Perdu [ Pv Breathless ]

* Touss Touss *
*Fichue toux .... !*
Breathless enroula un peu plus sa longue écharpe autour de son cou. Elle était devant le local à humain, et se demandait si elle faisait bien de rentrer. En même temps elle ne voulait plus déranger ses frères comme elle l'avait fait la semaine passée, où, prise d'une grippe pas possible elle n'était pas capale de lever le petit doigt et où ils avaient dû s'occuper d'elle. Elle refusait que ça se reproduise, elle avait clairement exprimé son désir d'indépendance et ne comptait pas profiter éternellement de leur gentillesse. En fait c'était juste par fierté et parce qu'elle voulait rassurer sa petite famille qu'elle cherchait un soumis. Pourquoi un humain ? Excellente question. La réponse la plus plausible étant que cette boutique de soumis était la plus proche de sa maison et qu'elle ne se sentait pas de marcher beaucoup plus. En fait ce n'était pas la boutique la plus proche. Elle habitait plus près de l'Animalerie mais se demandait si Trust supporterait bien la présence d'un semi félin auprès d'elle à longueur de temps. De toute façon les trois quarts du temps quand un maître achetait un humain c'était pour lui confier des tâches ménagères ... C'était quasiment une fonction intégrante de leur race, même si ce n'était pas forcément du goût de Breathless qui poussa néamoins la porte du local, Trust perchée sur son épaule comme un oiseau de mauvaise augure. Ce n'était pas par hasard qu'elle avait choisi une corneille pour l'accompagner, il s'agissait de la forme animale de la Morrigane déesse de la guerre et de la mort. Un oiseau magnifique aux yeux intelligent et au cri glaçant. Il était totalement silencieux contrairement à ce qu'elle avait imaginé, enfin c'était peut être due à l'heure très matinale qu'elle avait choisie pour venir. Elle adorait le petit matin, c'était une heur batârde où se confondaient le gris et les couleurs et où un pâle soleil éclarait la ville d'une lumière glauque qui donnait un aspect flou et brumeux au payase chargée d'humidité et de rosée. Une véritable beauté, fragile et éphémère. MAis passons, Maureen n'était pas venue pour le plaisir d'admirer le paysage, bien que ça l'ait motivée pour se lever et quitter la chaleur douillette et rassurante de sa chambre. Breathless parcourait les cages des yeux, quand un croassement rauque de Trust l'arreta. La corneille voletait en direction d'une cage que l'ange n'avait même pas remarquée, Breathless soupira et s'agenouilla devant la cage pour voir qui s'y trouvait. Un gamin aux cheveux d'argents ... Terrorisé à ce qu'il semblait. Maureen prit une voix neutre mais néamoins chaleureuse bien qu'aucun sourire n'éclaire son visage.
-Comment tu t'appelles ?

La vie était ce qu'elle était et Jack se devait d'arriver de bonne heure au local quand c'était les jours de congés de son employé. Et oui, il fallait les nourrir tous ces petits humains. Pour cela il commandait des quantités invraisemblables de croquettes spécialement conçues pour les humains. Aliments complets, elles étaient vraiment ce qui leur fallait, surtout que, en excellent client, le démon avait réussi à obtenir du fabricant que les croquettes soient parfumées au goût des aliments favoris de ses pensionnaires. Rien n'était donc meilleur que cet aliment avec de l'eau pour des humains en pleine forme. Enfin, c'était ce que pensait Jack, et encore fallait-il que ses produits veuillent bien manger ce que le propriétaire des lieux mettait dans leur gamelle.
Sans tracas aucun, le grand démon chapeau distribuait donc le déjeuner à ses pensionnaires. Il était vraiment étonnant de voir la diversité de comportements que l'homme, dans la même situation, pouvait adopter. Il y en avait toujours l'un ou l'autre qui l'accueillait avec joie, d'autres qui essayaient de le mordre ou de lui cracher dessus. Certains restaient prostrés, et ne touchaient que sporadiquement à la nourriture qu'il leur déposait. Une grande règle dominait pourtant : les femelles étaient bien plus hargneuses que les mâles, où tout du moins acceptaient moins facilement le sort qui leur était dévolu.
Pendant la distribution, Jack s'arrêta plus longuement devant un des plus jeunes de ses pensionnaires. Le pauvre petit semblait réellement perdu et le démon se mit à penser que ce petit risquait de dépérir définitivement dans cette cage si quelqu'un ne se décidait à l'en sortir.

