle sa réponse. Elle sourit. Tout d’un coup, elle se rappela que c’était son anniversaire et sourit. Elle prenait cette musique, même si ce n’était pas voulut, pour un cadeau. Elle écouta ensuite ses propos :

-Je crois que tu as eu ta réponse, mais je ne joue que rarement, je préfère lire. Même si j’ai rencontré une harpiste et violoniste avec qui je risque de jouer de temps à autre. C’est un passe temps agréable et calme…

Le calme paraissait être très important pour Ishina. Lili aimait aussi le calme. Mais elle ne savait pas lire. Elle n’en dit cependant rien, de peur de déplaire à Ishina. Au pire, elle irait essayer d’apprendre toute seule à la bibliothèque. Avec un demi-sourire, elle dit :

-Ce n’est rien mais me voilà prévenue.

Elle voulut complimenter à juste titre Ishina.

-Merci, pour la démonstration, c’était très beau.

Ensuite, elle repensa à son anniversaire. Devait elle en parler à Ishina ? Lili ne savait toujours pas comment se comporter en sa présence. Reprenant un biscuit, elle demanda :

-Y a t’il quelque chose que je dois savoir sur la maison ?

Elle pensait surtout aux gens qui y venaient. Elle avait peur d’ouvrire à une personne qui n’était pas désirable autant que de refuser l’entrée à une personne désirée. En attendant sa réponse, elle grignota son biscuit.

Ishina espérait vraiment que la maison prendrait un peu vie. Car le calme c’est bien, mais pas en continu. Elle aimait les visites et tous les petits imprévus de la vie. Elle reposa son instrument à sa place et rangea le reste de la corde de rechange. Et utilisa sa télékinésie pour se faire. Elle prit ensuite une autre gorgée de thé.

- J’ai envie aussi que la vie emplisse les lieux. As-tu déjà eu l’occasion de lire? Et si oui, quels ouvrages? Je suis une passionnée de littérature humaine.

Ishina rougit légèrement au compliment. Elle se rappelait encore de l’hybride qui lui avait appris à jouer du shamisen, un vieux ratling du nom de Nim’tek. Elle n’avait que peu de talent comparée à lui. Elle se demanda alors si il était toujours en vie et si sa tribu était toujours dans le village des montagnes du sud du Japon. Elle revint ensuite à sa nouvelle compagne.

- Grand merci à toi d’avoir daigné m’écouter.

Ishina s’inclina respectueusement. Elle observa Lili. Il faudrait lui faire faire une garde-robe complète. Peut-être se mettrait-elle à des tenues japonaises comme ses autres compagnons, après tout, le pavillon était de style japonais lui aussi, comme le parc qui attenait la maison. Lili semblait se demander si elle devait savoir des choses précises, et il y en avait au moins une…

- Chacun a son espace propre. Je te demanderai juste de respecter les parties privées de la maison, celle de Clarence et celle de Koyuki. Quand à la mienne, elle est toujours accessible.

Ishina voulut ensuite parler de la tenue de Lili.

- Que dirais-tu de te changer? Je suppose que tu aimerais changer de tenue, il faudra que nous te fassions une garde-robe qui te plaise. Ah oui, et tant que j’y pense, tes pièces sont à toi, tu les aménages comme tu le veux. Je financerai au gré de tes envies.

Ishina sourit à Lili, espérant que les nouvelles lui plaisaient. Elle reprit une tasse de thé et resservit Lili. Le thé était déjà nettement moins chaud…

Ishina finit la tasse qu’elle venait de servir et se leva, invitant Lili à faire de même. Elle lui prit le bras et l’entraîna dans ses appartements. Elle installa Lili au centre de sa chambre et l’observa un instant. Elle plongea ensuite dans ses penderies et en sortit un kimono dans des tons bleus avec des cygnes et des cigognes. Elle le tendit alors à Lili.

- Je pense que celui-ci devrait être à ta taille. L’obi est dedans. Je vais t’aider à t’habiller, tu ne dois pas avoir l’habitude de ce genre de tenue…

Ishina attendait que Lili lui donne son approbation. Pour ce qui était de savoir lire, Ishina pouvait le lui apprendre et vite, très vite. Elle laissa le temps à Lili de se changer, puis, elle revint avec elle dans la pièce du séjour. Une fois réinstallée, elle fixa Lili dans les yeux.

