Une petite faim [libre]

Rip’pit’chik avait volé deux trois fruits et profitait de ce que l’allée centrale semblait calme pour reprendre sa marche. C’est alors qu’il fut percuté par une petite démone. Il vit un homme qui courait dans la direction. Il ne réfléchit pas, pensant que c’était pour lui. Il enroula sa queue autour de la taille de la petite démone et la prit dans ses bras. Il se fit décoller au dessus de la ligne des plafonniers. Une fois dans les poutres, il garda la petite démone contre lui et se mit à courir vers un lieu plus abrité et surtout, moins dangereux pour sa passagère. Il trouva une plate-forme d’entretient et s’y arrêta, libérant la petite démone et la regarda. Il prit la parole.

- Gros gros monsieur, lui vouloir vouloir moi ou toi? Moi pas souvenir souvenir lui vendre fruits… Toi peut-être expliquer expliquer Rip’pit’chik?

Il avait la tête penchée et regardait la petite démone, des interrogations dans les yeux. Il n’attendit pas la réponse et sortit des pommes de l’intérieur de son kimono de voyage.

- Toi, vouloir vouloir pomme? Ca, bon bon fruit.

Rip’pit’chik sourit à la petite démone. Il lui tendit un des fruits et s’installa sur la plate-forme. Il attendait une petite explication de la petite démone

Sayuri avait tourné la tête juste au mauvais moment, moment qui lui avait suffit pour percuter quelqu’un et se sentir soulevée dans les airs alors que le vieux Monsieur la poursuivait. Elle poussa un petit cri de surprise avant de plaquer une main sur sa bouche, l’autre tenant toujours fermement le fruit de son larcin, heureusement que Mr Lapin était bien accroché dans le sac, sinon il serait tombé.
Sayuri voyait ce qui l’entourait défiler à toute vitesse, elle n’avait pas trop le temps de comprendre ce qui se passait, toujours est-il qu’elle s’éloignait bien vite de ces lieux trop dangereux quand on volait quelque chose.

Quand l’hybride la lâcha, l’enfant l’observa attentivement avant de pousser un petit cri de joie.

-Hé j’te r’connais toi, grosse peluche m’a montré quand tu f’sais dodo.

Elle trouvait d’ailleurs que l’hybride parlait bizarrement, mais pas avec des mots compliqués ou trop longs comme Kerges, alors ça allait.

-Ho heu nan, il voulait m’attraper, j’ai pris ça …

Elle montra au petit bonhomme étrange, sa superbe barbe à papa qui avait une drôle de forme après le voyage à toute vitesse, elle s’était un peu collée sur les vêtements de la petite, mais ça ne lui importait pas.
L’homme rat sortit des pommes et lui en proposa une, qu’elle prit avec un sourire jusqu’aux oreilles avant de la fourrer dans son sac, à coté de Mr Lapin qui refusait de sortir, tout secoué qu’il était par la fuite forcée.

-Merci, j’la mangerai plus tard, t’es gentil toi.

Elle arracha une bonne moitié de la barbe à papa et la lui tendit :

-Goûte, c’est pas un fruit mais c’est drôlement bon.

Sans autre forme de procès, elle lui fourra la substance nuageuse et sucrée dans une patte, s’asseyant à son tour pour engloutir la sucrerie et s’en mettant un peu partout. Il fallait bien l’avouer, la petite démone était aux anges.

-Pourquoi tu m’as aidée dit ? Ho et moi j’m’appelle Sayuri. J’ai pas retenu tout ton nom, tu veux bien m’le répéter, tu comprends, chuis p’tite encore et j’retiens pas vite

Rip’pit’chik écoutait la jeune démone, il ne se rappelait pas d’elle, mais elle parlait d’une grosse peluche. Il ne vit que Kerges dans les gens qu’il connaissait qui puisse répondre à cette description. Il enleva son jingasa et le posa délicatement sur la plate-forme pour ne pas que les objets qui y étaient suspendus ne fasse du bruit. Il regarda Sayuri, car c’était le nom qu’elle venait de donner. Elle avait pris quelque chose au gros monsieur et Rip’pit’chik se demanda si elle était douée pour la maraude. Il prit la parole entre deux répliques de la petite.

