Que son visage ruisselant de larmes était difficile à observer... Cette demoiselle méritait mieux, bien mieux, que cela et je le savais en mon âme et conscience. Croyez-vous au destin? Pour ma part je n'y ais jamais cru, je ne peux me dire que notre vie est un long chemin tracé devant nous et que l'on doit suivre jusqu'au dernier soupir; cette notion fut toujours erronée à mes yeux et pourtant, il semblait que ce fut mon destin que de choisir l'antre des hybrides comme premier magasin à visiter. Elle semblait si triste, si seule... Avait-elle souvent souffert avant que mon chemin ne croise le sien? Etait-elle enfermée depuis longtemps dans cette boutique? Certes, avec l'hybride lion se trouvant près d'elle, elle devait n'avoir manqué de rien mais... Cela était-il vraiment une vie? J'essayai d'être le plus sincère, le plus bref et le plus rapide possible mais y parvenais-je? Pouvais-je réellement, moi simple inconnu au cœur de cette jeune demoiselle, parler tel un libérateur et me faire croire de cette âme en peine? Un doute me serra la gorge, combien de saint lui promettant monts et merveilles avait-elle déjà croisée durant sa période de captivité? Etais-je différent des autres à ses yeux? Espoir fou, espoir mince mais malgré cela, il me fallait croire en cette possibilité car seule elle pouvait me permettre de la libérer! Mes paroles furent écoutées, le visage de la jeune fille, si beau; si délicat, se tourna vers moi et d'un signe de tête, elle répondit à ma proposition par l'affirmative. Le vendeur se tourna alors vers moi en souriant et confirma le fait qu'elle semblait être d'accord pour me suivre. Je souris à mon tour, ma période de solitude n'aura été que de courte durée.
Je suivis alors le vendeur qui portait la jeune fille dans ses bras et, une fois que nous fûmes au niveau du bureau, il me tendit la jeune hybride que je pris dans mes bras, sa peau était froide, telle la glace en hiver, mais peu m'importait... J'étais fait pour ce moment, j'existais pour la libérée et, aussi étrange que cela puisse paraître, une étrange chaleur se logea au fond de mon être et je me sentis bien en sentant cette froide, mais douce, peau dans mes bras. Je fus tout de même dans l'obligation de lâcher la demoiselle, la posant délicatement sur ses deux pieds, afin de signer les papiers et de donner la somme au vendeur. Je n'avais pratiquement plus d'argent mais qu'importe, j'en gagnerai bien assez vite et puis, cet achat m'était nécessaire. Je me tourna alors vers la jeune demoiselle.
"Nous avons une longue route; peux-tu marcher ou préfères-tu que je te porte? Si tu es fatiguée ou fébrile n'hésite pas à choisir la seconde proposition, je ne veux surtout pas que tu te surmènes."