- Je vais t’apprendre en te diffusant cela dans ta tête. Détends-toi, je ne violerai pas tes souvenirs. Ils n’appartiennent qu’à toi.

Ishina se concentra et entra dans l’esprit de Lili. Elle prit place dans la mémoire de celle-ci et y déversa le savoir nécessaire pour savoir lire et écrire. Elle était certaine qu’il faudrait un moment pour que le reste de son cerveau et la coordination propre a ce genre de chose se face, mais elle en était parfaitement capable à présent. En suite, Ishina se retira de l’esprit de Lili.

- Voilà qui est fait. Tiens, et lis nous un passage…

Ishina avait fait venir un livre de ses appartements par télékinésie, un livre de poésie. Elle espérait que cela plairait à Lili…

Ishina sourit en entendant les remerciements. Lili avait bien lu pour une première fois. De plus, Ishina savait que les poésies n’étaient pas les textes les plus faciles, même si elle les aimait tant. Ses yeux pétillaient d’une joie non dissimulée lorsque Lili finit le passage.

- Tu as fait une première excellente lecture. Tu verras, ça sera plus facile avec le temps et l’habitude. Saches que ce n’est pas une méthode normale pour apprendre à lire et écrire, mais elle est bien plus rapide que tout ce que tu aurais pu faire d’autre. Considère ceci comme ton cadeau de bienvenue dans la maison.

Ishina écarta les bras pour montrer l’espace de la maison, pour bien montrer à Lili qu’elle était chez elle. Ishina capta la phrase sur l’anniversaire de sa nouvelle compagne, une chose à ne pas laisser passer pourtant!

- C’est ton anniversaire? Joyeux anniversaire dans ce cas. Je vais voir si j’ai ce qu’il faut pour préparer un repas spécial pour ce soir. Ca sera une raison de plus de nous amuser. Je ne sais pas si Clarence et Koyuki se joindront à nous, chacun fait à son envie ici.

Lili semblait apprécier la mode nippone. Ishina lui sourit. C’est vrai que les kimonos ne coûtaient pas rien, mais de la à ce que cela la gêne, c’était autre chose. Elle alla prêt de Lili et posa ses mains sur ses épaules.

- Ca ne me gêne pas et si tu as envie d’en avoir, nous irons t’en commander chez un artisan japonais qui vit à Meridell. J’ai déjà pas mal commandé chez lui. Et ne te tracasse pas pour l’argent, j’ai de quoi vivre pendant au moins quatre vie de démone et en dépensant à souhait.

Ishina sourit à Lili et se dirigea vers la cuisine pour inspecter ce qu’il restait dans les placards et dans le frigo. Peut-être ne devrait-elle pas ressortir pour faire des courses…

Ishina avait vu le sourire de Lili dans un reflet et elle ne s’arrêta pas pour autant de fouiller dans ses armoires. Elle savait qu’elle avait Lili sur ses talons. Elle fut ravie de constater qu’elle avait tout ce qu’il fallait pour faire un bon repas traditionnel pour l’anniversaire de sa nouvelle compagne. Elle allait se relever lorsqu’elle entendit Lili faire allusion à Clarence et Koyuki. Elle prit la parole tout en se relevant.

- Ne t’en fais pas pour eux, ils viendront si ils en ont l’envie. Et tu finiras toujours bien par les rencontrer, tu peux me croire.

Ishina finit de se relever. Elle fixa Lili et lui fit un grand sourire. Elle passa dans le dos de celle-ci et réajusta le kimono et serra l’obi convenablement. Elle savait comme il était dur de mettre un kimono convenablement la première fois.

- Tu as l’air d’apprécier. Nous irons t’en faire faire dès demain. Si tu en as envie, bien sur. Et pour les courses, tu n’auras pas besoin de les faire.

Ishina se mit au travail, grâce à son pouvoir, elle avait le plan de sa cuisine dans sa tête et la télékinésie faisait le reste. Elle repartit vers le séjour, espérant toujours avoir Lili derrière elle. Elle se réinstalla et regarda Lili.

- J’aimerais te connaître mieux. Après tout, nous allons vivre ensemble. Il me semble normal que nous nous connaissions de façon plus intime. D’ailleurs, si tu veux savoir quelque chose, il te suffit de le demander.

