L'antre... PV Amaya Reikoku

Assis au fond de sa cellule Ephraim observait d'un air mauvais les allées et venues des clients. Deux semaines ... Deux semaines qu'il croupissait dans l'Antre de hybrides. Deux semaines qu'il se prenait plein la gueule par cette schyzo de proprio tout les soirs. Déjà que ses kidnappeurs n'avaient pas été tendres ... En même temps il fallait les comprendre ces pauvres hommes, ils s'étaient payé une tempête de neige, une tornade, des orages et des saucées monumentales, provoqués bien évidemment par Ephraim qui se vengeait pour sa guitare et pour le traitement brutal qu'ils lui infligeaient. Il était arrivé à l'Antre dans un état d'épuisement physique et de rage avancée, et avait donc posé quelques soucis à ses geôliers, par sa violence, soit physique soit verbale. Au niveau du visage personne ne l'avait attaqué, il n'était pas laid et des blessures auraient pu faire baisser son prix de vente, par contre si l'on soulevait son ample chemise, on pouvait clairement voir d'énormes hématomes aux allures d'arce en ciel qui recouvraient sa peau pâle et son torse frêle. Frêle oui, Ephraim n'avait jamais été de très forte constitution et ses membres très fins le faisait même ressembler à une fille certains jours, mais là on voyait clairement qu'il était anémié, il touchait à peine à la nourriture et ne buvait que le strict nécessaire pour survire. En fait il se laissait dépérir, être enfermé et ne pas pouvoir s'enfuir lui ôtait toute vélléité à vouloir vivre. Seulement il avait le désespoir discret et se contentait de se montrer extrêmement désagréable avec quiconque osait lui parler ou même le regarder, propriétaire et employés compris, d'ailleurs il était surtout agressif envers ces derniers. En ce moment précis ils étaient au top 10 de tout ceux qu'Ephraim rêvait de crâmer par éclairs interposés. Il caressa le cadavre de sa guitare classique. La voir ainsi désolait le jeune hybride ... Mais quelle bande de brutes ces chasseurs ! ils auraient au moins pu faire attention à son instrument ... En fait ils l'avaient fait exprès, ils avaient bien vu qu'Ephraim y tenait beaucoup, et comme il leur avait donné des kilomètres de fil à retordre, ils s'étaient vengés ... Bassement d'ailleurs. Enfin il ne fallait pas s'attendre à autre chose de la part de ces barbares dénués de toute sensibilité artistique et d'éducation dixit Ephraim. ils avaient brisé le manche en deux et éventré la caisse de résonnance ... Des brutes épaisse, il n'y avait que les cordes qui s'en étaient sorties indemnes ... Une bien maigre consolation pour Ephraim qui sentait sa gorge se nouer à cahque fois qu'il voyait sa guitare. Il était très attaché à cet instrument, plus qu'à certaines personnes qu'il conaissait d'ailleurs. Il caressa le manche comme il aurait caressé un chaton endormi. Mais ses traits se durcirent instantannément perdant la douceur qu'ils avaient emprunté quand il caressait son instrument. Il leur ferait payer à ces salopards. Si un jour il sortait d'ici il leur ferait payer au centuple. Les intempéries auxquelles ils avaient eu droit pendant le voyage ne seraient que peau de chagrin comparé à ce qu'il allait leur faire subir. Un sourire sadique et une lueur malsaine s'épanouirent sur le visage et dans les yeux du jeune garçon, avant que son visage ne redevienne totalement impassible et qu'il envoie bouler un client qui ne faisait que regarder. Pourvu qu'il sorte vite ... Il allait devenir fou s'il restait encore longtemps dans ce trou à rats miteux avec sa propriétaire cinglée et ces clinets aux regard lubrique dégoulinant de mépris ... Si il pouvait il leur arracherait les yeux à tout ces enfoirés qui se prenaient pour des êtres supérieurs, anges et démons compris il ne faisait pas la distinction. En fait il s'en foutait éperduement, il laissait les faits parler à leur place, ils l'enfermaient et pensaient l'acheter pour qu'il leur serve de joujou ... Mais ils nageaient en plein délire là ? Plutôt la mort que la soumission totale. La liberté était sa raison de vivre.