- Toi dire dire grosse grosse peluche, toi parler ami mien, lui, Kerges. Enfin, moi voir voir que lui pour description tienne. Lui gentil gentil. Toi voler voler, comme Rip’pit’chik. Ca vieille vieille habitude moi avoir. Moi avoir avoir eu doute voyant gros gros monsieur venir moi. Toi percuter percuter moi. Moi pas poser poser question, nous fuir fuir.

Rip’pit’chik venait de résumer ce qu’il avait compris de la scène en espérant que Sayuri sache lui en dire plus ou le corrige. Rip’pit’chik examina ce que Sayuri lui avait donné. Il se demanda si c’était vraiment mangeable. Mais, comme la petite avait accepté sa pomme, il lui sourit et gouta le fruit du larcin de celle-ci. Il ne connaissait pas les sucreries et ce genre de chose. Il trouva le cadeau de Sayuri délicieux et l’avala. Il rangea sa pomme dans son kimono et reprit la parole.

- Ca, bon bon. Moi beaucoup beaucoup aimer. Moi aider aider toi? Moi pas faire faire attention. Moi prendre prendre toi réflexe. Moi bien aimer aimer toi, toi gentille gentille.

Rip’pit’chik sourit à Sayuri et lui caressa les cheveux. Il trouvait la petite démone adorable. Il se demanda si il pouvait l’aider.

- Toi, voler voler. Comme Rip’pit’chik. Si toi vouloir vouloir, moi apprendre apprendre toi truc moi apprendre avec tribu patte avide. Toi vouloir vouloir?

Rip’pit’chik pencha la tête pour regarder Sayuri dans les yeux. Malgré la pénombre, il distinguait assez bien la lueur de malice contenue dans les yeux de la petite démone…

L’hybride avait bien compris de qui la jeune démone parlait, et il évoquait leur fuite à présent. La gamine hochait la tête à ses paroles et finalement repris.

-Ben oui, il était pas content et il voulait m’attraper, comme j’voulais voir s’il me suivait encore je me suis retournée, je t’ai pas vu et Elle leva les bras et les écarta en faisant un petit « bond » BANG ! J’t’a rent’ré d’dans.

Elle mordit à pleine dents dans la barbe à papa, se mettant du sucre jusqu’aux oreilles. Elle finit par ôter son petit sac de son dos et enfourna une poignée de la sucrerie à l’intérieure, poignée invisible bien entendu, histoire que Mr lapin ne mette pas de sucre partout, c’est qu’il mangeait salement.
L’hybride aussi semblait apprécier la sucrerie, ce qui n’était pas pour déplaire à la gamine.


-Moi aussi j’te trouve gentil et j’t’aime bien, t’es rigolo. Dis pourquoi qu’tu répètes les mots parfois ?

Le petit geste de tendresse de l’hybride ne sembla pas ennuyer la petite plus que ça, toute occupée qu’elle était à mordre dans la barbe à papa. De toute façon elle l’aimait bien, et puis elle aimait bien tous les nibrides, parce qu’ils lui faisaient penser à grosse peluche et qu’il allait lui apprendre des trucs.

-Ca veut dire que j’ferai partie de ta tribu ?

Les yeux de la petite s’étaient allumés, une tribu, c’était un peu comme une famille non ? C’était un repère, des gens qui pensaient les uns aux autres, quelque chose dont la petite rêvait.

-Ah ce s’rait super chouette. Par’c’que souvent, j’me fais attraper, alors je dois courir, mais j’ai des petites jambes et puis j’tombe souvent.

