L'arrivée de June ( pv )

Cette fille avait décidément un caractère étrange. Elle avait été agréable presque tout au long de leurs courses, et pourtant dieu sait que ça l'emmerdait : ça se voyait dans ses yeux, et une fois sortie elle se laissait emporter par ses humeurs ... Plutôt versatile non ? Et pour finir elle s'endormait comme une masse dès qu'elle rentrait dans la voiture ... Shigeru tout coeur de pierre endurci qu'il était ne pu s'empêcher de ressentir une vague compassion à l'encontre de cette fille brisée par la fatigue et la tristesse. Il se doutait qu'un séjour à l'Antre des hybrides n'était pas le meilleur suivi psychologique existant après une capture et ressentait la fatigue morale de cette fille. Lasse. Elle était au bout de ce qu'elle pouvait faire, et Shigeru se sentit un peu coupable de l'avoir prise pour soumise ce n'était pas avec un maître comme lui qu'elle irait mieux. Un être aussi froid et distant que lui ne convenait pas à ce genre de personne. Enfin ... Ce qui était fait était fait. Il ne reviendrait pas en arrière et après tout elle avait accepté leur arrangement ... Elle aurait accepté n'importe quoi pour pouvoir sortir, non ? Si, évidemment qui laisserait passer la moindre occasion de fuir une vie de captivité à l'ombre des barreaux de l'antre avec cette schyzo de Fallen ? Personne bien sur. Simple question de bon sens, ce n'étaitpas la peine de chercher une justification quelconque. N'importe quel être normalement constitué voudrait fuir cet environnement ne serait-ce que par l'instinct de survie. La voiture s'arreta dans un crissement de graviers dans la cour du manoir, elle dormait encore. Pris de pitié il ne voulut pas la réveiller et la prit dans ses bras - qu'elle était légère ! - avant de s'envoler dans sa chambre. Il ne souhaitait pas prendre le risque de croiser qui que se soit de la famille, il tenait d'abord à lui expliquer les "particularités" des membres de la Très Digne Famille Otome avant qu'elle se retrouve face à ce ramassis de malades mentaux. Il porta ainsi la jeune fille dans une chambre mitoyenne de la sienne, plus petite mais néanmoins de taille très respectable au mur blanc recouverts de lourdes tentures pourpres, il allongea l'hybride dans un lit à baldaquin aux drap pourpre et or, il ne la déshabilla pas se doutant que la réaction de la jeune fille serait mauvaise. Il observa le visage endormis de sa "captive", elle était belle ses cheveux s'étendaient comme les tentacules d'une pieuvre autour de son visage pâle aux traits exceptionnellement fins. Il ne s'attarda pas plus que ça, la seule personne qu'il regarde dormir sans se lasser c'était Ai, sa petite soeur. Il sortit le petit paquet cadeau de sa poche, elle serait contente, il en était sur. Elle était heureuse de la moindre marque d'attention qu'on lui portait et dans cette famille ce n'était pas simple, Shigeru étant au centre de toutes les attentions. C'était son malheur. Elle n'aurait pas dû naître dans cette famille elle avait besoin d'autre chose, d'une famille aimante et présente elle ne s'épanouissait pas dans ce cadre. Et il craignait que cette hybride ne s'y épanouisse pas mieux, elle semblait en tel manque d'affection ... C'était dommage, car après tout, la personnalité de cette fille ne déplaisait pas à l'ange qui allait même jusqu'à trouver sa soumise intéressante, chose qui arrivait tout de même rarement à l'associable qu'il était. En soupirant,Shigeru partit chercher un livre et un album de photos dans sa chambre et revint dans celle de June, s'asseyant sur un fauteuil face au lit. Il voulait attendre son réveil pour lui communiquer quelques informations. Il se plongea dans sa lecture, un nouveau prix littéraire dont l'auteur serait une jeune ange du nom de Breathless, un pseudonyme pour le moins évocateur. Le titre du livre était "Cell" et annonçait déjà la couleur du récit, le nom de l'auteur comme le titre n'étaient pas des plus joyeux l'auteur devait être dans sa phase " crise de la vingtaine", celle où l'on se rendait compte que l'on était peu de chose ... Enfin, la qualité littéraire du roman forçait Shigeru à un peu plus de respect et à moins de moquerie. Sur ses genoux reposait l'album de famille où figuraient arbres généalogiques et photos d'une bonne partie des membres de la famille Otome, même Shigeru qui n'appréciait pas du tout les photos de lui, et ce, surtout quand elles étaient associées à celle des autres membres de la famille, hormis Ai ça allait de soi.