Elle attendit que ce qu’elle venait de dire touche Lili jusqu’au plus profond d’elle-même, qu’elle comprenne ce qu’Ishina espérait d’elle, une compagne fidèle et attentionnée comme elle-même en serait une. Elle continuait à préparer le repas pendant ce temps, s’activant pour faire des sushis au saumon, ainsi que d’autres spécialités…

Ishina fut contente de voir que la tenue lui plaisait autant. Elle pensa donc qu’une sortie pour les petites rues entourant la grande place serait de rigueur. Encore un merci et Ishina se demanderait où se mettre. C’était naturel qu’elle prenne soin de ses compagnons et compagnes de vie. Elle voulait juste qu’ils se sentent bien et elle n’avait pas besoin de remerciement pour cela. Une peu d’affection était amplement suffisant.

- Tu n’as pas besoin de me remercier. C’est une chose normale que de prendre soin des gens qui sont en ma demeure. C’est un plaisir de voir un sourire illuminer un visage.

Ishina sourit paisiblement, repensant aux sourires des différentes personnes passées en sa demeure. C’était de bons et agréables souvenirs. Elle espérait en ajouter d’autres dans sa mémoire. Elle savait comment faire ressortir tous ses souvenirs, même les mieux enfui. Lili parlait de ses préférences musicales. C’était assez éclectique, mais pas atypique. Ishina ne renâclait d’ailleurs pas à écouter un morceau de rock de temps à autre, du queen, police ou d’autres artistes et groupes du même genre. Le son des clochettes? Etrange… Enfin, Ishina se dit qu’il faudrait faire avec cette passion. Peut-être acheter un carillon pour Lili serait une chose à faire…

- Ce sont des goûts intéressant. J’espère que tu me surprendras par certains choix de chansons.

La question fit plaisir à Ishina, un dialogue sur ses passions, c’était une chose appréciée entre toute par la démone.

- J’apprécie le calme et la tranquillité, et ce, même si mon père m’a formée pour le combat. Mais, il m’arrive de faire montre de mes dons hors de la cuisine. J’aime me promener un peu partout, lorsque le soleil brille, je quitte souvent le domaine en espérant une rencontre imprévue et intéressante, et ce, même avec des inconnus. J’ai d’ailleurs fait beaucoup de rencontre de cette façon. Et sinon, je dois dire que la cuisine est un de mes passes temps, avec le jardinage, j’ai aménagé le parc moi même.

Des secrets? Ishina en avait, une certaine quantité, le fait qu’elle soit partie pour vivre en harmonie avec ce qu’elle pensait et contre l’avis de sa famille. La trahison de sa première compagne humaine ou bien même le lien étrange avec Nisis et la façon dont il s’était forgé. Elle ne savait trop par où commencer… Et si c’était bien le moment.

- J’en ai, mais ce sont de longues histoires…

Ishina n’insista pas, voulant savoir si cela intéressait vraiment Lili.

Ishina vit une déception passer sur le visage de Lili. Elle inspira un moment et la question de celle-ci vint la coupée alors qu’elle s’apprêtait à donner un long récit sur sa pauvre vie avec ses parents et sa première compagne humaine. Elle n’aimait pas cette histoire, mais on la lui avait demandé et elle ne pouvait décemment rien refuser à Lili qui venait à peine d’arriver dans la maison. Elle allait toute fois répondre d’abord à sa question.

- Je suis assez libérée. Je suis avec mes compagnons, mais aussi avec une ange, avec Dame Fallen. C’est une personne agréable. Je vais te faire le récit d’une histoire triste et de mes malheurs avec les humaines que j’ai déjà eu comme compagne, mais avec la première, c’est l’exemple le plus frappant. Mais je vais avoir besoin d’un verre pour affronter ça…

Ishina fit venir une coupole à saké et une bouteille. Elle n’en proposa pas à Lili, elle voulait écouter, et pour cela, Ishina pensait qu’elle devait avoir l’esprit clair. Ishina allait boire pour affronter les passages qui la mettaient en colère dans le récit qu’elle allait commencer…