Pas une seconde elle n’avait pensé que l’hybride pourrait se demander pourquoi elle volait, non apparemment il trouvait ça normal, et puis, pour une raison qui lui était encore inconnue, elle avait l’impression de ne rien risquer de lui.
Et apprendre à voler, ça pourrait bien l'aider, parce que sa robe s'usait un peu, il fallait dire qu'elle avait grandi, et ses souliers lui faisaient mal, elle imaginait déjà tous les trésors qu'elle pourrait se procurer de cette manière.

Rip’pit’chik écouta les dernières constatations de la petite démone. Il hocha la tête. Il savait que les marchants étaient bien souvent peu enclin à abandonner leur bien. Il se rappela les actions de maraudes qu’il avait effectuée avec les membres de la tribu de la patte avide. Il remarqua la tenue un peu pauvre de la petite démone. Rip’pit’chik se demanda si elle vivait dans les rues comme il l’avait fait dans le passer.

- Toi, bien bien raconter. Ca clair clair pour Rip’pit’chik.

Rip’pit’chik laissa parler la petite démone et il sourit à l’appréciation de la petite sur le Nezumi qu’il était. Elle comprenait ce qu’il disait, mais, depuis qu’il était dans cette ville, la petite démone était la première qui se demandait pourquoi il parlait comme ça. Rip’pit’chik savait que les Nezumis, même lorsqu’ils parlaient entre eux, insistaient toujours sur ce qui était, pour eux, le plus important.

- Moi, parler parler comme moi toujours faire. Nezumis toujours répéter répéter mot fort de phrases. Ca, vieille vieille tradition. Même langage Nezumi propre avoir avoir répétition mots forts. Moi bien aimer aimer toi poser question. Toi première avoir avoir demandé comment parler moi.

Rip’pit’chik n’avait pas vraiment pensé créer un groupe de maraude, mais c’était une possibilité. Il se demanda qui pourrait en faire partie. Kerges n’en serait pas, c’était une évidence, il avait tout ce qu’il devait avoir pour vivre. Puis, il repensa à son propre cas. Il n’était plus obligé de voler, mais, les vieilles habitudes avaient la vie dure. Il ne connaissait pas grand monde dans la cité, mais c’est vrai que la maraude en groupe était bien plus efficace.

- Moi, pas savoir savoir si nous être nombreux nombreux pour faire tribu. Mais, moi, bien bien vouloir maraude avec toi. Si nous nombreux nombreux, ca plus simple. Nous être être deux pour moment. Ce début. Nous voir voir si nous pas trouver nouveaux nouveaux compagnons pour tribu. Toi d’accord d’accord?

Rip’pit’chik sourit à la petite et se demanda ou établir un endroit sur. Les grottes de la ville semblait un lieu appréciable. Avec un peu d’entraînement et surtout, de matériel, cela deviendrait une tanière profitable pour la futur tribu.

- Toi avoir avoir ami pour aider aider toi. Toi avoir avoir besoin chose précise? Moi avoir avoir tanière mienne avec démone mienne. Mais moi, trouver trouver lieu joli joli pour tanière tribu maraude. Lieu demander demander travail, mais bien bien. Moi penser penser ca…

Il se demanda ce que penserait la petite démone de cela. Mais, dans l’immédiat, ils pourraient tenter de trouver un objet ou autre chose que la petite voulait. C’était une bonne occasion pour qu’elle apprenne un truc ou l’autre dans la foulée…

La petite était très fière d’avoir bien raconté, selon les paroles de l’hybride. On ne pouvait ps vraiment voir le sourire apparu sur ses lèvres vu qu’elle avait à nouveau plongé son petit visage dans la sucrerie à la consistance de nuage.
Finalement il lui expliqua pourquoi il répétait les mots, l’enfant l’écoutait avec attention, hochant la tête, la bouche légèrement entrouverte.