Shigeru ferma les yeux et glissa - en guise de marque page - une photo représentant une oeuvre de Klimt dans son livre avant de le refermer et de le poser sur un petit guéridon à coté de son fauteuil. Il planta de nouveau ses yeux dans ceux de sa soumise. Avant de répondre d'une voix neutre.
-"Cell", c'est sortit il n'y a pas très longtemps. Si ça t'intéresse je te le passerai quand je l'aurai fini.
Il se leva, se plaça à coté de June et ouvrit l'album de photos pour qu'elle puisse tout voir. Chercha une photo de famille récente et prit la parole.
-Dans ce manoir, il y a quelques petites choses à savoir si on veut survivre longtemps.Dit comme ça, ça faisait penser à une introduction de films d'horreur. Mais pour Shigeru c'était plus du théâtre de boulevard en direct à toute heure de la journée ... Question d'habitude sans doute. Alors, premier point important, si tu tiens à ta vie je te conseille de faire très attention à Il pointa une femme aux formes plantureuses à l'air avenant et aux longs cheveux roux flamboyant, ses yeux presque blanc marquaient son appartenance à la famille Otome. Kaede Otome, la soeur de mon père. Attention, ce n'est pas parcequ'il n'y a pas d'armes à proprement parler qu'elle n'est pas dangereuse ... Avec elle une soupière pleine peut devenir une arme .... A éviter le plus possible. C'était sur, il en gardait lui même un souvenir pour le moins ému, en un instant il avait vu toute sa vie défiler devant ses yeux ... Il n'avait plus jamais accepté de manger de soupe à la tomate, définitivement dégouté ... En soupirant, il pointa alors un homme à la forte carrure et aux yeux gris très pâles caractérstiques de la famille. Il souriait sereinement, la main posée sur l'épaule de son épouse, qui pour une fois n'était pas en larme. Là c'est mon père; Takeo Otome, si il te demande ce que tu es vis à vis de moi dis lui que tu es mon bras droit. Sers la même excuse à celui ci. Il désigna un ange à l'air paisible dont les fines rides indiquaient l'âge déjà avancé, sans rien altérer de son charme naturel. il avait des yeux marrons très doux. Tatsuya Otome; grand père paternel, dis lui que tu m'es indispensable si tu ne veux pas finir sur un bûcher comme sacrifice de messe noire. Il intensifia son regard sur la jeune fille, pour appuyer ses propos.Et je t'assure que je ne plaisante pas, ce ne sont pas des paroles à prendre à la légère. Enfin tu t'en appercevras bien toi même. Pour passer au deuxième point, tout dépend de ta personnalité mais je doute fortement que ça ait le moindre ... Attrait pour toi ...Il désigna du doigt, une vieille femme aux yeux gris presque blancs et aux longs cheveux châtains qui s'appuyait sur Tatsuya, ainsi qu'un homme au regard libidineux et aux cheveux noirs noués en catogan. Eux deux sont à éviter si tu tiens à ta virginité. Elle, c'est ma grand mère, Karin, une nymphomane finie et lui c'est mon oncle, Hiroshi, pervers jusqu'au dernier dégré. Tu pourras t'estimer heureuse si jamais tu t'en sors avec quelques blagues salaces et des mains balladeuses. Tu as le droit de le frapper, lui, ce n'est qu'une pièce rapportée alors tu ne risque pas t'attirer les foudres de la Dignité Otome ... Alors qu'il paralit de son oncle et de sa grand mère, une moue dégoutée avait pris place sur son visage habituellement neutre, moue qui s'intensifia quand il passa à l'avant dernière personne, sa mèreKuu Otome ... Ma mère, ne fais pas attention si elle pleure comme une possédée où rit comme une démente. C'est un état permanent chez elle ... En règle générale évite de te trouver sur leur chemin les nuits de pleine lune, là ils sont déchaînés. Appelle Dame ou Monsieur Otome, évite les prénoms, ils pourraient croire que tu tiens à les connaitre. C'est un conseil : évite d'essayer de les connaitre, ils sont encore plus dangereux de près que de loin. Enfin, comme dans toutes les familles il y a un mouton noir.Les traits de son visage s'adoucirent étrangement et son regard reflétait ce qui aurait pu ressembler à de la chaleur quand il pointa du doigt une silhouette gracile aux yeux gris et au sourire extrêmement doux, qui tenait le bras d'un Shigeru des plus stoïque et nonchalant Ai Otome, la seule personne que tu sois tenue de respecter. Appelle la par son prénom, les formalités la gênent. Dernier conseil : Si jamais tu lui fais de mal je me chargerais personnellement de te le faire regretter, c'est la seule personne à ne pas blesser dans cette baraque, pour tous les autres je te soutiendrais du mieux que je pourrais selon les criconstances mais en ce qui la concerne le pardon est totalement exclu.