- Je suis née au japon, dans la famille no Oni, il y a cent trente ans. Ma famille est aussi vieille que la première guerre des éons. Ma famille est connue pour se nourrir de chair humaine. Cette atrocité qui servait à éloigner les humains de notre territoire est devenue peu à peu un mode alimentaire familial. Je ne te cacherai pas que j’ai mangé de l’humain pendant les cinquante premières années de ma vie. Mon enfance de démone ne se passa pas trop mal, selon les critères des démons. Enfin, jusqu’à ce que mon père, Fushiki no Oni, décide de faire jaillir mes dons. J’avais alors vingt-sept ans. Il me brûla légèrement et faillit m’enterrer vivante. C’est alors qu’il déchaîna le sang démoniaque que charriaient mes veines. Je faillis le tuer. Sans l’intervention de ma mère, Tsuburu no Oni, il serait mort. Depuis cette époque, lorsque l’on m’énerve ou que je me rappelle certains souvenirs, mes yeux virent à l’écarlate. C’est le signal qui prévient que je suis redevenue la démone, celle qui ne se refuse aucun péché. Jusqu’à mes septante ans, je me suis entraînée pour avoir une maîtrise de mes pouvoirs. Je n’en possédais que deux, ou pour être plus précise, je n’avais pas encore révélé mon dernier don. Je suivais donc un entraînement en télékinésie et en contrôle de l’esprit. Ces deux disciplines me sont connues et faciles d’usage. C’est cinq ans plus tard que l’on m’offrit ma première humaine comme soumise. Je n’avais pas l’utilité d’une telle personne et ma mère finit par la manger. Je suis restée un long moment sans compagnie humaine, je commençais même à refuser d’en manger. Je me suis isolée de ma famille. C’est à l’occasion des six cents ans de mon père que je fus vraiment une paria pour mes sœurs. Ah oui, j’avais oublié, j’ai plusieurs sœurs, sept sœurs pour être précise. Une d’elle martyrisa une humaine qui était vouée à me servir et se moqua de moi. Elle déchaîna la bête cachée en moi. J’ai usé de mes pouvoirs, mais sans même m’en rendre compte. Dans cet état second, j’ai violé ma sœur grâce à la télékinésie. Il ne restait plus une part de vierge en elle. Elle fut prostrée dans un état second pendant bien des jours et le reste de ma fratrie ne me parla plus jamais. Cela ne me manqua pas. Cette fille, dont je ne citerai pas le nom fut la compagne de vie qui me trahit. La vie s’écoula comme un long fleuve tranquille durant une dizaine d’année. Et ce fut alors la révolte humaine dans la cité où nous vivions. Les anges utilisaient les humains pour les troubles et tentaient de vaincre de cet façon, restant à distance durant ces évènements. Je tâchais de survivre en protégeant ma compagne. Ce que je fis. Après avoir mis celle-ci à l’abris de l’émeute, je fus coincée et cernée par une foule en colère. Mais ma force avait souffert des combats prolongés. C’est alors que ce révéla le dernier de mes dons, la capacité de devenir invisible. Les humains crurent que je m’étais déplacé en un autre lieu par magie. C’est invisible que je retrouvais mes parents, ils trônaient sur une pile de cadavres humains. Chacun d’eux avait la sienne. Des corps brûlés et mutilés pour mon père, il avait du sang humain partout sur lui et il semblait en avoir mangé. Pour ma mère, elle était sur une pile de carcasse et de membres à demi mangé. C’est à cette vue que je décidais de mon départ avec ma compagne. Je pris une bonne partie de la fortune de la famille et liquidait mes avoirs. Je partis en suite comme le font tant d’autres démons. Ma compagne m’accompagna dans mon long périple. Au bout de deux ans de voyage, ma compagne me trahit. Elle voulait retourner dans notre pays. Mais je savais que la colère de mon père serait encore trop grande. Alors, je l’ai rattrapée. Cette fuite, cette trahison, après tout ce que j’avais fait pour elle, ce fut de trop. Je ne réussis à me contenir que de justesse. Dans ma folie, je l’ai donné à une maison de plaisir. Je ne pris plus de compagne pour le reste de mon voyage, cette expérience étant pénible à mon cœur. Mon errance trouva son but lorsque j’entendis parler de Meridell. Je décidais de venir m’établir ici. J’ai repris contact avec ma famille. Mon père a refait sa fortune et ne me garde qu’une faible animosité pour ce que je lui ai pris. Les autres membres, je ne sais pas trop. Et finalement, je suis ici pour voir si cette ville est ce que j’espère. Si c’est le cas, je resterai. Pour ce qui est de ma famille, elle viendra peut-être, je ne sais pas. Voilà, tu sais toute la triste histoire de ma vie, enfin, la partie me menant à Meridell…

