Recherche de job ... ? [PV Sevoth]

Rider s'était installée à Meridell depuis plusieurs semaines. C'était une ville prospère, où les distractions ne manquaient pas, surtout quand elles s'appellaient humains, hybrides et nekos. L'ange n'avait jamais rencontré une aussi forte domination des races dites supérieures sur les soumis. On pouvait voir, dans les rues, un démon se balader avec un Kitsune en bout de laisse, ou un ange tirant un hybride réticent par le bras ... Des pratiques qu'elle avait vite considérées comme étant ignobles. Elle avait vu, à Olmarion, des rebelles, mais à Meridell, ils semblaient déjà plus rares. Rider n'avait d'ailleurs toujours pas acheté d'esclave. Enfin, elle n'avait jamais mis les pieds dans une boutique qui en vendait, non plus. Elle s'éloignait en général très vite de ces magasins, elle n'avait pas le courage d'y pénétrer lorsqu'elle imaginait les soumis enchaînés. Peut-être avait-elle tout faux mais elle ne s'en souciait pas. Ces derniers jours avaient été éprouvants pour elle, et maintenant, elle devait même se balader avec une tablette de comprimés, au cas où elle ferait une crise. Autant dire qu'elle était morose, d'humeur massacrante et qu'elle voyait tout en noir.

Où avait-elle puisé le courage de s'habiller et de se coiffer plus strictement qu'à l'habitude ? Il lui avait semblé voir, dans le quotidien de Meridell qu'elle recevait depuis trois jours déjà, une annonce concernant l'embauche de vendeurs à l'Animalerie. La seule boutique vendant des nekos ... Pourquoi pas ? Le travail lui changera sûrement les idées, à condition que le propriétaire veuille d'elle comme employée. Ce n'était pas le salaire qui la poussait à aller réclamer ce job, elle n'avait même pas fait attention à ce détail, mais plutôt le fait qu'elle puisse enfin côtoyer à volonté des félins. Elle n'avait rien d'autre à faire, de toute façon. Alors, autant combler utilement et agréablement ses journées ... Elle sortit donc de chez elle, et commença sa route. C'était une sacrée trotte, et arrivée au trois-quarts du trajet, elle regretta de ne pas avoir pris ne serait-ce qu'un taxi. Pour se rendre à l'autre bout de la ville ... Quand on voyait la taille qu'elle avait, c'était logique! Elle continua néanmoins son chemin, au pire, si elle n'était pas retenue, elle irait faire les boutiques. Histoire de se détendre, na ...

Finalement, elle arriva au lieu désiré ... Une affiche sur la vitrine confirma qu'on recherchait des vendeurs. Aussitôt, elle poussa impulsivement la poignée de la porte, qui tourna sur ses gonds et s'ouvrit sur ... Sur quoi, en fait ? Rider eut du mal à définir ce qu'était cet espace, au début ... De l'herbe, une étendue d'eau, probablement un lac, des arbres ... Une sorte de clairière ... Elle l'observait, muette, épatée. Elle qui s'était attendu à des cages lugubres, c'était raté, la voilà dans un paradis pour nekos. D'ailleurs, tandis qu'elle s'avançait dans la boutique et que la clochette de l'entrée se taisait, quelques représentants de cette race s'avancérent vers elle, avec de petits miaulements. Elle avança une main, hésitante, en songeant que s'ils voyaient ses yeux, ils fuiraient. Mais au contraire, ils frottèrent leur tête contre les doigts froids de l'ange avec un léger ronronnement, et certains firent remuer ses cheveux, intrigués par cette masse trop longue et violette. Elle s'accroupit, et leur demanda où se trouvait le type qui détenait la boutique. Aussitôt, ils l'entraînérent vers le comptoir. Combien étaient-ils, au juste, dans ce magasin ? Une bonne trentaine ? Mais les cinq chatons, car ils semblaient encoe très jeunes, qui l'avaient guidée ne la lâchaient pas. Ils espéraient sans doute ête achetés, d'autant plus que Rider n'avait pas l'air ultra-méchante. Ils lui demandérent d'attendre là, ce qu'elle fit, d'ailleurs, en époussetant son chemisier blanc, puis son long pantalong noir. Une tenue correcte. Un petit sac en bandouillère tapait contre sa hanche, recelant divers papiers et ses lunettes, pour lire, puis ses pieds étaient chaussés de ballerines. Sa crinière était attachée en une queue de cheval basse, à l'exception de deux mèches au niveau des tempes, et qui encadraient son visage. Elle fixa un regard absent sur une neko qui s'abreuvait, en attendant ledit proprio ...