*Parfois je regrette ce commerce même si c'est un des plus enrichissants au monde. Si j'avais seulement la certitude que tous mes produits finissaient entre de bonnes mains. Et si les modes d'approvisionnement de ma boutique étaient moins violents aussi. Combien de fois n'ai-je du soigner l'un ou l'autre humain blessé lors de sa capture.*

Hochant la tête, le démon continua sa tâche matinale. En retournant vers son arrière-boutique, il fit un crochet par la porte d'entrée pour l'ouvrir et tourné le petit panonceau qui y était accroché sur ouvert même s'il doutait quand même avoir client de si bonne heure. Bien que, cela était déjà arrivé.
D'ailleurs, alors qu'il rangeait l'excédent nourricier, la clochette de la porte tinta doucement. Comme le dit l'adage : l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt.
S'époussetant en vitesse, le démon changea de pièce pour aller accueillir le client comme il se devait. Jack chercha un instant des yeux la personne qui était entrée et aperçu enfin Breathless.

*Bien jeune fillette que voilà. Et étrange compagnon que ce corbeau sur son épaule. Voyons voir devant qui elle s'est arrêtée.*

Le démon s'approcha doucement de la jeune ange et fut agréablement surpris de la voir arrêtée devant Ren. Si elle voulait le prendre, cela ferait peut-être du bien au jeune humain qui se changerait ainsi les idées et sortirait également de son mutisme.

"Bonjour mademoiselle. Puis-je vous renseigner?"

Quand Jack vint lui parler, la première réaction de Breathless fut de se dire " Qui me dérange ? " et de se retourner avec cet air peu aimable qui lui était coutumier depuis de très longues années. Elle se radoucit en constatant qu'il s'agissait du vendeur : l'innénarrable Jack Koupl. Elle fut obligée de se dévisser le cou pour pouvoir voir l'immense démon en face, elle planta ses yeux menthe à l'eau, dans ceux, gris, du vendeur, tout en gardant inconsciemment cette distance qu'elle mettait entre elle et les gens en général. Si il s'était agi de faire bonne impression alors c'était loupé ... Elle était comme qui dirait incapable d'adopter une attitude d'humilité et de timidité.
-Bonjour monsieur.
Au moins avait-il réussi à lui tirer une formule de politesse, c'était un exploit en soi dans la mesure où il arrivait souvent à la jeune fille d'ignorer purement et simplement les gens qui lui adressait la parole et ce toujours pour des raisons bancales du genre " Sa tête me revient pas " ou plus sobrement " Pourquoi il me cause ce blaireau ? ". Non, ça se confirmait chaque jour un peu plus, Breathless n'était pas sociable, et pire encore, elle était misanthrope et mettait un point d'honneur à le montrer au monde entier. C'est l'une des raisons pour lesquelles son éditeur actuel avait beaucoup de mal en ce qui concernait les interviews étant donné qu'elle avait tendance à envoyer sur les roses tout ceux qui la contrariaient et les journalistes et patrons ne faisaient pas exception. Alors pourquoi Jack avait il eu droit à une réponse ? Parceque dans l'immédiat elle avait besoin de lui et qu'il lui restait tout de même quelques bases vacillantes de politesse et de savoir vivre. De là à dire qu'elle était aimable ... Son ton était des plus neutre et il n'y avait aucune chaleur ni dans sa voix ni dans son regard.
-Oui, en fait j'aimerais connaitre le nom de ce jeune homme et son âge. Ce serait fort aimable de votre part de me renseigner sur ces deux points .... ah euh, oui j'aimerais aussi connaitre le prix auquel vous le vendriez
Un détail certes, mais d'importance étant donné que Breathless même si elle n'était pas pauvre ne roulait pas sur l'or non plus et que son coté " fourmi " la poussait à économiser un minimum et à éviter les dépenses inconsidérées, elle ne pouvait et ne voulait pas se ruiner pour un soumis, surtout si c'était pour ne pas avoir les moyens de le nourrir et de le vêtir parcequ'elle aurait mis une fortune dans son achat. Elle préférait pouvoir offrir de petits plaisirs à ce soumis qui partagerait sa vie pendant un sacré moment plutôt que de lui faire bouffer des pâtes pendant des mois et se ruiner la santé qu'elle avait de fragile au boulot et ne pas pouvoir passer un seul instant avec ledit soumis.