Ishina avait bu régulièrement durant son monologue. Elle savait que cela abaisserait sa colère. Ses yeux montraient des traces alarmantes d’écarlates qui dansaient dans ses iris. Elle respira calmement et regarda vers Lili, les larmes dans les yeux. Elle évoquait rarement sa première compagne sans verser de larmes et le saké ne l’avait pas aidé à garder les larmes en elle…

Ishina sentit les larmes couler d’elles-mêmes. Elle baissa les yeux vers la table et essaya de se reprendre. Chose qui n’était facile avec tant de souvenirs évoqué. Elle sentit alors un contact contre elle, c’était Lili qui avait quitté sa place pour la prendre contre elle. Elle s’appuya contre sa compagne, se tranquillisant et fermant les yeux. Lili semblait se tracasser de l’état d’Ishina, sincèrement…

- Ce n’est rien, tu ne pouvais savoir. C’est toujours difficile d’en parler et sans l’aide de cette bouteille, j’aurais explosé et tu en aurais fait les frais, mais ca va mieux… Merci…

Ishina parlait d’une voix apaisée, les larmes s’étaient taries. Ishina rouvrit les yeux pour trouver ceux de Lili qui la regardait. Elle plongea son regard dans le sien. Elle n’y lut que l’interrogation sur son état. Mais ses yeux étaient redevenus d’un noir d’encre. Elle caressa la joue de Lili et reprit la parole.

- Merci de ta gentillesse avec moi…

Ishina prit Lili dans ses bras et amena celle-ci contre elle…

Ishina serrait Lili dans ses bras. Cette jeune humaine s’était montrée douce et attentionnée si rapidement. Ishina était certaine d’avoir trouvé la personne qu’il lui fallait. Elle songeait déjà à ce qu’elles pourraient faire ensemble… Promenades, cuisines, lectures et pourquoi pas un peu de théâtre No lorsqu’elle manierait la lecture à la perfection? Ishina fut rappelée à la réalité par la voix de Lili. Celle-ci rougissait et demandait si marcher un peu ne ferait pas du bien. Ishina y vit un avantage, présenter le parc à Lili en plus que de prendre l’air pour se calmer.

- Tu as raison, cela ne peut pas me faire de mal. Tu as raison et je pourrai te faire visiter le jardin en même temps.

Ishina remit Lili sur ses jambes avec l’aide de sa télékinésie. La cuisine progressait à son rythme durant tout ce temps. Ishina se redressa et saisit le bras de Lili. Ishina s’était mise à la place de l’homme dans le couple. Elle sourit à Lili.

- Alors, nous sentons-nous sortir pour prendre l’air?

La voix d’Ishina était plus légère, comme si les tristes souvenirs, les brumes vaporeuses de l’alcool et les larmes n’avaient été que des illusions. Après tout, c’était un jour heureux pour Lili…

Lili attendit sagement qu’Ishina sorte de sa rêverie. Cette dernière la remit sur pied avec la télékinésie et Lili faillit crier. En fait la manœuvre fut trop rapide pour qu’elle aie le temps de crier. Après coup, elle trouva heureux de ne pas avoir crier. Ishina avait accepter l’offre de Lili et se leva à son tour. Lili se laissa prendre le bras et sourit. Le fait qu’Ishina prenne la place de l’homme, elle le prenait comme un signe qui lui disait qu’elle veillait sur elle.

-Alors, nous sentons-nous sortir pour prendre l’air?

Lili sourit fort, heureuse que la voix d’Ishina soit redevenue légère. Elle hocha la tête et fit le premier pas. Elle était assez impatiente de découvrir le jardin. Elle adorait les grand espaces, surtout à cause de son long enfermement. Un sourire au lèvre, elle lança :

-J’ai toujours raison.

Puis elle rit pour montrer que ses paroles n’étaient pas fondées et étaient destinées à la plaisanterie.

Ishina fut heureuse de l’acceptation silencieuse de Lili pour la place qu’elle avait prise. Elle ne put s’empêcher de sourire largement et même de laisser échapper un léger rire en entendant Lili s’exclamer sur le fait qu’elle avait toujours raison. Ishina aimait ce genre de trait d’esprit si caractéristique.