Il referma l'album d'un coup sec et le posa sur le guéridon d'un geste nonchalant. Il se tourna lentement vers l'hybride.
-Si tu as besoin d'éclaircir un point en particulier c'est le moment. De toutes façons ma chambre est mitoyenne à la tienne, au besoin tu m'appelleras.
Il n'y avait aucun sous entendu dans les paroles de Shigeru et dans la façon de l'annoncer, il ne laissait aucune place à l'ambiguïté.

Mais bon sang de bon sang de nom de Dieu ! Quand cette espèce de tarée comprendrait-elle qu'il fallait attendre qu'on donne son assentiment avant qu'elle puisse rentrer dans une chambre ! Il jeta un regard en biais à June qui reculait vers lui, il était sur qu'elle aurait peur de cette folle furieuse. Folle furieuse qui repartit d'ailleurs aussi vite qu'elle était venue en claquant la porte. Shigeru avait horreur qu'on claque les portes de ses appartemments, il se dirigea d'un pas vif vers ladite porte, l'ouvrit à la volée. Avant de s'écrier d'une voix de stentor.
-ON NE CLAQUE PAS LES PORTES DE MES APPARTEMMENTS !!! ET COMBIEN DE FOIS FAUDRA-T-IL VOUS REPETER DE NE PAS ENTRER DANS MON AILE SANS MA PERMISSION !!!!!!
Et de claquer la porte encore plus fort qu'elle ne l'avait fait tout en poussant un juron des plus inélégants. Il fixa la poignée d'un air mauvais encore quelques secondes tout en rêvant à diverses tortures des plus douloureuses et inhumaines qu'il lui ferait subir s'il en avait le pouvoir. Remettant correctement son col de chemise comme si l'incident qui venait de se produire n'avait qu'une valeur des plus négligeables et se tourna vers june qui venait de dire d'un air blasé.
-D'accord. C'est encore pire que ce que je pensais.
il la regarda, blasé lui aussi, elle pensait avoir vu le pire du pire ? Elle risquait de sérieusement déchanter .... Tiens, il allait la faire redescendre de son petit nuage - car aux yeux de l'ange, June se berçait d'illusions -, c'était sérieusement puéril, mais comme toujours, croiser sa tante le mettait dans un état de nerf proche de l'implosion. Cette femme avait un don certain pour le faire sortir de ses gonds rien que par le fait d'exister.
-.... Et encore tu n'as rien vu. Le jour où ma mère à rammené un soumis à la maison, la folle que tu viens de voir l'a traumatisé dès le premier jour ... Je n'ai jamais entendu la voix de cette neko....
Non pas qu'il en conçoive le moindre regret, les proches de sa mère devaient être au moins aussi inintéressants qu'elle alors essayer de les connaître ... Très peu pour lui, il avait autre chose à faire de sa vie. Mais ce qu'avait dit Kaede le contrariait au plus haut point. Un instant, une lueur de découragement passa dans ses yeux. Il était las mais las ... Il se laissa tomber dans un fauteuil et passa une main dans ses cheveux en soupirant.
-Je pensais attendre un peu avant de te présenter à la famille en entier ... Mais après ce qu'elle vient de dire tout le manoir sera au courant dans les vingts minutes qui vont suivre ... prise de tête.
Sa tête était renversée sur le dossier du fauteuil et ses yeux erraient sur le plafond et on aurait pu croire qu'il se parlait à lui, ce qu'il faisait d'ailleurs à moitié, il se redressa et se releva. Ca n'allait pas être simple, mais pas simple de tout, pourquoi le moindre évènement prenait il des allures de peplum dans ce maudit manoir ? tout à ses réflexions, il fixait le vide quand il dit à June.
-Je te conseille de te reposer avant ce soir, ça risque d'être ... éprouvant. Avec un ton d'excuse il reprit En même temps ce sera une bonne chose de faite. Après tu ne seras plus obligée d'assister à tous les repas de famille, ce sera plus rare. il eut l'air de réfléchir et reprit à nouveau Pour se soir ... Essaye de t'habiller classe sans trop exagérer, pas la peine de mettre la robe. Si tu veux on pourra demander à Ai de te prêter un collier où une connerie du genre .... Enfin on verra.
Cette famille de dingue commençait à sérieusement user la santé de l'héritier des Otome. Vraiment, il était fatigué.