-Ben c’est parce que j’avais jamais entendu parler comme toi et puis j’trouvais ça rigolo. Grand père lui, il aimait pas les questions…

Elle eut une petite moue boudeuse avant de reprendre son visage souriant. Elle hocha vivement la tête à la proposition de l’hybride, ils allaient avoir leur tribu, petite au début, mais elle était certaine qu’ils trouveraient plein de membres. Il était plus que fréquent qu’elle croise des nekos mourants de faim faute de soins par exemple. Plusieurs fois elle avait voulu en récupérer mais finalement elle n’avait pas osé, un néko adulte pouvait griffer fort s’il se sentait en danger et elle était encore trop petite pour savoir les maitriser.

-D’accord on sera deux, et pis si on en trouve d’autres et ben ça fera une graaaaande tribu et on aura tout c’qu’on voudra.

Il lui expliqua qu’il avait sa tanière avec sa démone, il avait donc été acheté et n’avait pas fui de l’antre des hybrides ou de son domicile, en un sens, ça arrangeait l’enfant, ça évitait des soucis qu’il ne soit pas un fugitif, déjà elle n’était pas en sécurité tous les jours alors à deux…
Il lui demanda de quoi elle avait besoin ; l’enfant réfléchit un moment, fit tourner un pied lentement, remua les orteils dans sa chaussure et finit par décréter.

-J’aimerai bien des chaussures, les miennes font mal elles sont trop petites pour mes pieds. Mais pour chipper ça faut être un pro.

D’ailleurs elle n’y croyait pas trop, les magasins de vêtements ou de chaussures étaient bien trop surveillés, elle n’avait jamais osé y prendre quoi que ce soit. Elle avait bien pensé se changer dans une cabine d’essayage et filer mais il y avait de drôles de choses en plastiques dessus, elle était certaine que ces choses l’empêcheraient de sortir du magasin.

Rip’pit’chik écouta la petite parler de son ancêtre. Il se demanda si il était encore vivant, mais il en doutait vu la situation de Sayuri. Qui laisserait sa progéniture sans protection et sans moyen de se défendre ou de vivre? Il ne sut quoi répondre lorsqu’elle parlait de son grand-père, mais lorsqu’on venait sur lui, il savait quoi répondre.

- Jeune jeune apprendre grace questions. Si moi pas poser poser question quand jeune, moi rien rien savoir maintenant.

Il resta attentif à ce qu’elle disait concernant la famille qu’elle voulait avoir. Elle trouvait que deux était un bon point de départ. Les membres de la tribu de la patte avide seraient fiers de lui. Après tout, une tribu de voleur avec un Nezumi comme chef, c’est un peu une deuxième tanière de la patte avide. Il vit qu’elle fit la moue, mais il se tut, ne sachant trop comment interpréter cette mimique. Elle semblait vraiment apprécier le projet, parlant de posséder tout ce dont ils auraient besoin. Rip’pit’chik se demanda de quoi la petite avait besoin en ce moment. C’est alors que la démone lui parla de ses chaussures. Rip’pit’chik n’avait jamais volé ce genre de chose, mais il se dit que ca ne devrait pas être différent d’un autre objet. Lui, il n’avait pas besoin de ce genre de chose, mais le bienêtre d’une tribu passe par le bienêtre des membres qui la compose.

- Toi vouloir vouloir boîte pour pieds avec fil pour fermer. Moi avoir avoir vu boutique pour ca. Moi avoir avoir idée. Toi, faire faire passer moi pour créature tienne. Et une fois dans place, moi faire faire ce que moi faire de mieux. Si nous habile et commédien, nous rien rien risquer. Toi vouloir vouloir tenter chose. Toi pas devoir devoir craindre chose qui bip. Moi avoir avoir déjà voler vêtements dans même genre boutique. Ca facile facile à enlever avec donc mien. Ca juste juste question force pourvoir.

Rip’pit’chik sourit à la petite démone pour la rassurer sur ses talents et ce qu’ils allaient faire. Il était sur de lui. Il reprit son jingasa et le remit sur sa tête. Il l’avait penché un peu en arrière pour que la petite démone puisse encore le voir. C’était à elle de donner le signal de l’action, enfin, de dire si elle voulait tenter le coup…

La petite trouvait décidément ce nibride très sympathique, et malin avec ça, Mr Lapin en aurait presque été jaloux, mais du fond de son sac, il savait bien qu’une fois la nuit venue, c’était lui que Sayuri souhaitait plus que tout serrer contre son cœur.