Kerges faisait sa tournée journalière dans la boutique. Il remarqua une cage dont la fiche n’était pas complète, une créature l’occupait pourtant. Il s’approcha de la cage et s’empressa de faire son ouvrage. Il le faisait maintenant depuis un bon moment. Il n'aimait pas faire les papiers, mais si les humains de la boutique les faisaient, ce n'était jamais bon. Il fallait donc qu'il s'en occupe.

- Bonjour à toi, je suis Kerges Mach’tel, assistant de l’antre des hybrides. Il me faut ton nom et ton âge pour compléter ta fiche.

Kerges observa l'hybride de la cage.Ca faisait un moment qu’il était là. Kerges lui apportait à manger à tous les repas, mais Nisis avait demandé qu’on ne le traite pas trop bien, pas comme les autres en tous cas. Il s’étonna surtout de la fiche incomplète, comme si on avait voulu le garder là un moment, un long moment. Kerges se demandait ce qui n’allait pas avec cet hybride pour un traitement pareil.

- Je ne sais pas pourquoi, mais il semblerait que tu sois traité différemment. J’aimerais savoir ce qui a pu provoquer la colère de ceux qui t’ont amené ici ou alors, celui de Nisis, la propriétaire des lieux?

Kerges se demanda si il aurait droit à une réponse. Il ne s’était pas montré très agréable. Mais il n’avait pas eu le loisir et surtout, ce n’était pas une cage sous son affectation directe. Il profitait de la maladie d’un des humains aidant dans l’antre. Il avait encore une petite question, puis, il attendrait les réponses de l’hybride de la cage.

- Je suis chargé du bien-être des occupants et je remarque que tu n’as pas été traité comme il se doit. Puis-je faire quelque chose pour toi? Quoi que ce soit… En attendant que tu puisses nous quitter, bien évidemment. Il est évident que tu ne reverras pas l’humain qui c’est occupé de toi.

Kerges attendait patiemment les réponses, en espérant que l’hybride ne fasse pas d’association entre lui et son malheur présent…

Ephraim avait vu Kerges faire sa tournée et s'arrêter devant sa cage pour lui parler. Mais pourquoi ce wemic lui adressait-il la parole ? Qu'est ce que ce petit employé de pacotille pouvait bien vouloir de lui ... Son nom et son âge. Sans interêt trancha le jeune homme qui répondit néamoins à la question qu'on lui posait.
-Ephraim Waltz ... 17 ans.
Ne pas parler plus qu'il n'était nécessaire, Ephraim voulait avoir le moins de contact possible avec les employés et la patronne, avec tout le monde, même aux autres hybrides il ne leur avait pas adressé la parole alors à ce collabo de cul de basse fosse.... Mais c'est qu'il s'inquièterai pour lui en plus le chaton ... trop aimable eut il envie de dire, mais il décida de répondre à la première question du wemic ... Enfin y répondre, lui dire de le demander à quelqu'un d'autre. il se leva, et d'un pas chancelant - il était pris de vertige - s'avança vers le wemic et s'appuya aux barreau de sa cage. Avant de vriller ses yeux clairs - brouillés à cause de son malaise, il voyait des points noirs danseer dans son champ de vision - dans ceux de Kerges et de lâcher, aussi acide que glacial.
-Et si tu demandais plutôt ça à la mère maquerelle de bordel miteux et repoussant ?
En effet, pour Ephraim l'Antre des hybrides se résumait à une maison close où l'on vendait le corps et la dignité de ses "pensionnaires", un lieu de débauche où les races supérieures venaient se rincer l'oeil et admirer la dépravation, la perte de toute dignité et la futilité de l'existence des hybrides. On ne pouvait pas dire qu'il mâchait ses mots. De toute façon à quoi bon ? Pourquoi devrait il être aimable avec un maton en chef ? Quel interêt de frayer avec l'ennemi, il n'obtiendrait rien de plus si ce n'était cette pitié et une compassion de façade. Il reprit d'ailleurs d'un ton acide à l'extrême appuyé d'un regard digne du cercle polaire.
-Ce n'est pas la peine de changer l'humain qui s'occupe de moi ... Je vous assure que nous sommes " copains comme cochons" moi et ce cher Enrique ... Et que si l'un d'entre nous doit craquer ce sera lui. Pas moi. Car après tout il ne lui restait plus que ça. La dignité, c'était ce qui l'empêchait de courber l'échine devant l'autre espèce de cinglée de Fallen et de répondre aux provocations de ce petit con qui ne s'imaginait pas à quel point l'addition serait salée à la sortie d'Ephraim.
-Soit dit en passant je ne veux ni de votre compassion ne de votre sympathie ... ce sont des choses auxquelles je n'aspire que quand je suis en liberté et que je considère comme futile et dégradante dans le cas présent. Et croyez vous sincèrement que je pourrait apprécier qui que se soit qui m'aurait enfermé ? Alors monsieur le maton, les questions de ce genre là gardez les pour les morveux et ceux qui sont moins attachés que moi à leur liberté et à leur dignité. Sur ce monsieur.
Il fit une petite révérence ironique et retourna s'asseoir au fond de sa cellule .... Oh qu'il aimerait brise ces barreaux et les os de cetta ange qui le retenait prisonnier. il n'attendait même pas de réaction de la part du wemic, comme il l'avait dit, il ne voulait rien venant de lui. La pitié ... Il détestait la voir dans les yeux de ses interlocuteurs et surtout dans ceux de cet hybride. Comment pouvait il se permettre de lui demander ce qui lui serait agréable alors qu'il était la cause de son état ? Pour Ephraim ce genre de conduite frisait l'indécence et il ne voyait pas pourquoi il devrait être aimable avec un collabo. Et d'ailleurs à quoi s'attendait-il cet imbécile ? A des remerciements ? Il avait vu des rats voler récemment ou quoi ? Le visage d'Ephraim était définitivement dur. C'était quand même trop fort ça ! Ce maton qui venait lui demander ce qui pourrait lui rendre son séjour plus aimable ... Et pourquoi prendre le thé avec l'autre conasse de maquerelle aussi ! Ca le dépassait totalement, et même si le wemic avait de bonnes intentions ça ne changeait rien à l'affaire, Ephraim se doutait bien qu'il voulait être ... gentil ... Mais ce n'était pas pour ça que lui serait aimable. L'agressivité le protégeait d'un quelconque rapprochement et l'acidité de ses paroles lui permettait de rappeller à tout l'Antre que tant qu'il serait là il leur pourrirait l'existence ... Ce n'était d'ailleurs que justice.