Toujours à fixer distraitement la mignonne neko, qui après avoir fini de boire était allée rejoindre ses camarades, Rider ne faisait pas vraiment attention à ce qui se passait autour d'elle. Même le bruit agaçant des rangers ne lui fit pas tourner la tête. Elle était trop absorbée à imaginer ce qu'elle devrait dire au gérant ... Parce-que c'est bien beau de venir passer un entretien, mais elle n'avait rien préparé, comme toujours. Alors, elle essayait de rassembler ses idées. Même si ça ne servirait à rien, parce-qu'elle était sûre qu'elle allait improviser. Ça lui réussissait toujours, elle s'en tirait très bien de cette façon, alors pourquoi pas pour ça aussi ? Ses yeux se mouvérent automatiquement vers sa droite en y sentant une présence, pensifs, et elle bloqua. Réprimant avec difficulté un mouvement de recul, surprise par le torrent de fumée qui inondait ce drôle de type, à côté, et qui commençait même à venir l'entourer, elle. Plus surprise encore par ce drôle de type. Ses yeux le détaillérent en vitesse, et elle modula immédiatemet son sens de l'odorant afin que son petit nez ne soit pas irrité par le flot parfumé et grisâtre de la cigarette. Tiens, une cigarette ? Elle pensait pourtant avoir vu un panneau d'interdiction de fumer ...

Bref. Des cheveux blonds, des yeux qui lui semblaient bleus d'après ce qu'elle avait pu voir à travers la fumée, à moitié nu, un tatouage sur le bras, un style vestimentaire, heu ... Minimal ? Oh, et un piercing. Tandis qu'elle dressait mentalement la liste des attributs physiques du jeune homme qui se tenait près d'elle, Rider se posa la question ... Était-ce le proprio ? Pas très grand, puisqu'elle le dépassait très légèrement, et plutôt mince, il avait l'air un peu ... Décalé ? En quelque sorte ... À moins que ce ne soit elle qui fasse tache. En tout cas, il avait l'air très détendu, pas stressé pour un sou. Bon, avec un peu de chance, il l'engagerait.

Bonjour ... J'ai cru comprendre que votre boutique recherchait des vendeurs, alors je suis venue déposer ma candidature ...

Elle avait l'impression que sa phrase sonnait faux ... Peut-être parce-qu'elle était directement entrée dans le vif du sujet. Elle n'avait pas envie de broder inutilement. Elle n'avait pas non plus vu d'autre employé, alors elle avait déduit qu'il s'agissait là du patron. Elle le fixait, posant tour à tour son regard sur sa cigarette, ses épaules nues, puis ses yeux. Pas conventionnel, comme tenue de travail, tout de même. Et puis non, elle ne le lorgnait pas ... Enfin, si, peut-être un petit peu, mais très discrètement, non mais.

Elle se demandait si elle devait se présenter tout de suite, tendre une main, ou quelque chose comme ça. Elle était bien habituée aux saluts militaires, mais pas sûr que ça soit adapté à la situation, tout comme les salutations plus familières qu'elle avait eu l'habitude d'utiliser depuis qu'elle avait démissioné et qu'elle était partie de chez elle. Alors, elle ne fit rien, se contentant simplement de toujours le regarder, sans ciller, en attendant une réaction de sa part, en essayant de supporter la cigarette, même si elle était aussi une ancienne fumeuse. Mais ça remontait à plusieurs décennies, déjà ... La fumée ne lui était plus vaiment familière.