-Oui t’as raison Rip Rip, faut poser des questions pour comprendre, mais des fois les grands y z’aiment pas qu’on pose des questions, peut-être que c’est parce qu’ils savent pas les réponses.

A la drôle de manière qu’il avait pour décrire les chaussures, la petite rit de bon cœur. Mais elle se calma bien vite, écoutant attentivement ce que l’hybride lui disait, le plan lui semblait bien d’autant que :

-Ha ça pour jouer la comédie, moi ch’suis forte. J’vais te l’dire à toi parc’que j’t’aime bien, mais j’ai plus de maman ni de papa, et personne le sait, et grand père est mort aussi, et tout le monde croit que j’vis dans une maison avec une famille mais c’est pas vrai, j’suis avec Monsieur Lapin, lui il me protège. Si jamais j’l’avais dit on m’aurait mis dans une grande école pour les enfants sans parents, ils doivent aller à l’école toute l’année là bas. Tu t’rends compte ?! Non moi j’préfère vivre comme j’veux et pas d’école, et c’est la belle vie .

Elle reprit son souffle avant d’ajouter :

-Alors tu vois hein, chuis une vraie actrice moi.

Elle regarda les alentours, et finalement déposa le bâton de barbe à papa dans un mouchoir qu’elle fourra dans son sac.

-Bon ben on y va alors, ça va être marrant

C’est qu’elle avait un grand sourire radieux la petite, elle avait vidé son sac, pour la première fois, sur sa situation, et étrangement elle avait l’intuition que l’hybride ne la trahirait pas.

Rip’pit’chik passa une main dans les cheveux de Sayuri. Il appréciait la petite voleuse démone. Elle semblait avoir les mêmes avis que lui sur la vie de bohême que les voleurs vivaient bien souvent, mais aussi sur l’enseignement des choses. Il trouvait regrettable qu’on ne lui enseigna pas plus de choses, mais apparemment, elle avait eu un ancêtre peu jovial pour se faire.

- Ancien pas toujours toujours aimer questions, moi savoir savoir ça… Ca triste triste, mais ca arriver… Toi pas avoir peur peur. Si toi avoir besoin, toi poser poser questions Rip’pit’chik.

Rip’pit’chik fut triste de savoir que les parents de la petite étaient morts, mais il ne pouvait rien y changer. De plus, elle semblait prendre la chose avec philosophie. Et c’était ca qui importait le plus. Elle jouait donc la comédie depuis un bon moment et c’était un avantage dans ce qu’ils faisaient, pour commettre des vols…

- Toi, bonne bonne comédienne si toi faire faire ca depuis longtemps longtemps. Moi, pas savoir savoir quoi être école, mais si toi dire dire ca pas bien, moi croire croire toi.

Rip’pit’chik Fut ravi de savoir qu’elle était d’accord. Il connaissait un endroit calme pour redescendre, un endroit un peu éloigné de la où le gros marchand se trouvait avec son aubette.

- Comme toi d’accord d’accord, nous y aller. Moi tenir tenir toi comme quand nous monter monter ici.

Rip’pit’chik reprit toutes ses affaires et sourit à la petite démone. Il la serra contre lui, enroula sa queue autour de sa taille et il partit de poutre en poutre en se servant de son pouvoir. Il se déplaça durant quelques minutes, puis, il les fit redescendre sur le sol dans une allée vide. Elle servait à stocker les déchets et le personnel des boutiques ne passait que rarement dans l’endroit aux heures d’ouverture.

- Voilà voilà, nous prêt prêt. Toi guider guider Rip’pit’chik et traiter traiter lui comme si toi démone mienne. Toi savoir savoir où être chaussures.