- Tu as raison de faire valoir ton droit sur le fait que tu avais raison et bien raison en plus de cela. Il est important pour chacun de prendre sa place.

Ishina se voulait rassurante pour Lili, lui prouvant qu’elle avait son mot à dire et qu’elle ne devait pas hésiter à le dire. Elles passèrent la porte et se retrouvèrent dans le jardin, un jardin à la japonaise, lui aussi, multiple zones d’eau, accueillant des poissons. Diverses plantes orientales, des bambous étant parsemé si et là. Sans oublier un classique, la fontaine avec le bambou verseur. Ishina avait passé un certain temps pour réussir à créer un bambou verseur convenable. En effet, ce n’était pas le genre que l’on trouvait dans le coin. Ishina promena Lili d’abord près des zones d’eau.

- C’est un endroit paisible, propice à la lecture, la détente et la musique. Avec juste le bruit du bambou verseur pour donner la mesure. Qu’en penses-tu?

Ishina avait eu l’avis de Suzaku, mais le jardin n’était pas terminé, alors que la, elle touchait doucement au but. Elle voulait un avis clair et honnête…

Ishina finit le tour du parc par un morceau de forêt. On pouvait y voir, ça et là, des morceaux de toiles d’araignée géantes. C’était le coin qu’Ishina avait laissé pour Clarence. C’était son sanctuaire extérieur. Ishina eut un sourire en entendant la remarque de Lili. Elle avait donc réussie à mettre l’ambiance qu’elle désirait. Elle devrait réinviter Suzaku pour qu’il puisse voir la différence.

- Et bien, nous sommes ici dans une partie privée du jardin. Je te demanderai de respecter l’endroit si tu y viens, de le laisser tel qu’il est, c’est le sanctuaire extérieur de Clarence, mon compagnon hybride. Voilà qui clôture la visite du parc. Mais, l’espace boisé de l’autre coté du parc est disponible pour tous. J’y ai aménagé une clairière dans la petite forêt. Il me reste à te montrer tes appartements…

Ishina revint vers la maison, toujours en tenant le bras de Lili. Elle l’emmena dans un couloir et lui donna l’ordre des portes…

- La première donne dans mes appartements. Tu peux y entrer quand tu veux. Je suis toujours disponible pour mes compagnons et compagnes de vie. La seconde porte donne dans les appartements de Koyuki et la troisième chez Clarence. La quatrième, donne dans tes appartements. Pour ce qui est des quatre portes en vis-à-vis, les deux extrêmes sont des salles d’eaux, pour les deux intérieures, ce sont les chambres d’amis.

Ishina guida ensuite Lili jusqu’à ses appartements, deux pièces rien que pour elle…

- Nous y voici, la première des deux pièces est un bureau/séjour. Il est aménagé avec mes goûts. Ce sera à toi de personnaliser l’endroit. La seconde pièce est une chambre à coucher. J’y ai installé un futon, mais si tu préfères un lit classique, nous irons t’en chercher un. Que penses-tu de ton chez toi, tes pièces personnelles?

Ishina avait un grand sourire et l’envie que Lili se sente ici chez elle. Elle espérait surtout qu’elle ferait vivre ses pièces à son envie…

Ishina fut ravie de la réaction de Lili, cette dernière semblait apprécier l’endroit, même si son regard annonçait des changements futurs dans l’organisation des lieux. Ishina n’en était que plus ravie, cela rendait la maison vivante, avec une part de chacun de ses occupants. Elle reprit le bras de l’humaine et la ramena dans le séjour. Le repas finissait de se préparer, comme par magie. Ishina installa le couvert pour quatre, mais semblait peu convaincue que Clarence et Koyuki se joindraient à eux.

- Voilà, le repas est prêt et nous allons pouvoir commencer. Je ne pense pas que nous verrons mes deux autres compagnons. J’espère que ca ne te dérange pas. Et bon anniversaire, ma chérie.

Ishina servit une coupole de saké pour trinquer. Elle en servit une aussi à Lili.

- Et si tu en as l’envie, nous irons faire les boutiques cette après-midi, tu es d’accord ?

Ishina fit venir le plat d’entrée, des crevettes enrobées et passées dans la friture, du saumon sur toast et des ravioles chinoises…