C'est vous qui avez aménagé cet endroit ?

Elle avait parlé comme ça, et dit ce qui lui était passé par la tête. Elle avait dit ce qu'elle avait eu envie de dire, ni plus ni moins. Cet endroit était un vrai petit paradis pour chats, et ... Mais où étaient donc passés ceux qui l'avaient amenée là ? Elle le chercha des yeux, décollant Sevoth du regard, et les vit qui revenaient vers eux. Elle sourit, attendrie. Les mignonnes petites boules de poils vinrent les entourer, avec quelques miaulements, et en chahutant un peu par la même occasion.

Rider laissa l'ange blond l'observer rapidement sans broncher. Elle, elle était occupée à regarder les petits nekos qui gambadaient joyeusement. Sevoth évoqua des "conditions" ... L'ange était prête à les accepter, bien sûr, mais uniquement si elles ne la dérangeaient pas. Bien sûr, elle voulait tavailler ici, l'endroit était charmant et surtout, il y avait tous ces félins ... Elle se pencha pour gratouiller l'oreille de l'un d'eux. Mais si ça se révélait trop contraignant d'être vendeuse dans cette animalerie, elle n'était pas sûre d'accepter. Le patron n'avait pas à s'inquièter, si Rider semblait très douce et gentille, c'était pareil à l'intérieur. Bien sûr, elle avait ces "crises", et elle supportait mal qu'on s'attaque à elle, ce qui arriverait sûrement étant donné qu'une part des nekos étaient sauvages. Mais elle restait aussi très patiente avec eux. Elle savait contenir ses pulsions sanguinaires, tout de même ...

Elle se releva, et sourit à Sevoth.

Et quelles sont ces conditions ... ?

Autant vite s'informer plutôt que de perdre du temps inutilement. Si c'était nécessaire, elle lui montrerait qu'elle était parfaitement capable de s'occuper de ventes et des chats humanoïdes. Elle avait appris beaucoup de choses, et elle se savait compétente. Quoi, vantarde ? Meuh non ... Tant qu'elle ne faisait que le penser, ça allait. Mais elle ne l'aurait pas dit à l'ange qui était près d'elle ... Elle préfèrait faire bonne impression, et espérait qu'il avait déjà une opinion postivie d'elle, même si c'était un peu tôt ... La première impression est celle qui reste, ou quelque chose comme ça, non ?

C'est mieux comme ça ... Bien mieux même.

Rider le pensait vraiment. Même si d'un côté, son "compliment" servait un peu à convaincre Sevoth. Bon, au moins, ça avait l'air d'être passé comme une lettre à la poste, l'emplumé enfumé ne devait pas avoir relevé son but caché ... L'ange était habituée à ça, alors son ton avait été parfaitement naturel, donc convaincant .... Enfin, passons.

Un neko passa entre les jambes de Rider, et fila en vitesse sous celles de Sevoth sans s'occuper de savoir si sa première cible était tombée ou non ... L'angelote, qui s'était focalisée sur son potentiel employeur, n'avait rien vu venir. Elle se retint presque aussitôt au comptoir, craignant une chute malencontreuse ... Aussi étonnant que ça soit, elle était plus à l'aise sur ses habituels talons que sur ces trucs plats qu'elle portait aux pieds ... Comme s'ils s'étaient ligués contre elle, un autre neko tenta de fouiner dans la poche de son pantalon. Elle n'avait pas l'impression de sentir la nourritue, pourtant. Elle poussa le museau du chat avec son index, et fourra sa main là où il avait essayé de trouver un casse-croûte ... Ses doigts froissèrent un papier en plastique de bonbon, et en cherchant plus loin, Rider trouva quelques petites pastilles à la menthe. Elle n'en avait pas souvenir ... Juste comme ça ... Depuis combien de temps n'avait-elle pas mis ce vêtement ? Elle fit la grimace en portant l'une des ignobles friandises à ses lèvres, et pâlit ... C'était carrément écoeurant ... Elle releva le regard vers Sevoth, la pastille toujours sur la langue.