Rip’pit’chik se fiait à la petite démone pour retrouver son chemin dans le complexe des boutiques. Il ne savait pas où se trouvait la boutique de chaussures, ce n’était pas important pour lui…

La petite démone eut de nouveau un sourire radieux au geste de tendresse de l’hybride. Elle aimait bien se faire câliner, et cela lui était peu arrivé depuis la mort de sa maman, la petite manquait énormément d’affection, c’était sans doute pour cela que par moment, elle pouvait paraître froide, ou peu attachée au gens, en leur montrant de l’indifférence, elle n’attendait rien en retour, aussi, elle risquait moins d’être déçue.

Finalement, il les ramena à terre, l’enfant s’amusait bien à se faire transporter de cette manière dans les airs et aurait bien continué leur petite ballade un peu plus longtemps, mais ils étaient là pour quelque chose de bien précis.

-D’accord, alors heu, marche un peu derrière moi, et moi je vais faire comme ils font les grands quand ils sont avec un soumis.


Elle fit un petit sourire à Rip’ et se mit en chemin, son petit nez dressé vers le ciel dans une moue d’enfant gâtée de la haute société. A vrai dire, la gamine donnait assez bien le change si on ne s’attardait pas sur l’ourlet de sa robe, et encore, on pouvait croire qu’elle portait ces vêtements pour jouer et ne pas abîmer ses vêtements de d’habitude, bref…

Sa voix venait de prendre des accents hautains, et un peu ronds dans leur tonalité, l’éducation bourgeoise de son grand père n’était jamais bien loin quand il lui fallait jouer la comédie.

-Allons Rip, dépêche toi, mère te puniras si nous rentrons trop tard.

Petite phrase lachée au milieu des passants, elle vit un ou deux démons se retourner vers eux, l’air attendris devant la petite démone qui semblait mener son petit monde à la baguette.
Finalement, elle guida l’hybride jusqu’à un magasin de chaussures, là elle vit une superbe paire de baskettes blanches avec des papillons roses qui brillaient, bon ils avaient des paillettes quoi…Mr Lapin tenta bien de lui dire que ça ne ferait pas jeune fille de bonne famille, qu’il valait mieux revenir aux souliers vernis, bien plus traditionnels, mais voilà Sayuri se disait qu’elle pourrait courir plus vite avec ce genre de chaussures, et qu’en plus elle serait bien plus à l’aise, bref sa décision était prise.

Elle entra dans le magasin, faisant un petit signe au rat vers l’objet de sa convoitise, et se mit à parcourir les allées de chaussures comme si elle cherchait le modèle qui l’intéressait…

Rip’pit’chik se plia aux ordres de la petite démone. Elle semblait bien plongée dans son rôle. Il se mit en retrait et suivait la petite démone comme son ombre. Il avait les mains dans ses manches, comme un moine guerrier. Il se dit qu’il passerait bien pour le garde de la petite. Mais, à la phrase de celle-ci, il comprit qu’il était garde et valet. Il sourit sous son jingasa à cette idée. Il répondit à la démone

- Moi, toujours toujours faire au mieux. Vous savoir savoir ça et dame mère aussi aussi. Moi toujours toujours exécuter ordre vous donner donner moi.

Rip’pit’chik espérait que sa démone ne passe pas par là maintenant. Ca serait un problème, problème auquel il n’avait pas pensé en proposant cette entreprise. Il n’en dit rien, mais regarda dans la foule et ne la vit pas, à son grand soulagement. Il se rappela qu’il faisait sécher le sable qu’il avait récolter pour pouvoir panser le dos de sa démone. Ils entrèrent dans la boutique de boites pour les pieds. Il vit le geste de la petite et, profitant de ce qu’elle attirait les regards, il escamota la paire en question dans ses manches. Il sentit les bouts de plastiques spéciaux dont lui avait parler la petite. Il voulait lui en parler pour en savoir plus à ce sujet. Il lui fit un signe pour qu’elle aille vers les cabines d’essayages de la boutique. Il appuya sa demande par la parole

- Mère votre avoir avoir demandé vous trouver vêtements et boites pour pieds. Vous devoir devoir essayer, ça mieux mieux, moi penser.