Kerges ne s’étonna pas de la froideur de l’accueil de l’hybride. Il savait qu’il n’avait pas été bien traité dans les premiers temps. Il écouta et nota mentalement ce qui l’intéressait. Il ne voyait pas trop quoi rajouter. Il savait qu’il était en colère et on le serait à moins. Kerges nota donc les informations sur la fiche et diminua le prix. Il pensait que cela serait bon pour qu’il puisse retrouver un meilleur lieu de vie et ce, au plus vite.

- Soit, enfin, il est dommage de passer ton séjour ainsi. Laisse-moi juste te dire que j’espère que tu seras bien vite loin d’ici. J’espère qu’une fois dehors, si nous nous recroisons, nous pourrons nous entendre. Sur ce, je te laisse.

Kerges s’apprêtait à partir lorsqu’une ange de la clientèle vint à lui adresser la parole. Elle cherchait un hybride pour lui tenir compagnie. Kerges appréciait toujours le contact avec la clientèle.

- Vous pouvez choisir de prendre l’hybride de votre choix directement, ou de vous le faire livrer ultérieurement. Le choix vous revient, comme pour le moyen de payement. Je vais vous laisser faire votre choix. Si vous voulez bien m’excuser, j’ai ma tourner des cages à faire. Si vous avez besoin, vous n’avez besoin que d’appeler. Je suis Kerges Mach’tel, compagnon et assistant de dame Fallen.

Kerges marquait de plus en plus souvent le fait qu’il était le compagnon de Nisis. Certains trouvaient cela choquant, mais il ne s’en souciait guère. Il aimait dire cette vérité qui lui tenait à cœur. Il se demanda si il ferait pareil avec Oriane, si jamais elle comprenait la complexité de ce qu’il ressentait au fond de lui…

[HJ : Voilà, je vous laisse, Nisis clôturera la vente avec vous. Je sais que ce n’est pas fort long, mais je préfère privilégier la longueur hors de la vente dans l’antre. Merci de m’avoir lu et bon jeu ^^]