Z'avez quelque chose ... ? Une poubelle, un verre d'eau ... Que j'puisse enlever c'truc ...

Oui, elle était dégoûtée, et ça se sentait dans son langage. Habituellement, elle parlait posément, mais là, pas le temps ... C'était horrible, elle sentait qu'elle allait agoniser autrement. Après son odorat, ce fut son goût qui se retrouva modifié, afin de moins sentir cette "chose" dans sa bouche ... Elle espérait juste ne pas passer pour une idiote, surtout que ce n'était pas le cas. Et surtout elle le sentait venir ... Le propirétaire allait rire, à coup sûr ...

Pfeuh!

Rider fusilla Sevoth du regard, vexée, et alla jeter le bonbon toxique dans la poubelle à direction vaguement indiquée par l'ange. Ça lui apprendra à mettre des vêtements à laver sans vérifier au préalable qu'il n'y avait rien dans les poches, tiens. Elle toussa par réflexe, le goût ignoble encore en bouche, et se rapprocha du gérant. Sa main heurta les côtes du punk au passage, par "mégarde", juste assez pour qu'il la sente. Elle était plus grande que lui, et s'en amusait sans en abuser... Quel drôle de fond musical, d'ailleurs. Elle ne connaissait pas cette chanson. Enfin, elle aurait sûrement tout le temps et le loisir d'approfondir sa culture musicale dans ce joli magasin rempli de nekos, ce véritable petit paradis. Il avait énoncé ses conditions, et elles plaisaient terriblement à la jeune femme. Quel plaisir, de pouvoir botter les fesses de tous ces démons et anges sadiques et de leur tirer leurs petites cornes, leur transpercer les ailes avec cette fameuse barre de fer... Occupée à imaginer cette scène, se délectant presque du sang qu'elle voyait déjà couler sur ses mains, elle allait un peu loin, la petite. En tout cas, ça lui ferait très plaisir de pouvoir se défouler de temps en temps sur quelqu'un. Tant mieux si c'était en plus un mauvais client, ça lui passerait l'envie de revenir. Ricanant tout bas, Rider avait déjà les yeux qui brillaient. Non, non, pas l'alcool. Pour une fois...

Ça m'a l'air très correct, j'aime bien.

Et ce ne fut qu'à ce moment qu'elle percuta qu'il venait de la tutoyer. Bon, elle n'allait pas se gêner, et ferait de même, après tout... Elle avisa une nouvelle fois le gérant, puis le magasin, et sourit. Oui, ça lui plaisait bien!

Je suis Rider. Tu m'as pas dit où je pourrais trouver un verre d'eau, au fait.

Vraiment sans gêne, parfois. Adoptant une voix faussement doucereuse, elle s'appuya une nouvelle fois au comptoir.

S'il-te-plaît, monsieur le gérant.

L'air presque moqueur, elle l'observa, puis détourna le regard sur le neko qui avait fouillé sa poche. Elle tendit la main, pour commencer à gratouiller son oreille. Et cette fois-ci, elle veillait à bien garder son équilibre.

Personnellement, tes conditions ne me posent aucun problème. Ça m'éclaterait même plutôt de m'occuper d'eux. Il y a d'autres employés?

Puis, elle eut une illumination. Ah, cette formule! Celle qui finirait sûrement de le convaincre, avec cette petite bouille adorable et cet air totalement innocent qu'elle s'efforçait de prendre.

Le salaire m'importe peu.

C'est pas lui qu'avais dit "par manque de moyens"... ?