Rip’pit’chik prit sa voix la plus servile pour faire la remarque. Il espérait donner suffisamment le change pour les gens qui pouvaient observer la scène. Il regarda une fois encore si sa démone n’était pas là, mais ce n’était pas le cas. Il se demanda si la petite démone avait bien comprise ce qu’il attendait d’elle.

Tout à son interprétation, la petite démone gardait son air hautain de jeune gamine pourrie gâtée-mais ayant reçu une très bonne éducation démoniaque. Elle ne s’arrêta même pas aux paroles de l’hybride et se contenta d’un petit signe négligent de la main, lui signifiant ainsi qu’elle s’en contrefichait pas mal et qu’en bonne petite fille gâtée, si elle en avait envie elle raconterait ce qu’elle voudrait en étant certaine d’être crue. Elle avait souvent vu d’autres filles de son âge agir ainsi, pas elle, non, elle n’avait pas vraiment de notion maitre/esclave, c’était un truc de grands, et les grands étaient parfois bêtes…

A la remarque de l’hybride, l’enfant se douta que, bien entendu, elle ne devait rien essayer, mais sans doute voulait-il lui dire quelque chose. Mr Lapin pestait tout bas sur cette alliance qui le mettait à l’écart temporairement, mais Sayuri n’avait pas le temps de le raisonner. Prenant un air profondément ennuyé elle se tourna donc vers Rip.

-C’est vrai.

Elle attrapa une robe salopette en jean et un petit pull de laine blanche ainsi qu’un t-shirt couvert de petits ours souriants de toutes les couleurs et entra dans une cabine avec tout cela.

-Viens donc m’aider au lieu de rêvasser !

Le ton était impératif, la voix sûre d’elle derrière le rideau tiré, heureusement d’ailleurs car il dissimulait son grand sourire de crapule en train de jouer un bon tour. Elle n’attendait plus qu’une chose, que l’hybride entre dans la cabine pour savoir ce qu’il voulait. Au passage, il fallait avouer qu’elle avait pris chaque article en double, l’air de rien et faisait à présent deux tas identiques, c’est qu’elle avait eu une nouvelle idée. Bon d'accord, l'idée venait en fait de Mr Lapin qui finalement préférait les aider plutôt que de ronchonner dans son coin.

Rip’pit’chik suivait la petite démone, docile comme devait l’être un serviteur. Il ne broncha pas aux ordres de la petite. Il trouvait que Sayuri jouait, en effet, très bien la comédie. Il en sourit sous son jingasa.

- Moi, venir venir, jeune jeune maîtresse.

Rip’pit’chik entra dans la cabine et ferma derrière lui. Il était l’heure de parler franc pour ce qui était de ce vol et des morceaux de plastiques étranges qui étaient fixé sur les chaussures.

- Moi comprendre comprendre que toi parler de ça. Moi voir comment pouvoir pouvoir retirer ça, mais moi pas connaître connaître ça quoi être. Et, moi vouloir vouloir montrer toi comment faire faire ça.

Rip’pit’chik pencha la tête et regarda la petite démone avec un grand sourire. Il sortit les deux chaussures tout en parlant. Il dégagea un des bouts de plastique pour qu’il soit bien visible.

- Moi, montrer montrer toi. Toi devoir tordre tordre comme ca et alors, une fois courbe courbe, toi utiliser utiliser outil ici pour couper couper métal.

Rip’pit’chik fit la manœuvre et utilisa le chausse-pied pour casser la tige métallique et enlever l’alarme. C’était une méthode qui ne réclamait pas énormément de force et que la petite démone pourrait utiliser elle-même. Pour la seconde, il utilisa sa télékinésie pour enlever l’alarme comme si il avait eu l’appareil pour.

- Ca plus plus facile avec don. Mais toi pouvoir faire faire comme moi montrer. Toi vouloir essayer avec vêtements ?

Rip’pit’chik tendit le chausse-pied à Sayuri, espérant qu’elle arriverait à répéter la manœuvre qu’il venait de lui montrer.

Sayuri sentait le sang affluer à ses tempes, un léger stress, mêlé d’excitation l’envahissait tandis que le nézumi la rejoignait dans la cabine. Mr Lapin lui, était parfaitement calme, depuis le temps qu’il voulait apprendre à Sayuri à voler sans se faire prendre, il pestait juste un peu qu’elle fasse cela avec un nibride mais était content qu’elle aie suivi ses conseils pour les vêtements.

Il lui parla des antivols, et la gamine répondit tout naturellement.

-Ben les machins noirs ils sonnent si tu t’en vas sans payer, et les grandes dames à la caisse elles les enlèvent avec une machine spéciale quand tu leur paye les choses alors là, ça sonne plus…

Il lui montra ensuite comment procéder, la gamine restait attentive et reproduisit le même procédé sur chaque vêtement du second tas, d’abord avec un peu de mal puis finalement sans aucun problème.

-Super !!! J’le f’rai avec la magie comme toi, mais quand j’s’rai grande, parce que là, j’sais pas encore faire plein de trucs.

Bien entendu, elle parlait du don, mais pour elle, la magie était bien plus joli pour évoquer cela.

-Bouge pas…

La gamine ôta sa robe, enfila les vêtements libérés des anti-vols puis remis sa robe par-dessus, l’air de rien. On n’y voyait pas grand-chose en fait, la robe étant elle-même assez bouffante.

-Mais pour les chaussures c’est toi qui va devoir les cacher moi, ça va s’voir.

Rip’pit’chik fut content de voir que la petite démone avait compris le truc. Il était assez fier d’avoir réussi à faire passer son savoir de lui à une autre personne. Il savait qu’il devrait le faire avec ses petits, mais aussi avec les autres jeunes de la tribu. Il appréciait de se sentir utile à ce point là. De plus, il fut content d’apprendre ce qu’étais les plastiques dont elle avait parlé. Il se demanda comment il pourrait en voir un de l’intérieur. Peut-être qu’il y avait une méthode moins agressive de les enlever. Mais la n’était pas la question pour le moment.

- Moi, remercier remercier toi pour informations. Moi, pas savoir savoir à quoi servir plastique. Mais moi, pas venir venir voler ici. Habitude Rip’pit’chik être être voler nourriture. Et nourriture pas sonner sonner quand passer porte. Moi, jamais jamais entendre sonner porte…

Rip’pit’chik nota que la petite parlait de magie pour le pouvoir qu’il avait utilisé. Il avait oublié de lui demander quels étaient ses dons. Il se décida à poser la question.

- Quoi toi avoir avoir comme dons? Moi savoir savoir déplacer objets sans toucher toucher eux. Toi, savoir savoir faire quoi?

Rip’pit’chik ne savait pas quel genre de dons la petite démone pouvait avoir et si il pourrait lui apprendre à maîtriser ses dons. Après tout, il n’en possédait qu’un… La suite lui prouva que la petite démone était pragmatique. Elle enfila les vêtements et remit sa robe. Rip’pit’chik ajusta un peu la tenue et ce fut parfais.

- Chaussures ? Ah oui, boite boite pour pieds! Ca pas problème problèmes…

Rip’pit’chik les rangea dans son kimono, elles pendaient entre ses pattes, suspendue par les lacets. Elles n’étaient pas visible sans qu’il se déshabille ou qu’il les sorte.

- Voilà, ca bien bien. Moi penser penser nous pouvoir partir partir, mais moi sortir cabine premier. Prendre prendre marchandise hasard. Nous devoir devoir faire semblant remettre remettre marchandises…

Rip’pit’chik savait que c’était la partie la plus risquée du plan, donner le change avec autre chose que ce qu’ils avaient pris…